A contrario des films portant sur le sujet (l'adoption), Maylis Lartigue ne nous démontre rien. Ici pas de grandiloquence ni voyeurisme propre au sujet. Dans un contre point systématique nous sommes entraînés au coeur de l’intime, celui qui ne s’explique pas.
Dans la jungle qui entoure la maison, les singes caracolent et sautent de branche en branche et on ne peut s’empêcher de penser au paradis perdu à jamais d’une enfant ayant grandi hors de la maison de sa mère.
Dans la vie quotidienne qui s’égrenne : faire la sieste, prier, faire à manger, cueillir, planter, le corps et la voix de « l’étrangère» réintègre la maison.
De la mère biologique on ne saura pas choisir si ce qu’elle exprime, ou plutôt n’exprime pas, est le signe d’une grand dignité ou d’une distance vis à vis de cette fille grande, belle, et réussie ailleurs.
A un moment la sœur dit : tu as de la chance ! et Maylis répond : mais... et puis renonce en disant : oui j’ai de la chance.
De cette grande pudeur, nous sommes éclairés et touchés par une voie qui tente - et réussi - à aller au delà du débat - en filigrane la scène où plusieurs couples entourés de leur bébés adoptifs fait frémir. Ce qui compte est indicible. Et on ne saura rien sauf ce douloureux désir de renouer, retisser et bâtir.