Spoilers.
Comme tout bon fan qui se respecte, j'ai attendu avec impatience l'annonce d'un nouveau Star Wars. Ensuite, j'ai attendu le tout premier teaser avec le souffle de Dark Vador, la musique mythique et des vaisseaux en ruine au milieu d'un désert inconnu. Et enfin, j'ai attendu patiemment sa sortie. Après m'être fait spoiler la mort d'Han Solo (comme tous les retardataires malchanceux), j'ai foncé sur la salle de cinéma, et j'en suis ressorti admiratif ! Je trouvais tout formidable, les méchants étaient méchants, les gentils étaient gentils, tout était à sa place! La seconde fois, je l'ai vu en streaming peu de temps après sa sortie, j'en suis ressorti dégoûté : je trouvais le film mauvais, la réalisation pitoyable, le scénario simpliste, les décors en carton-pâte, les acteurs sans aucun charisme, etc. Bref, à quelques semaines d'intervalle, mon opinion sur ce film est passée d'un extrême à l'autre. Avec le recul, ma vision de ce film est plus modérée, mais elle reste négative...
Une lueur d'espoir...
Commençons par des points qui ne fâchent pas trop... les points positifs! Le premier atout de ce septième épisode est, contre toute attente, la réalisation. Effectivement, J.J. Abrams n'est pas resté dans sa zone de confort, il a innové en tournant des plans audacieux et souvent réussis notamment dans la première partie du film, sur Jakku. On peut prendre comme exemple une des scènes les mieux filmées : la poursuite du Faucon Millénium, toujours sur Jakku, par deux TIE Fighters. Les plans rivalisent d'originalité tout en nous plongeant dans l'action et dans le suspense avec comme décors le désert et ces carcasses de vaisseaux impériaux, cette séquence est une perle. On peut aussi remarquer cela dans la première scène, encore sur Jakku, où Poe Dameron se fait remettre les plans permettant de retrouver Luke. Le cadrage transmet très bien l'anxiété liée à l'attaque imminente du Premier Ordre puis la tension des combats. La réalisation est vraiment un gros point positif du film. Le second point positif est la musique, que ce soit celle de 1977 ou celle de 2015 composée spécialement par John Williams pour le septième épisode et qui garde l'ambiance Star Wars. Le troisième et dernier point positif (que j'ai eu du mal a trouvé et qui ne vaut pas grand-chose) est la présence de la "dream team". Que serai Star Wars : Le Réveil de la force sans Harrison Ford, Carrie Fisher et Mark Hamill ? Les trois vétérans sont plus que nécessaires au fonctionnement du film. Imaginez le film sans le retour de Luke à la fin... Ce serait encore pire !
... absorbée par l'obscurité
Évidemment, je n'ai pas mis 4 pour rien. En soit Star Wars : Le Réveil de la Force est un film correct mais il a un gros défaut : c'est la copie à peine voilée de La Guerre des Étoiles (ou Star Wars, épisode IV : Un nouvel espoir) sorti en 1977. Globalement, on garde la même histoire. Au début, un groupe de rebelles se fait attaquer par les méchants (Empire/ Premier Ordre) qui veulent récupérer des plans importants mais les rebelles mettent les plans dans un petit robot mignon (R2D2/ BB8) qui s’enfuie sans être vu pendant que le/la rebelle (Princesse Leia/ Poe Dameron) se fait capturer par le grand méchant masqué (Dark Vador/ Kylo Ren). Ensuite, un(e) inconnu(e) (Luke/ Rey) sur une planète désertique (Tatooine/ Jakku) rencontre deux personnages perdus (C-3PO et R2D2/ BB8 et Finn) transportant des plans très important. Plus tard, le protagoniste et ses deux acolytes rencontrent une légende de la galaxie (Obi Wan Kenobi/ Han Solo)... On pourrait continuer longtemps comme ça avec la nouvelle étoile de la mort qui va de nouveau exploser, etc. La seule différence majeure dans la structure de l’histoire est que dans l'épisode IV, le film se termine sur une résolution qui ne