Gros gland, suspend ton viol
Dans quel état d’esprit se trouve le spectateur lorsqu’il aborde l’épisode II ? Curieusement, je n’avais absolument aucun souvenir de cet opus, et pour cause.
Dans cette trilogie qui fait office de très long prologue à la véritable, L’attaque des clones est une transition ; entre l’horreur du premier et le relatif intérêt de l’épisode III où adviendra ce que tout le monde sait depuis près de 30 ans.
Difficile de faire plus bâtard.
Le cahier des charges reste sensiblement le même : ouvrez le robinet numérique, c’est l’open bar des pixels. Partout, tout le temps, je te mets des vaisseaux qui circulent, je te multiplie les chutes du Niagara par quatre. Les couleurs sont atrocement saturées, et il faut s’accrocher pour supporter ces séquences qui semblent scénarisées pour les jeux vidéo : la plateforme de construction des droïdes, la poursuite dans les astéroïdes, ou encore l’arène.
L’Episode II est surtout d’une lourdeur sans pareille. Deux arcs majeurs se mettent en place ici, avec une subtilité qui ferait passer un chanteur du Tyrol pour Mme Sarkozy : éros et thanatos chez notre jeune cakos apprenti méchant.
L’amour, c’est bien connu, ça se passe dans des gondoles, sur le lac de Côme, dans les vertes étendues de fleurs des champs sur lesquelles on se roule, devant les cheminées, avec toujours un petit robot dans le fond ou deux-trois soleils dans le ciel pour rappeler que merde, on est quand même dans Star Wars les dudes.
La haine, c’est quand on avance la mâchoire et qu’on fronce les sourcils pour passer de BG à evil. Du moins c’est que semble avoir enseigné son coach à Hayden Christensen. Pas assez patient le jeune padawan est, le côté obscur de la force doit le spectateur sentir vibrer en sa présence.
Puisque Lucas a décidé de faire dans le petit Freud numérisé sur ce chapitre, on n’oubliera pas maman, qui meurt comblée dans les bras de son fils quand son paralytique (et donc impuissant) de mari reste tranquille à la casbah à se reluquer les chromes de son fauteuil roulant, le salaud.
Tissons tout cela dans une intrigue pour le moins confuse, avec une planète où ils construisent une armée, qu’on va TRES opportunément relier à Boba Fett, histoire de contenter les fans de cette figuri… pardon, de ce personnage, et une autre où ils… construisent une armée, ah oui tiens.
Et donc, ben les armées vont s’affronter, hein.
Dans un final on ne peut plus improbable.
Là, j’ai franchement rien compris. On commence dans un remake classique de péplum, l’arène, tout ça (bon, déjà, la transition ne tient pas une seconde, mais passons), avec combat singulier, Portman qui commence à s’érotiser grâce à deux trois coups de griffes sexy et un moule-poitrine sensé raviver la trique des quadras qui l’ont demi-molle depuis le bikini de Leïa il y a 21 ans.
Et alors là, tous les jedi débarquent. Bon, festival des néons, tout ça, c’est la première fois, on est content, faut bien varier.
Et alors là, tous les droïdes débarquent.
Et alors là, tous les clones débarquent.
Et donc, GROS bordel à visée épique, sans aucune écriture, sans aucune gestion de l’espace (mais où est-on, grands dieux ?) sans aucun enjeu narratif. Tout au plus peut-on s’amuser, en faisant le deuil de toute cohérence, de la diversité des vaisseaux (d’où le 3/10).
Les méchants ont l’épaisseur d’une tranche de cheddar, et ne semblent pas comprendre eux même ce qu’ils foutent là.
Le spectateur non plus.
Bref. L’épisode II est une bande annonce du III, avec des gros chunks de jeu vidéo dedans.
On a envie de supplier Lucas d’arrêter le massacre.
Me demandez pas ce qu’en ont pensé les gamins, je vais vraiment m’énerver.
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