Star Wars - Épisode III : La Revanche des Sith par Xidius
J'avais un bon souvenir de l'Épisode III et me rappelait que ça remontait le niveau de la prélogie. En le revoyant, je me suis pris une douche froide.
Alors forcément, d'un seul coup la photo a tout de suite plus de gueule, les SFX en collent plein la tête (putain de plan séquence d'intro tout de même) et surtout, Lucas esquisse par moment ce qu'aurait du être toute la prélogie. Car le problème majeur de cette conclusion, c'est qu'elle comporte en vérité tout ce qui aurait du faire trois films. A trop retarder ce qu'il n'osait affronter, Lucas se retrouve à la moitié du film avec tous ses putains d'enjeux à la con à résoudre, avec toutes les questions posées lors de la trilogie à répondre et à devoir faire le lien avec cette dernière.
Mais comment faire en une moitié de film ce qui aurait du en prendre 3 complets?
Résultat, on se mange un enchaînement ultra rapide de scènes bâclées dans lesquelles se déroulent des évènements censés être tragiques et dont la rapidité de traitement annule toute dimension dramaturgique. Anakin se fait manipuler comme un bouffon par l'Empereur très très méchant en un quart d'heure dans des dialogues écrits par un gamin de 8 ans, avant que le vieux ne devienne encore plus vieux avec un maquillage dégueulasse (paie tes lentilles jaune sauce Twilight !) qui provoque plus le rire qu'autre chose, les Jedis se font latter la tronche en 5 minutes, Dark Vador provoque un fou rire lors d'un réveil absolument ridicule de par une mise en scène indigne et over the CGI qui balance par dessus bord toute sobriété, en plus de la gestuelle de mongolien et du "NNNNOOOOOOOOOOOOOOOOOO" foireux du bonhomme et Padmé meurt vite fait bien fait, le temps d'indiquer les noms des deux gosses qui sont envoyés illico presto là où il faut pour bien démarrer la suite.
Concernant les deux séquences sur lesquelles Lucas se concentre à la fin, à savoir le duel Anakin/Obi-Wan et Yoda/Empereur, on a d'un côté un festival d'effets spéciaux censé être épique parce que les sabres virevoltent aussi vite que le moulinet en l'air de Steven Seagal et qui n'a aucun souffle tant la mise en scène et le côté sur-numérique tue encore une fois tout, tandis que Yoda se fight contre un Empereur horrible et qui aime faire la grimace en riant pour montrer combien il est méchant.
C'est bâclé, les dialogues sont consternants de didactisme et de schématisme, la planète Wookies sort de nul part pour introduire Chewbacca, celle sur laquelle se trouve Grievous (plus mauvais méchant de la saga...) voit défiler les scènes inintéressantes avec Kenobi et son super destrier lézard.
Là où ça fait encore plus mal, c'est que par instant on entre aperçoit ce qu'aurait pu donner le film, comme lors du dernier échange Kenobi/Skywalker auquel le drame semble revenir quelque peu ou lors d'une scène muette avec les regards Padmé/Anakin dont la sobriété fait mouche (peut être aussi parce qu'on a pas à se taper l'un de leurs misérables dialogues).
Au final, la trilogie originelle Star Wars est un monument du 7ème art et contient bons nombres de souvenirs, de scènes cultes tant elle dégage un souffle mythologique et une puissance émotionnelle forte. Compte tenu de cela, la prélogie avait toute la matière et le background adéquat pour s'imposer parmi les plus grands blockbusters jamais faits.
Résultat, on a deux films inutiles, vains et un troisième qui essai de rattraper la catastrophe en faisant un résumé d'une heure et demi d'une histoire qui aurait du faire une trilogie. Jamais la prélogie est épique et sa construction est si bordélique qu'en rien elle ne permet une quelconque force mythologique pourtant nécessaire pour donner du souffle à un tel récit.
Une catastrophe comme on en a rarement vu dans l'histoire du cinéma, passionnante du point de vue de la psyché d'un George Lucas tellement dépassé par son succès qu'il doit en être venu à se haïr pour faire un foutoir pareil. Bon dieu ce que c'est triste.