sous-entend par forcément de suite alors que dans l'épisode VII, le retour de Luke annonce clairement que l'aventure ne s'arrête pas là. Cette différence est surement due au fait que George Lucas ne pensait pas que sa Guerre des Étoiles serai bien accueillie par le public alors que Disney préparait déjà le huitième épisode quand le septième sortait au cinéma. Il est difficile de ne pas remarquer les nombreuses similitudes qui existent entre les deux opus et qui donnent un air de mauvais reboot trop proche du film d'origine. Ce septième space opera n'est autre que La Guerre des Étoiles de 1977 avec des effets spéciaux modernes et une touche de Disney (qui vient simplifier le film pour le rendre accessible au jeune public au risque de créer un œuvre plus proche de Bambi que de Star Wars). On frôle le scandale... En dehors de ce fâcheux détail (ironie), il y a justement cette "petite" touche Disney. En effet, les répliques simplistes, presque caricaturales, que se lancent Rey et Finn dans certaines scènes nous rappellent que c'est bien Mickey qui est aux commandes. On peut aussi remarquer que le nouveau style des stormtroopers, très épuré, ressemble plutôt à une ambition commerciale pour remettre ces bons vieux méchants au goût du jour (et vendre le plus possible de produits dérivés) qu'à une réelle idée artistique. Toujours dans les ambitions commerciales, l'arrivée de BB8, ce petit droïde blanc et orange qui fait craquer tout le monde avec ses "bips" trop mignons, est plus utile à la franchise (en robot télécommandé qui se vend cher) qu'à la saga (en "machine à gags" qui copie R2D2). Toujours commercialement, un X-Wing redécoré en noir et orange se vend bien mieux qu'un vaisseau identique ayant gardé sa couleur blanche d'origine. Bref, l'univers esthétique de la saga est réinventé par Disney pour des raisons qui ne semblent pas être artistiques mais plutôt commerciales. Il ne fallait pas en attendre moins du monstre américain ayant le monopole du cinéma familial... Ce nouvel univers esthétique est aussi un des gros handicaps du film. En dehors de l'affiche qui est un bijou graphique, la photographie du film se rapproche plus des films d'animations Lego, avec sa netteté propre aux images de synthèses et ses couleurs vives, que du style de la première trilogie, avec son grain caractéristique et ses couleurs pastelles. C'est une sorte de trahison graphique qui nous donne une image dépourvue de toute âme digne d'un documentaire aux couleurs ravivées en postproduction. Quand on observe le style graphique du film, on a l'impression de voir des jouets plutôt que des vaisseaux ou des robots, c'est aussi ça qui nous fait croire que le film est plutôt conçu pour les enfants en quête de jolies histoires et d'action que pour les fans qui attendent simplement un bon Star Wars.
Bref, même si Le Réveil de le Force a quelques qualités (bien cachées) comme la réalisation d'Abrams, la musique de Williams et la présence de Mark Hamill, de Carrie Fisher et de Harrison Ford, il n'en reste pas moins un reboot sans ambitions narratives, graphiques et artistiques mais plutôt commerciales... Il existe un célèbre exemple qui permet d'illustrer le principal défaut de ce film. Il s'agit d'un extrait de la lettre que Akira Kurosawa a adressée à Sergio Leone en accusant ce dernier d'avoir plagié Le garde du corps pour écrire Pour une poignée de dollars : "Signor Leone, je viens juste de voir votre film [Pour une poignée de dollars]. C'est un très beau film, mais c'est mon film...". C'est exactement de cette façon qu'il faut réagir face à Star Wars : Le Réveil de la Force, c'est un film correct, mais qui tire presque tout de La Guerre des Étoiles. C'est pourquoi, si on a aimé ce septième épisode, c'est le film de 1977 que nous devons admirer, pas son ombre...