Note : critique proustienne inachevée. Je m'en occupe dès que mon emploi du temps me le permet.
Attention : spoilers à échelle industrielle. Désolé, je n'ai pas pu m'en empêcher. Nous discutons ici entre connaisseurs éclairés, pas en néophytes. Il est grandement préférable d'avoir vu le film avant de me lire.
Je voulais depuis longtemps attaquer de ma plume l'univers Star Wars, l'une des œuvres ayant le plus marqué mon enfance et mon adolescence, demeurant encore aujourd'hui un florilège de souvenirs plus intenses les uns que les autres. Comment ne pas commencer par écrire une critique sur l’Épisode III ?! Comment, jeune garçon des années 2000, ne pas succomber au festival de lumières, couleurs, émotions, rebondissements et actions de La Revanche des Sith ?
Le premier visionnage de ce film ne fut pas le bon. Je n'étais de ce temps ni amateur de la saga des étoiles, ni suffisamment en âge de parfaitement comprendre de ce qui se déroulait devant moi. Pourtant, je me suis promis, hypnotisé par les péripéties de personnages plus charismatiques les uns que les autres, qu'un jour, je prendrai le temps de tout comprendre de cette extraordinaire histoire.
Bien des années plus tard, il y a désormais dix ans (que le temps passe !), j'ai lancé mon marathon Star Wars. Objectif des vacances estivales : un épisode tous les soirs ! J'ai donc véritablement et volontairement découvert l'une des plus grandes (et juteuses) franchise du cinéma dans l'ordre chronologique du scénario, non selon celui de production des films. Quel choc, d'ailleurs, d'apprendre que l’Épisode IV, Un nouvel espoir, date de 1977 !
Les puristes de la première heure me reprocheront cette approche de l’œuvre, d'autres iront dans mon sens.
Quoiqu'il en soit, j'y reviendrai plus tard, je pense qu'il est plus intéressant de procéder de cette manière pour découvrir Star Wars, car c'est le seul moyen, tout en comprenant l'intrigue et en disposant des éléments pour être maintenu "à ébullition", d'être frappé de plein fouet par l'énorme révélation qui changea ainsi le destin de la galaxie.
La Revanche des Sith prend place en pleine Guerre des Clones, premier grand conflit militaire officiel, débuté au cours l'épisode précédent, L'Attaque des Clones, secouant la République millénaire depuis son avènement. La seule démocratie de la galaxie, aussi vacillante soit-elle, affronte la Confédération des Systèmes Indépendants, CSI ou Séparatistes pour les copains, étendant les combats dans tout l'espace connu. Pour mener la lutte, la République emploie massivement la Grande Armée des Clones, découverte trois ans auparavant, toujours dans l’Épisode II, par le fascinant Obi-Wan Kenobi. Ainsi, les clones du défunt chasseur de primes Jango Fett, décapité par l'acrobatique Mace Windu au premier jour de la guerre, constituent la pointe de lance de l'arme républicaine. Dirigés par les Jedi sur tous les fronts, ils croisent le fer (ou plutôt les blasters) avec l'Armée Droïde séparatiste, beaucoup moins causante, mais peu exigeante à entretenir (pas de nourriture, pas d'eau, pas de besoins naturels, pas de maladies...). Ainsi, les différents mondes choisissent de se rallier à l'un ou l'autre des deux belligérants, affichant clairement leur préférence pour l'ordre social et les libertés ou pour les opportunités financières, politiques et territoriales.
Nous retrouvons nos deux potes, Obi-Wan et Anakin, toujours (presque) inséparables dans leurs multiples missions au service de la République. Ewan McGregor est bluffant dans son apparence d'homme "mûr", mimant le quarantenaire pur et bien rangé dans les ordres alors qu'il a, en 2005, 34 ans et qu'on lui en donnerait 28. La barbe. Quand Hugh Laurie vous dit que la barbe fait tout...
