Il est vrai que je n’écris que très rarement des critiques cinématographiques, car je préfère habituellement la facilité en analysant oralement les blockbusters ou les films indépendants qui sont souvent sur-engagés ou expérimentaux. En effet, ces deux catégories de films sont contestables sur leur construction toujours identique. Alors que le premier manquera d'imagination et d'intelligence scénaristique au profit d’un divertissement à l’extrême, le deuxième oubliera que la diffusion d’un message engagé au public passe par sa compréhension et sa mise en valeur.
Ce n'était pas arrivé depuis longtemps mais Star Wars est un film à gros budget qui m'a fait rêver. Il m’a donné envie de le voir et de revoir. Malgré ses similitudes avec le tout premier volet de la saga, aucun film n’est pareil. Voici un film, ou plutôt une trilogie à venir, qui a une identité propre. Il est populaire et pas redondant par rapport à un film sorti la semaine précédente. Certes, l'impression de voir quelque chose de nouveau qui nous amène du rêve est devenue rarissime au ciné. Il est donc assez paradoxal que cette magie arrive avec un "reboot".
Certains lui reprocheront d'être trop similaire au tout premier film sorti en 1977, mais après bientôt 40 ans, y a-t-il prescription ? Comme son film "paternel", il a su nous divertir d'une manière unique pour l'époque en soulevant des thèmes intéressants. La production aurait très bien pu se reposer sur la valeur commerciale apportée par la notoriété de la saga. Ainsi elle se serait dirigée vers une histoire vendeuse dont raffolent les adolescents, à l'instar de Twilight, Hunger Games et j'en passe. Et bien, la réalité est toute autre car la saga retourne à ses racines.
La thématique reprend ce qui fait l'actualité, comme à l'époque. Alors que l'original de 1977 nous rappellerait presque la période hippie avec un Luke qui refuse les armes pour convaincre l'empire ennemi, cette nouvelle version nous présente une jeune génération perdue, isolée et corrompue par le fanatisme que leur parents avaient si bien combattu. Ces faits me rappellent quelques événements récents de l’année 2015.
Tous les éléments formels du film sont réunis dans le seul but de raconter l'histoire au mieux. Chaque décor, costume ou cadrage est présent pour nous narrer l'histoire sans nous montrer un univers extravagant dénudé de sens. J'ai été particulièrement émerveillé par la cinématographie impeccable de Daniel Mindel, la meilleure de toute la saga.
Pour imager mon propos, prenons une autre saga très populaire qui est celle de la Terre du Milieu. Alors que le Seigneur des anneaux, tourné sur pellicule, montre l’évolution et la construction de l’histoire à chaque cadrage, le Hobbit perd son esthétisme des plans dans des mouvements de caméra certes beau mais complexe et sans apport narratif. Au cinéma, la technologie et le sens narratif ne doivent pas être des choix séparés comme dans ces exemples, mais se complémenter. "Le réveil de la force" illustre bien ce propos car le potentiel du blockbuster est utilisé à son meilleur niveau dans une cohérence rarement égalée.
Cet épisode 7 donne effectivement « Un nouvel espoir ». A l’aide de l'aspect très "religieux" de cette saga, il a réussi à soulever des thèmes importants et cruciaux de notre époque sans pour autant partir dans une moralisation affligeante. Ces sujets ont été mis en valeur à tous les niveaux de production. Le cinéma est un long travail d'équipe et de compromis pour créer un divertissement intelligent. Cette tâche ardue qui consiste à faire rêver toute une production sur la même longueur d'onde est ici parfaitement réussie. Si les personnes qui font le film ont la même passion, elle sera sans difficulté transmise au public. C'est ça la magie du cinéma. Est-ce qu'elle se serait enfin réveillée ?