Spriggan
6.5
Spriggan

Long-métrage d'animation de Hirotsugu Kawasaki (1998)

Spriggan n'est pas un mauvais film en soi. Dire que je ne l'ai pas aimé en se basant sur la note a priori peu élevée de 5 ne serait pas tout à fait exact. A vrai dire et pour être plus précis, bien que possédant quelques qualités indiscutables, le film m'a déçu. Au passage je voudrais apporter un petit éclaircissement: le nom de Otomo est souvent associé à tord au long métrage de Spriggan; en réalité il n'a ni écrit, ni co-réalisé le film; il l'a simplement supervisé.

Techniquement illégal (je vais y revenir) mais bénéficiant tout de même d'une réalisation efficace et bien rythmée, le point le plus décevant concerne le scénario. Pour rappel les Spriggan sont des agents d'élite du corps armé de l'ARCAM Corporation. Celle ci a pour mission de garder, protéger voire détruire d'anciens artefacts hérités d'une mystérieuse civilisation à la technologie ultra avancée, qui aurait causée sa perte. Afin de prévenir les générations futures des dangers liés à un mauvais usage de cette technologie, ces ancêtres mystérieux ont disséminé plusieurs plaque faites de métal indestructible rapportant des messages écrits en Hébreux. Pas besoin de chercher très loin pour voir les intentions de la trame de fond et le lien avec les textes religieux soulevant des pistes comme: et si Dieu n'existait pas? Et si nous étions le fruit d'une technologie avancée, extra terrestre ou non? Et si les Atlantes avaient existés? etc.

Justement, la trame du film s'attaque à l'Arche de Noé et tente de poser des questionnements sur l'existence d'un Dieu tel qu'il est décrit dans l'ancien testament, ainsi que sur l'origine de la création, des espèces, sur leur évolution et leurs cycles naturels, et même une allusion (furtive) à d'autres dimensions. Le tout dans un clin d'œil (récurrent dans l'animation japonaise) au thème de l'environnement, rongé par l'homme et son développement. Ce clin d'œil constitue d'ailleurs le leitmotiv des agissements du « méchant » de l'histoire. Une quête du savoir et du pouvoir au milieu de laquelle se greffe divers flashback sur le background du héros (Ominae Yu), qui viennent rajouter de l'info à digérer pour le spectateur non initié au manga d'origine.

Un peu foutraque tout ça donc, puisque balancé comme des idées sans développement, ce qui est dommage vu la richesse du potentiel offert par ces thèmes. Mais 1 heure 30 c'est court, et c'est sans doute ce dont souffre le plus le film. Les personnages et leur profondeur (ou potentiel), ainsi que les pistes scénaristiques pourtant prometteuses sont sacrifiés au cahier des charges. Le tout est de qualité suffisante pour ne pas perdre l'intérêt du spectateur, mais laisse tout de même un arrière goût amer qui laisse ce dernier un peu sur sa fin (vite expédiée d'ailleurs).

Du côté plastique, la demie teinte est aussi de mise comme je l'ai dit plus haut. Si la réalisation s'avère de très bonne facture, du côté de l'animation, du character design et des décors on verse dans le très moyen. Inégale, l'animation bien que très fluide et réaliste lors des scènes d'action, se retrouve très vite au niveau du 2 frames par seconde le reste du temps. J'ai vu des séries animées ou des OAV pourtant esclaves de contraintes infernales en matière de temps de production et d'argent bien plus soignées sur le plan du dessin pur que le film qui nous intéresse ici. Autre point négatif : les décors. L'histoire nous emmène entre autre dans les hauts sommets enneigés de la Turquie, une scène nous montre même le voyage du héros dans une succession de plan larges ou panoramiques dignes de super productions, mais avec un tel manque de finesse, de détails et de palette chromatique que tout ça équivaut à photographier l'Himalaya avec un Nokia à 1.2 Megapixels de résolution. Dommage donc.

Au final Spriggan est un film dont la production n'arrive pas à la cheville de ses ambitions. Le résultat n'est pas mauvais, très loin de là je le redis ; mais laisse un goût d'inachevé.

real_folk_blues
5
Écrit par

Créée

le 14 févr. 2012

Critique lue 1.3K fois

5 j'aime

7 commentaires

real_folk_blues

Écrit par

Critique lue 1.3K fois

5
7

D'autres avis sur Spriggan

Spriggan
Aetios
7

MERCI PIPBOY !!!!

Comment ne pas remercier Pipboy ! ZE référence en matière de Manga et d'anime ! LE seul capable de retrouver le nom d'un film avec 2 vagues lignes de scénario ! Spriggan est un anime de 1999...

le 3 juin 2011

1 j'aime

4

Spriggan
Tibulle85
4

Somnifère d'une nuit d'hiver

Saviez-vous qu'un spriggan était une créature folklorique anglaise proche du troll scandinave? C'est bien le seul point intéressant que je puisse relier à ce long-métrage animé d'action, réalisé au...

le 10 mars 2020

Spriggan
snakesolid203
5

Critique de Spriggan par snakesolid203

Une animation qui a tendance a se rendre fade n'arrive pas à cacher un scénario farfelu, abracadabrant et bien loin d'être passionnant. Il reste 2, 3 scènes d'action, certes honnêtement réalisées,...

le 30 avr. 2014

1

Du même critique

Gravity
real_folk_blues
5

2013 L'odysée de l'espèce di counasse...

Évidemment, un pauvre connard cynique comme moi ne pouvait pas ne pas trouver son mot à redire. Évidemment, si je devais me faire une idée de la qualité du truc au buzz qu’il suscite, deux options...

le 28 oct. 2013

285 j'aime

121

Divergente
real_folk_blues
1

Dix verges hantent ces lignes...

Ça fait un moment que j’ai pas ouvert ma gueule par ici. J’aurais pu faire un come back de poète en disant de bien belles choses sur Moonrise Kingdom, vu récemment ; mais non. Fallait que ça...

le 15 avr. 2014

272 j'aime

92

Upside Down
real_folk_blues
2

De quoi se retourner dans sa tombe...

J’ai trouvé une formule tirée de ce film à la rigueur scientifique inégalable : Bouillie numérique + histoire d’amour = Twilight. Je soustrait les poils de Taylor Lautner et je rajoute des abeilles...

le 30 avr. 2013

243 j'aime

39