Anakin, de son côté, est devenu un véritable Apollon de la Force. Hayden Christensen est tout simplement le plus bel homme du monde dans cet épisode (que je considère d'ailleurs toujours comme l'idéal masculin suprême), à mi-chemin entre le beau taciturne tourmenté et l'angélique Jésus, promis à un glorieux avenir de sauveur des hommes, folles créatures belliqueuses ne comprenant pas d'elles-mêmes qu'elles gaspillent leurs vies à d'éternelles souffrances irraisonnées. D'ailleurs, après quelques recherches sur la question, j'ai cru comprendre que George Lucas, passionné de mythologies et connaisseur confirmé de théologie, s'inspira de nombreuses figures bibliques pour ses personnages. Ainsi, ma comparaison ne saurait paraître farfelue.
On note, au passage, qu'Anakin ne présente plus la tresse caractéristique des Padawan, révélant qu'il a donc atteint le rang de Chevalier Jedi. C'est qu'il n'est plus un débutant, le mec !
Dans le début du film, Obi et Ani, dont on ne regrette absolument pas l’arrogant adolescent rebelle aux hormones explosives de l'opus précédent, partent à l'assaut de La Main Invisible, vaisseau amiral séparatiste commandé par la Général Grievous. Oui, on le voit enfin, lui ! Les séries animées concernant la Guerre des Clones développent, il faut le dire, bien davantage cet antagoniste que les films ne surent le faire.
Sur leur route, le spectateur a l'occasion de découvrir nombre de nouveautés apportées par ce troisième épisode : ARC-170, chasseur droïde moustique (c'est moi qui l'appelle comme ça, en vérité, c'est Droïde Tri-chasseur), armures clones phase 2, Vibro Droïdes... un modèle de bataille spatiale, au cours de laquelle on surprend Anakin à éprouver une compassion sincère pour les clones se faisant décimer par l'ennemi en surnombre, toujours assez enclin à désobéir aux ordres pour agir de son propre chef.
L'abordage du vaisseau, ponctué de scènes attachantes et humoristiques (profitez-en, ça ne va pas durer...), surtout grâce aux interventions de l'ami R2-D2, montre à quel point l’Élu de la Force a gagné en expérience et en puissance. Très soudé à son maître, Ani explose tout, des simples droïdes de combat au Comte Dooku, nom de Sith Dark Tyranus, contre lequel il s'était magistralement rétamé dans L'Attaque des Clones, en perdant jusqu'à un bras. Le pauvre Obi-Wan, en dépit de sa bouteille et de son talent, aurait bien été tué s'il avait affronté Dooku seul. Il se fait battre rapidement, laissant à son ancien élève le monopole du combat.
Rapide, puissant, agile, extrêmement offensif (trop, il est vrai, pour un Jedi...), mais peut-être pas encore très précis, l’Élu en vient à maîtriser le seigneur Sith adverse, lui rend la monnaie de sa pièce en l'amputant de ses deux mains, et le met à genoux. Le chancelier Palpatine, qui est la raison de l'infiltration des deux Jedi, assiste à la scène, prisonnier (on le comprendra plus tard, de son plein gré...) de son sombre fauteuil.
Alors qu'il connait parfaitement le Code Jedi et que son adversaire n'est plus une menace, Anakin, grandement incité par le chancelier, choisit de décapiter (décidément !) Dooku, éliminant une bonne fois pour toutes l'un des Sith les plus dangereux de son époque. Salut à votre mémoire, Christopher Lee, dans la fiction comme dans la réalité.
