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Jongler entre le nouveau et l'ancien, faire plaisir aux fans de la première heure tout en créant une modernité afin d'en conquérir de nouveaux, ne froisser personne en en exaltant d'autres, voilà les dilemmes qui ont dû entourer la création de ce nouvel opus de Star Wars. Parce que relancer une franchise aussi culte, aussi idolâtrée, c'était un sacré pari, plus compliqué que celui entreprit Mad Max, la saga étant déjà hétérogène, épisodique et pour le moins oubliée. Star Wars c'est une trilogie magique et révolutionnaire, une prélogie qui a déçu et une « postlogie » aussi prétexte qu'attendue.
La véritable question est, comment s'en est sortie J.J Abrams, le roi de la récup' qui avait fait revivre Star Strek prouvant à lui seul que les guerres intestines de la science-fiction face au clivage Star Wars / Star Trek ne sont qu'un fantasme de vieux geek ? Je pense que nous pouvons dire « bien » voire même « très bien ». Notre J.J a su démontrer qu'il savait jouer avec la mythologie de la franchise tout en y insufflant sa pâte.


Star Wars VII, reprend donc la structure d'un Nouvel Espoir remettant au goût du jour le schéma Cambellien assumé. Cette nouvelle tendance de la sf à abandonner l'ambition d'un scénario alambiqué pour revenir aux bases du parcours du héros (comme l'avait fait Mad Max ou ironiquement l’incompris Jupiter Ascending) semble porter ces fruits puisque, pour faire du nouveau, rien de tel que de puiser dans l'ancien. Bien entendu, Abrams ne s'est pas contenté de reproduire le film, jouant volontiers avec des structures miroirs opposées :


Le méchant qui ne veut pas atteindre la lumière alors que nous étions habitués à ceux luttant contre le côté obscur, le vaisseaux attiré vers une chose inconnue qui loin d'être la célèbre étoile de la mort n'est que la base de Han Solo, etc.


J'approuve personnellement cette idée de manipuler la sève originelle puisque cela correspond parfaitement avec ce que j'expliquais : la balance entre moderne et traditionnel.


Ce film se devait aussi de prendre parti, montrer qu'il désapprouve les I, II, III, la disgrâce - selon certains - de la saga, trois enfants bâtards qui ont déshonoré leurs pères. Ainsi, J.J Abrams a voulu réhabiliter la Force dans sa dimension spirituelle, elle qui ne s'exprimait plus que par des combats dans la prélogie. Le retour de la Force divine et omnisciente est plutôt appréciable (bien que j'admets ne pas renier le côté jouissif des combats millimétrés), même si elle aboutit à quelque absurdités : l'astuce du « sabre laser t'as choisi » telle une baguette magique tombe un peu comme un cheveu sur la soupe et n'a que peu de sens. Abrams n'a pas non plus glissé dans le piège du side-kick rigolo crétin pour revenir à la nonchalance adorable d'un petit robot qu'on ne comprend pas, et aux répliques cyniques et badass d'un Han Solo aux cheveux blancs. Enfin, Abrams semble être le seul à s'être souvenu que le visage de petit minet d'Hayden Christensen n'avait pas plu et n'a pas hésité à prendre une gueule un peu plus cassée pour son méchant à lui. Le problème est que cela a finalement déplu à quelques-uns, il semblerait qu'un personnage laid devient raté, c'est à méditer sur la dictature de la beauté à Hollywood. Ce méchant beaucoup critiqué est, selon moi, un point fort du film : sa volonté à vouloir devenir le mauvais est intéressante et prend à contre-pied le parcours traditionnel du méchant. Il veut avoir mal et se complaît dans une espèce de souffrance (cf la scène finale où il frappe sa blessure comme pour faire remonter la douleur) ce qui est intéressant par apport à la valeur du Bien. Pourquoi vouloir le fuir ? Pourquoi l'obscurité est-elle si intéressante ? Les fans critiquent son côté « adolescent », et il n'est évidemment pas à la hauteur de Vador sûrement parce qu'il s'agit d'un méchant en construction. C'est la naissance du héros en parallèle avec la finition de l'antagoniste.


Le problème, c'est que le film avait beaucoup voire trop de missions. Ainsi parfois il semble un peu trop plein de ré-explications et de fan-service (pourtant très correctement utilisé) au détriment d'un déroulement correct du scénario. C'est principalement l'acte finale qui pêche puisque tout va trop vite (


le retour de Poe, la force de Rey, la destruction de la planète


) mais se solde tout de même en beauté avec ce combat sous la neige aussi esthétisé que l'était celui du V remplaçant les chorégraphies spectaculaires du III. Il semblerait qu'Abrams possédait une liste des « choses-à-faire » et a bourré son films de missions, non sans un certain talent puisqu'il échappe aux lourdeurs du Hobbit qui avait finalement les mêmes aspirations. Cet opus était un passage obligé, une transition indispensable pour commencer la « vraie » nouvelle histoire et, en ce sens, il réussit vraiment. En plus de cela, il reste très bon puisque le talent du réalisateur pour filmer les scènes d'actions n'est plus à démontrer.


Maintenant que l'on s'est débarrassé de tous ces désagréments, Star Wars VII apparaît comme une excellente amorce vers quelque chose de grand. Ce film est la promesse dorée d'une suite qui pourrait, tel Star Wars V, devenir un chef d’œuvre.

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le 18 janv. 2016

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