Vole comme le vent.
Un peu oublié depuis sa sortie en 2002, Spirit est un des derniers films d'animation traditionnelle produit par DreamWorks Animation, avant que le studio ne privilégie une approche totalement...
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le 11 sept. 2015
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Attention : La critique qui suit ne sied pas à la lecture des jeunes enfants , qui risquent d'être traumatisés par le contenu de ce texte. Aussi, cette critique de Spirit L'étalon des plaines a été classée Pegi 18. Merci de votre compréhension
Sous ses airs de films pour enfants, Spirit l'étalon des plaines est en fait une œuvre hippie prônant la liberté. « Mais quelle liberté ? » me demanderez-vous. Eh bien la liberté sexuelle. Ayant découvert le film à l'époque en salle de cinéma, j'ai d'abord été plutôt émerveillé devant tant de beauté et des scènes aussi fortes que ce qui nous est proposé. Cependant, ce nouveau visionnage, près de quinze ans plus tard ne se fait pas sans la surprise de découvrir un véritable sous-texte sexuel, et même plus globalement hippie, et riche qui plus est !
L'histoire est celle d'un fougueux étalon libre comme l'air, qui, un jour funeste va se voir capturer par une bande d'esclavagistes, tous bien décidés à lui monter dessus. S'en suivront des péripéties avec un jeune indien hippie, et une « amitié » formidable va alors se créer entre eux. Tout d'abord, le film traite les chevaux comme s'il traitait des humains, je ne vais donc pas me priver pour faire de même. Et non, ça n'a rien à voir avec le roi lion par exemple, puisque dans ce dernier, les humains sont complètement absents.
Cette fable retrace donc la façon tragique, dont un jeune homme (campé par Matt Damon) s'est fait capturer et abuser sexuellement par tout un régiment. La suite est un appel à la compréhension des difficultés, et rappelle de la plus belle manière que la première fois, c'est toujours quelque chose, qu'il ne faut pas hésiter à se remettre en selle. Le film montre aussi de façon touchante que si l'acte peut être effrayant, et stressant, les choses deviennent tout autre une fois le bon partenaire trouvé, il ne faut juste pas brusquer les choses, et ne surtout pas se décourager face à la pression sociale. En effet les gens sont toujours prêts à rire des échecs d'un couple, il ne faut pas hésiter à les envoyer paître.
Car si ces gens se rient des premières tentatives, maladroites et peu concluantes du couple, au final après tous ces échecs le plaisir ressenti lorsque enfin le succès se présente n'en est que grandi, comme nous le montre cette magnifique poursuite finale, qui rappelle immédiatement un certain fiacre déambulant à vive allure dans les rues de Rouen dans le roman Madame Bovary de l'illustre Gustave Flaubert, métaphore évidente d'un rapport sexuel intense, et de qualité inexplicable par des mots.
Il y a aussi tout un sous texte sur l'homosexualité, puisque les deux compagnons sont du même sexe, le film est donc une ode à l'acceptation, puisque personne ne semble trouver leur relation choquante ou contre nature. Plusieurs plans aussi laissent témoigner de cette homosexualité latente du personnage principal. Je pense à ce plan en début de film où le jeune héros regarde vers la caméra avec du blanc qui lui sort de la bouche, ou bien de cette courte scène où il se promène gay/gaiement avec un énorme stalactite dans la bouche, qu'il lui est impossible de lâcher.
Enfin, plusieurs scènes montrent aussi l'importance de l'unité naturiste et hippie, capable de faire s'effondrer sur lui même le monde capitaliste des humains américains. Je pense en particulier à une séquence avec un train, séquence dans laquelle plusieurs semblables à notre héros, vont briser leurs chaînes et retourner à la nature, laissant le chantier du chemin de fer (symbole de la soif de pouvoir consumériste de l'américain maléfique) détruit dans leur sillage. On repense alors à ce cher Coluche qui disait « Quand on pense qu'il suffirait que les gens ne l'achètent pas pour que ça se vende pas ! » Voici la démonstration visuelle de cette devise communiste connue, les gens cessent de tirer la machine capitaliste vers le haut, et la laissent s'écraser sur elle même.
Pour finir, la fin du film (légers spoilers, car l'issue paraît évidente passé 15 minutes de film) témoigne tout en justesse la nécessité de dire adieu à ces fous amours de jeunesse, pour rentrer de plein pied dans la vie d'adulte avec une compagne peut-être moins exotique sexuellement parlant, mais plus stable pour la suite de la vie, et nécessaire pour construire une famille, et prolonger la lignée. Ce faisant, l'étalon renonce ainsi à son homosexualité, le monde n'est pas encore prêt à les accepter comme ils sont, mais ça viendra. Et aucun n'oubliera ce qu'ils ont vécus ensemble, personne ne pourra leur enlever.
Un très beau film qui m'aura juste lourdé pour ses chansons insupportables à mon goût, mais en reste un bon divertissement, malgré un propos un peu trop adulte pour de jeunes enfants, qui semblent pourtant être la cible du film. Un film sur l'acceptation de soi, de l'autre, des autres, et de sa sexualité.
PS : Merci à Fuego de m'avoir permis de me replonger dans ce bon film que je n'avais plus réellement revu depuis sa sortie.
Créée
le 5 oct. 2016
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