Conscient qu'il viole parfois, depuis l'épisode II, les règles Jedi les plus élémentaires, Anakin se récrimine de ses propres agissements, troublé entre la sensation d'avoir soulagé la galaxie d'un danger de moins et le fait d'avoir exécuté un être dans l'incapacité de se défendre. Le chancelier, libéré, qui jouit de toute la confiance d'Anakin, étant pour le jeune Jedi un mentor officieux et un confident, ne manque pas de lui rappeler qu'il ne s'agit pas de sa première transgression aux drastiques principes des adeptes du Côté Lumineux. Anakin aurait mieux fait de tenir sa langue et de ne pas confier à Palpatine ses "petites" colères passées, notamment celle que le poussa, encore et toujours dans l'épisode précédent, à massacrer un campement Tusken sur Tatooine, suite à la mort de sa chère mère, consécutive à un lent dépérissement, détenue de force par ces hommes des sables.
Mine de rien, mais sûrement, le jeune homme semble plus proche que jamais du Côté Obscur...
La Main Invisible subissant d'importants dommages, Anakin, portant sur ses épaules son ami Obi-Wan, encore inconscient (quelle scène, quand on connait la suite...), que le chancelier aurait volontiers abandonné à son sort, traverse le vaisseau tant bien que mal, manquant de se faire écraser par un ascenseur fou un peu trop attiré par sa gueule d'ange. Le second Jedi revient à lui pendant l'escapade.
Le petit groupe de républicains, se croyant isolé, se fait cependant piéger comme des bleus par un rayon tracteur, dans un couloir en apparence inoffensif.
Obi-Wan : Non mais c'est pas possible, on est quand même plus malins que ça ?
Anakin : Il faut croire que non.
R2, qui devait jouer le rôle du serviable petit hacker bon à tout faire, se fait à son tour prendre, cerné par une dizaine de stupides droïdes de combat.
La rencontre avec Grievous s'en suit. Bien sûr, les Jedi ont plus d'un tour dans leur sac, et un scénario américain qui se respecte ne peut faire perdre les gentils aussi facilement. Anakin et Obi récupèrent leurs sabres laser, que le général mécanique souhaitait conserver pour sa collection personnelle, puis mettent à sac la salle de commande du vaisseau amiral. Grievous, sentant la situation lui échapper, prend, ô surprise, la fuite. Leurs ennemis sont neutralisés, mais les deux Jedi et le chancelier sont contraints de composer comme ils peuvent avec le vaisseau gravement endommagé, qui pique inexorablement vers la surface de Coruscant. Après avoir mobilisé plusieurs petits appareils anti-incendie, exterminé une pauvre tour de contrôle qui ne demandait pourtant rien à personne et ravagé la piste d’atterrissage comme le font ces merveilleux SUV sur nos routes réelles, ils parviennent à survivre, achevant une journée pour le moins longue et mouvementée.
Revenu en des lieux moins hostiles, Anakin est félicité comme véritable héros de la République, avec le soutien du chancelier, qui est reconduit dans ses appartements. Une présence furtive attire cependant l'attention du jeune Jedi, mettant promptement fin à sa conversation avec le sénateur Bail Organa, dont le spectateur ne se doute pas du rôle que le noble politicien jouera dans un futur très proche.
Les deux amants, enfin, mariés, se retrouvent à l'abri des regards indiscrets. Puisque l'union affectif est formellement prohibé chez l'Ordre Jedi, mieux vaut ne pas se montrer en public. Après tout, Anakin n'est en pas à sa première entrave au Code Jedi...
J'ai une merveilleuse nouvelle à t'apprendre...
Rassurée de revoir Ani entier et sain (quoique...), la belle sénatrice se décide à lui annoncer une nouvelle capitale : elle est enceinte de lui. La joie et l'espoir cèdent rapidement la place à l'appréhension et la peur. Comment élever un enfant dans des conditions de clandestinité dignes de malfaiteurs en cavale ? Comment ne pas tout perdre si leur mariage venait à être révélé ?
Ici se montre l'une des incohérences les plus significatives de l'univers Star Wars. A l'ère de vaisseaux spatiaux, d'armes tirant des rayons laser, de la prolifération de droïdes plus perfectionnés les uns que les autres, un couple ne découvre qu'ils attendent leur enfant qu'après plusieurs mois d'une gestation déjà bien lancée (le ventre de Padmé suggère qu'elle n'en est plus à son premier mois).
