Je termine donc naturellement mon cycle de critiques sur la prélogie en chroniquant "La Revanche des Sith". C'était LE film chargé de faire le pont entre la prélogie et l'épisode IV, LE film où Skywalker cesse d'être Anakin pour devenir le mythique Darth Vader, LE film qui explique la venue au monde de Luke et Leia, LE film où le Chancelier Palpatine se dévoile sous sa vraie nature et instaure l'Empire Galactique, LE film où l'ordre jedi disparaît, LE film qui donne des pistes quand aux prémices de la rébellion... Dois-je vraiment continuer pour que l'on comprenne ce qui cloche ?
Ce film, du fait de la médiocre écriture de son prédécesseur (Cf: ma critique de "L'Attaque des clones"), ne pouvait que se planter. La psychologie d'Anakin n'avait pas changé d'un pouce dans le précédent opus et seules les phases d'enquête, la découverte de l'armée de clones et des manipulations politiques faisaient avancer l'intrigue globale. Ce film était déjà condamné: Impossible de traiter tout ça en 2h20.
Et malgré ce postulat de base, qui implique des scènes d'un ridicule astronomique, une écriture des personnages catastrophique...eh ben George Lucas s'en tire avec les honneurs.
Déjà, il y a cette introduction qui me donne toujours des frissons plus de 10 ans après mon premier visionnage en salles. Un vaisseau de la république dans l'espace de Coruscant, un rythme martial en fond, et après quelques secondes, les chasseurs jedi d'Obi-Wan et Anakin volant ensemble vers la bataille, soutenus par le thème mémorable de John Williams. C'est beau, putain.
L'opération "sauver le Chancelier"" est d'ailleurs assez réussie globalement. Malgré le jeu d'acteur toujours aussi pauvre de Christensen, la relation Obi-Wan Anakin est plaisante, crédible.
Le film oscille ensuite entre scènes-stupides-aux-dialogues-tellement-pourris-que-même-Ribéry-aurait-fait-mieux (Je jure que j'ai envie de me cacher pendant le dialogue Anakin/Padmé. Mais si! Celui qui se finit par "n'empêche que c'est quand même un petit peu vrai, hihi"! Vous l'avez?), et intrigues relativement plaisantes. En effet, Anakin est utilisé à la fois par le conseil Jedi et par Palpatine pour espionner les deux camps, comme si les jedi étaient trop lâches pour se mouiller directement et Palpatine trop fourbe pour leur tenir tête frontalement. Mais c'est une super idée ça! Oh, wait...pourquoi on a pas commencé à la développer dans l'Episode II, histoire que ça n'arrive pas comme un cheveu sur la soupe et qu'on comprenne l'évolution du personnage d'Anakin? Aaaaah, ça me revient. Il courait dans la prairie avec Natalie Portman, au temps pour moi!
Et vraiment, ces bonnes trouvailles scénaristiques sont à peu près toutes gâchées par le fait qu'elles n'interviennent que maintenant. La trahison, la manipulation, les tensions... tout ça c'est un travail de longue haleine, pas de quelques minutes.
Ewan McGregor cabotine juste ce qu'il faut dans son combat avec le Général Grievous (méchant malheureusement sous-exploité mais assez stylé), et c'est après que ça se gatte.
Là, c'est la panique. Mace Windu et trois autres jedi viennent arrêter Paplatine après qu'Anakin ait (enfin) compris qu'il était le Seigneur Sith, et on assiste à un enchaînement de scènes plus tristes les unes que les autres. 1) Les maîtres jedi se font embrocher comme des paysans n'ayant jamais tenu un sabre laser de leur vie, 2) Mace Windu et Palpatine se livrent à des joutes verbales d'un haut niveau ("c'est un traître!" "C'est luiiii, le traaaaître!" "Nooooon!" "Bwaaaaaaaaarrrggg!"), 3) Anakin débarque, zigouille Windu et prête allégeance à Palpatine, ce dernier lui promettant de l'aider à sauver sa femme d'une mort certaine. Il devient Darth Vader, et accepte sans sourciller d'aller tuer les petits jedi dans le temple.
Pendant ce temps, Obi-Wan est trahi par ses troupes, mais survit et... OH PUTAIN EST-CE QU'ANAKIN VIENT DE DEVENIR DARTH VADER EN 30 SECONDES?
Oui, mesdames et messieurs, cela vient de se passer devant vos yeux. Anakin Skywalker qui chérissait son maître, faisait des câlins à sa chérie, et dérouillait du vilain une heure plus tôt, vient de passer du côté obscur. Et honnêtement, je cherche pas la cohérence scénaristique absolue dans ce genre d’œuvres, mais je ne comprends pas. Lucas savait que ce basculement était la clé de voûte de toute la saga qu'il a construit avec tant d'amour. Et voilà ce qu'il nous donne, la scène la plus pathétique de tous les films confondus. Jar Jar Binks, les ewoks, la prairie... rien n'égal cette scène.
Ce qui est bien, c'est qu'après avoir atteint un tel sommet (ou fond, c'est selon), on ne peut que progresser, et la suite du film est bonne. Les scènes où les jedi sont exécutés par leurs troupes nous laissent vraiment un sentiment d'impuissance, de colère. La découverte d'Obi-Wan du massacre des jedi par son ancien élève est émouvante, de même que sa visite finale à Padmé.
Viennent alors les duels. Yoda VS Palpatine ("le duel de titans") d'un côté, Anakin VS Obi-Wan ("le duel fratricide") de l'autre.
Le premier est très impressionnant visuellement, et l'idée de le mettre en scène dans le Sénat est assez forte. Par contre, Ian McDiramid est en roue libre et cabotine outrageusement, mais ça passe. Ce duel a surtout le mérite de nous montrer que Yoda n'est pas tout puissant.
Et le second...bon sang. Il est magnifique, bourré d'émotions, de situations plus démentes les unes que les autres (et improbables, mais on s'en fout). Christensen arrive presque à être crédible, McGregor est très juste dans ses tirades. On nous a pas arnaqué sur ce point là.
Les dernières minutes posent bien les bases pour l'épisode IV, de manière cohérente. La boucle est bouclée.
Donc, pourquoi 6/10? 2 points pour les scènes d'actions bien réalisées, 2 points pour les intrigues politiques qui auraient méritées un traitement bien plus profond, 2 points pour l'émotion suscitée par la dernière partie du film.
L'épisode III reste un bon divertissement qui se vautre en beauté dans son ambition et objectif premier: relier les deux trilogies.
PS: J'avais presque oublié les transitions dignes d'un Powerpoint de collégien entre les scènes. C'est aussi ça, le "charme Lucas".