Spriggan n'est pas un mauvais film en soi. Dire que je ne l'ai pas aimé en se basant sur la note a priori peu élevée de 5 ne serait pas tout à fait exact. A vrai dire et pour être plus précis, bien que possédant quelques qualités indiscutables, le film m'a déçu. Au passage je voudrais apporter un petit éclaircissement: le nom de Otomo est souvent associé à tord au long métrage de Spriggan; en réalité il n'a ni écrit, ni co-réalisé le film; il l'a simplement supervisé.
Techniquement illégal (je vais y revenir) mais bénéficiant tout de même d'une réalisation efficace et bien rythmée, le point le plus décevant concerne le scénario. Pour rappel les Spriggan sont des agents d'élite du corps armé de l'ARCAM Corporation. Celle ci a pour mission de garder, protéger voire détruire d'anciens artefacts hérités d'une mystérieuse civilisation à la technologie ultra avancée, qui aurait causée sa perte. Afin de prévenir les générations futures des dangers liés à un mauvais usage de cette technologie, ces ancêtres mystérieux ont disséminé plusieurs plaque faites de métal indestructible rapportant des messages écrits en Hébreux. Pas besoin de chercher très loin pour voir les intentions de la trame de fond et le lien avec les textes religieux soulevant des pistes comme: et si Dieu n'existait pas? Et si nous étions le fruit d'une technologie avancée, extra terrestre ou non? Et si les Atlantes avaient existés? etc.
Justement, la trame du film s'attaque à l'Arche de Noé et tente de poser des questionnements sur l'existence d'un Dieu tel qu'il est décrit dans l'ancien testament, ainsi que sur l'origine de la création, des espèces, sur leur évolution et leurs cycles naturels, et même une allusion (furtive) à d'autres dimensions. Le tout dans un clin d'œil (récurrent dans l'animation japonaise) au thème de l'environnement, rongé par l'homme et son développement. Ce clin d'œil constitue d'ailleurs le leitmotiv des agissements du « méchant » de l'histoire. Une quête du savoir et du pouvoir au milieu de laquelle se greffe divers flashback sur le background du héros (Ominae Yu), qui viennent rajouter de l'info à digérer pour le spectateur non initié au manga d'origine.
Un peu foutraque tout ça donc, puisque balancé comme des idées sans développement, ce qui est dommage vu la richesse du potentiel offert par ces thèmes. Mais 1 heure 30 c'est court, et c'est sans doute ce dont souffre le plus le film. Les personnages et leur profondeur (ou potentiel), ainsi que les pistes scénaristiques pourtant prometteuses sont sacrifiés au cahier des charges. Le tout est de qualité suffisante pour ne pas perdre l'intérêt du spectateur, mais laisse tout de même un arrière goût amer qui laisse ce dernier un peu sur sa fin (vite expédiée d'ailleurs).
Du côté plastique, la demie teinte est aussi de mise comme je l'ai dit plus haut. Si la réalisation s'avère de très bonne facture, du côté de l'animation, du character design et des décors on verse dans le très moyen. Inégale, l'animation bien que très fluide et réaliste lors des scènes d'action, se retrouve très vite au niveau du 2 frames par seconde le reste du temps. J'ai vu des séries animées ou des OAV pourtant esclaves de contraintes infernales en matière de temps de production et d'argent bien plus soignées sur le plan du dessin pur que le film qui nous intéresse ici. Autre point négatif : les décors. L'histoire nous emmène entre autre dans les hauts sommets enneigés de la Turquie, une scène nous montre même le voyage du héros dans une succession de plan larges ou panoramiques dignes de super productions, mais avec un tel manque de finesse, de détails et de palette chromatique que tout ça équivaut à photographier l'Himalaya avec un Nokia à 1.2 Megapixels de résolution. Dommage donc.
Au final Spriggan est un film dont la production n'arrive pas à la cheville de ses ambitions. Le résultat n'est pas mauvais, très loin de là je le redis ; mais laisse un goût d'inachevé.