Les angoisses de Padmé sont logiques et légitimes, mais Anakin se refuse à considérer les choses sous cet aspect. Il balaie prestement les problématiques posées par l'enfant à naître, déclare en avoir assez de se cacher, qu'ils ne devraient pas avoir à subir pareille contrainte. Si seulement il n'était pas Jedi...
Padmé, sceptique, ne sait quoi ajouter à la réaction de son homme, toujours en proie au doute.
La seconde partie du film se concentre sur l'évolution d'Anakin, au profit de l'effroyable individu qui sommeille depuis toujours en lui. La vision du cauchemar d'Ani est l'élément qui scelle l'avenir de la galaxie. C'est précisément à cause de la psychose qu'elle va déclencher en lui qu'il sera amené à faire les choix qu'il prendra, à emprunter un chemin dont il ne sortira pas de sitôt et dans lequel il se perdra pendant une vingtaine d'années.
Alors qu'il dort aux côtés de sa femme, l’Élu décèle l'avenir dans ses songes, une faculté propre aux êtres les plus sensibles à la Force. Il y voit Padmé souffrir atrocement pendant son accouchement, y perdant finalement la vie. Réveillé en catastrophe par cette insoutenable prédiction, il ne tarde pas à être rejoint par sa douce.
Anakin craint plus que tout que l'échec de n'avoir pu sauver sa mère, dont il se sent amèrement coupable, faute de ne pas avoir été suffisamment fort, ne se reproduise avec sa bien aimée. La dissemblance avec l'annonce de la grossesse de Padmé est évidente, irréfragable : les rôles du pessimiste et de l'optimiste s'inversent. Anakin s'enferme dans sa hantise, en perdant jusqu'à ses convictions, pendant que Padmé fait son possible pour le rassurer, lui soutenant que ces rêves n'en sont pas davantage.
Ils ne le savent pas encore, tout comme le spectateur, mais, à partir de cette scène, la porte est ouverte au pire.
Ils ne réalisent pas l'étendue de ton talent.
Pendant ce temps, Palpatine, qui collectionne curieusement les pouvoirs, se rapproche encore du jeune Jedi. Le flattant autant que faire se peut, surtout suite à la mort de Dooku, il s'oppose clairement à la méfiance que le Conseil Jedi entretien à l'égard d'Anakin. En effet, sentant que sa proximité avec le chef de la République n'est ni des plus objective, ni dans l'intérêt de l'Ordre et de la République, les grands maîtres sont réservés quant à la progression du jeune prodige. En tête des détracteurs d'Anakin se positionne Mace Windu, qui ne se prive pas de confier à Obi-Wan et Yoda qu'il n'accorde aucunement sa confiance à L’Élu, trop insaisissable.
Palpatine, de plus en plus énigmatique et ambivalent, sème la confusion dans l'esprit déjà déstabilisé d'Anakin. Le personnage se voit confier par le principal intéressé le statut de représentant du chancelier auprès de l'Ordre Jedi, ce qui n'est pas du goût de tout le monde. Le jeune homme en vient à placer l'essentiel de sa confiance en celui qui lui raconte ce qu'il préfère entendre, plutôt qu'en ceux qui lui signalent la vérité.
Cela fera davantage d'action, au lieu de paroles inutiles. Je ne vois pas ce qu'il y a de mal à ça.
Nous retrouvons le Temple Jedi, inchangé depuis les deux opus précédents, dans lequel le Conseil gère la guerre. Anakin fait le mauvais élève en ratant une réunion concernant la planification des prochaines opérations dans la bordure extérieure. Pire encore, lorsqu'Obi lui fait part de son inquiétude quant aux multiples avantages, toujours grandissants, du chancelier, Ani rétorque catégoriquement que la galaxie ne s'en portera que mieux, pour une fois qu'un politicien passe des discours à la pratique.
Comprenant l'ampleur de l'influence du bureaucrate sur son ancien apprenti, Obi-Wan, en évitant de froisser Anakin, tente vainement de lui rappeler pour quelle institution ce dernier travaille réellement. Lui suggérant de remettre sur table ce qu'il considère comme acquis et absolu, le maître Jedi insiste pour que son ami et coéquipier fasse preuve d'une plus soutenue prudence, qu'il modère ses rapports avec la tête du Sénat. Un trouble à peine dissimulé s'installe dès lors entre les deux compères.
La proposition de Palpatine s'avère, bien évidemment, mal accueillie. Au Conseil, Anakin expose scrupuleusement les intentions du politicien : que son chevalier Jedi favori commande l'opération d'assaut sur Utapau, Grievous s'y terrant très probablement. Les grands maîtres considèrent qu'il revient à l'un d'eux d'assurer une telle mission, faisant comprendre au jeune homme, non sans le blesser, qu'il n'en est pas encore à ce niveau.
Le blasphème suprême prend la forme d'un compromis très mal accepté par Anakin. Le Conseil l'autorise à siéger parmi les maîtres, tout en refusant de le promouvoir à ce rang. La désunion d'Ani avec ses pairs s'exprime par un sulfureux réquisitoire à l'encontre de ses aînés. La perte de sang-froid du jeune homme ne fait qu'entériner la réserve qu'alimentent les membres du Conseil, ridiculisant les efforts de son maître pour défendre son ardoise face à cet aréopage hostile.
Il est décidé qu'Obi-Wan dirigera les opérations sur Utapau, alors qu'Anakin était pressenti par le Chancelier pour diriger cette mission. Dans le même temps, les Séparatistes attaquent également Kashyyyk, où Yoda, fort d'une excellente entente avec les indigènes locaux, nos si chers Wookies (Grrrrrrrwwwwwwwwaaaaaoooooo !), est désigné pour coordonner la défense de la planète. Ani, lui, est bien contraint de prendre quelques vacances... et c'était précisément ce que Palpatine souhaitait.
Connais-tu l'histoire de Dark Plagueis, le sage ?
En parlant de lui, Anakin le retrouve à une sorte de ballet version 2150, en plein cœur de Coruscant. Pour les plus attentifs, il est possible de voir George Lucas en personne (oui oui !), incarnant un chic Chiss, devant l'entrée du balcon réservé à Palpatine. Le chancelier, qui n'hésite pas à privatiser pour son jeune protégé le siège accolé au sien, lui tient de perturbants propos. D'une part, il explique que la réaction des Jedi ne le surprend pas le moins du monde, tant ils sont sûrs d'eux et se fourvoient au sujet du jeune homme. La quiétude du spectacle ne parvient pas à compenser la tension exacerbée.
D'autre part, le chancelier se laisse aller à une mirifique anecdote. Ainsi, il porte à la connaissance d'Anakin le nom de Dark Plagueis. Le Jedi est partagé entre curiosité et stupeur, se demandant comment un politicien de la République peut avoir vent de légendes concernant les Sith.
Contant l'essentiel de ce qu'il y a à savoir sur le Seigneur Noir, Palpatine met délibérément le doigt sur un sujet sensible aux yeux de son poulain de la Force : le fameux Plagueis, dont personne n'est au courant, en-dehors du dirigeant républicain, qu'il put un jour exister, serait parvenu, après nombre d'occultes expériences, à manipuler la Force à sa guise. Les Midi-Chloriens, ces microscopiques organismes vivants, proches des bactéries, qui permettent les interactions dans la Force, se seraient pliés à la volonté du maître Sith, lui ouvrant l'accès à d'inédites possibilités... en particulier, celle de contrer la mort. Cela ne l'empêcha pas pour autant de se faire trahir par son apprenti, en qui il eu l'immense tort de placer une confiance outrancière, et qui le tua de la plus couarde des méthodes, alors qu'il décuvait, les vrais le savent pertinemment, d'une soirée au cours de laquelle le plan des Sith pour reconquérir la galaxie atteignit une étape décisive...
L’Élu, après avoir entendu de telles assertions, ne peut réprimer son désir de prendre possession d'un tel pouvoir.
Je veux plus, mais je sais que j'ai tort.
Padmé ne peut que constater plus encore les tourments qui gagnent son homme. Celui-ci exprime son incompréhension de ce que l'Ordre Jedi devient, ces derniers se méfiant du Chancelier et souhaitant impérieusement conserver leur indépendance. L’Élu ne cache pas non plus qu'il ne trouve pas satisfaction dans le Côté Lumineux, soi-disant facette la plus pure et la plus noble de la Force, qui ne lui permet toutefois pas d'accomplir ses desseins les plus profonds. Padmé tente une fois de plus de le rassurer, lui déclarant qu'il est trop exigeant avec lui-même, qu'il met la barre trop haut. Après tout, à l'âge qu'il a, il en a déjà fait beaucoup, son palmarès est incomparable dans l'histoire de l'Ordre Jedi. Cependant, elle ne voit pas, ou refuse de voir, qu'Anakin est insatisfait du Côté Lumineux non pas parce qu'il cherche à être le Jedi le plus noble possible, mais plutôt car il alimente, depuis l'Episode II déjà, une soif de pouvoir, de gloire et de puissance incompatible avec les préceptes Jedi. Les non-dits et sous-entendus implicites se multiplient (ce qui nous renvoie, d'ailleurs, à nos propres vies. C'est vrai, qui n'a jamais rencontré de problèmes de communication dans son couple ?), chacun se doute de ce qui se trame dans les pensées du jeune chevalier, mais personne n'ose crever l'abcès. Ce n'est sans doute que passager, les visions d'Anakin finiront bien par s'arrêter. En effet, elles s'arrêteront, mais pas de la manière à laquelle on peut s'y attendre...
Exerces ta volonté à renoncer à tout ce que tu redoutes de perdre un jour.
Anakin est plus troublé et confus que jamais. Même son entretien avec le plus sage des Jedi, Maître Yoda, ne suffit pas à le mettre sur la voie d'une solution. Yoda considère que demeurer fidèle aux règles Jedi, qui préconisent le détachement, l'impartialité et prohibent l'attachement, est le meilleur comportement à adopter. Il exprime clairement que le Côté Obscur guette ceux qui se détournent de la "sécurité" du Code Jedi. Anakin n'ose pas lui avouer toute la vérité, les conséquences seraient désastreuses et immédiates : le bannissement de l'Ordre. Une excommunication bien mal venue pour un héros de la République, dont la réputation en est même arrivée aux oreilles de l'ennemi, et plus encore pour l'Elu de la Force, celui se devant d'être irréprochable pour accomplir son Grand Oeuvre. Le jeune homme aurait-il donc emprunté un chemin qu'il n'aurait jamais dû suivre ? Ou les Jedi se tromperaient-ils depuis le début ? La suite du film nous fait comprendre.
Tu ne t'es jamais dit que nous étions peut-être dans le mauvais camp ?
Pour en rajouter encore, Padmé, au cours d'une discussion initialement calme et ouverte avec son époux, fait comprendre à Anakin qu'elle remet en question, elle aussi, la République et le Chancelier. Etant sénatrice, elle ne manque rien de l'évolution politique et militaire, se rendant compte, comme les Jedi, que le Chancelier ne cesse de devenir plus puissant, que rien n'est fait pour tenter de calmer le conflit, que la situation, stagnante, semble arranger certains bien placés. Hérésie suprême, elle suggère que la démocratie pour laquelle ils se battent tous les deux a peut-être bien cessé d'exister, ayant déjà cédé la place à une dictature autoritaire qui les aveugle. Anakin démontre une fois de plus, malgré lui, son manque d'esprit critique : il s'accroche fanatiquement à l'institution et à son chef, incapable d'envisager la galaxie autrement, réfutant toute opposition, même constructive, à l'ordre établi. Il semblerait que la guerre ne soit pas tant un mal, si elle est menée pour les "bonnes" raisons.
Au revoir, ami. Que la Force soit avec toi.
Cette réplique est des plus poignantes. Elle intervient au moment où Obi-Wan embarque pour son départ vers Utapau, Anakin l'accompagnant à la baie de décollage. Avant de lui dire au revoir, le jeune Jedi s'excuse auprès de son (vrai) mentor, faisant preuve d'une surprenante sagesse en reconnaissant avoir tenu un comportement outrageusement déplacés devant le Conseil, ne respectant ni l'Ordre, ni son statut de Jedi, ni son maître. Obi ne semble pas lui en tenir rigueur, le pardonnant presque, amicalement miséricordieux envers son protégé et ami, qu'il considère, pour le remettre en confiance, comme étant un Jedi supérieur à lui-même. Si Kenobi a vaincu Dark Maul, sauvé in extremis par une regrettable négligence de son adversaire, il aurait bien laissé des plumes face au Comte Dooku, que Skywalker a finalement battu, sans devoir son salut à la chance, lui.
C'est donc en bons termes que les deux amis se quittent, bien que les tourments d'Anakin soient très loin d'être apaisés. Leurs retrouvailles s'annoncent chaleureuses...
Depuis que je te connais, depuis toujours, tu rêves d'une vie plus exaltante que celle d'un Jedi ordinaire. Une vie qui ait un vrai sens, une vraie conscience.
Obi-Wan parvient sans encombre sur Utapau, ayant au préalable briefé son commandant clone préféré, Cody, et les hommes de celui-ci. Il y est accueillit par les natifs Pau'ans, dont un représentant lui demande la raison de sa venue, pendant que quelques Utais se chargent de ravitailler le petit chasseur du Jedi en carburant. Discrètement, d'une subtile allusion, l'étranger et l'autochtone se font comprendre qu'ils sont dans le même camp. Obi-Wan comprend ainsi que les Séparatistes sont bel et bien réfugiés sur la planète, Grievous en tête. Il renvoit son chasseur, uniquement habité par R4, au vaisseau amiral de la République. Le petit droïde astro-mécano se chargera de prévenir Cody que l'offensive peut débuter.
Pendant ce temps, sur la planète capitale, les choses vont bon train. Le Conseil Jedi est informé que les forces de la CSI ont été localisées, et qu'Obi-Wan s'apprête à engager le combat. De même, Yoda, de son côté, se prépare à défendre Kashyyyk. Mace Windu suggère qu'Anakin informe Palpatine de cette nouvelle, de manière à interpréter la réaction de ce dernier. L'Elu obéit. Après qu'il soit parti, Windu et Ki-Adi-Mundi, présent par hologramme, s'inquiètent du tournant que prennent les évènements. Le maître du controversé Vaapad pressent que l'Ordre Jedi est menacé. Le Chancelier ne renoncera pas de bonne volonté à ses pouvoirs. Pour maintenir l'ordre, les Jedi vont devoir prendre le contrôle du Sénat afin de destituer de force Palpatine. Yoda, également par hologramme, craint que les choses ne dégénèrent, scandant qu'il leur faut particulièrement se montrer prudents.
Sur Utapau, Obi s'infiltre sans difficulté dans la base Séparatiste. Sa monture réptilienne de circonstance, un Varactyl, lui permet de se déplacer rapidement. Il entre dans une immense salle où se tient une réunion improvisée entre les chefs de la CSI, Gunray en tête, et Grievous.