La première chose qui saute aux yeux lors du visionnage de Star Wars : Le Réveil de la Force c'est la proximité qu'il entretient avec l'épisode IV de la saga. Le parallèle entre Rey et Luke est évident, le film débute sur Jakku, sorte de Tatooine bis, avec encore une fois un droïde porteur d'informations cruciales pour les rebelles tombant dans les mains non d'un fermier mais d'une ferrailleuse. Ce qu'il faut alors peut être mettre en doute c'est que cette nostalgie soit réellement ce qui "perd" le film. En effet il ne faut pas considérer que la trilogie originale soit exempt de défauts, Rey (Daisy Ridley) serait même une meilleur actrice que le luke de l'épisode IV, celui-ci ne sortant jamais de son personnage de fermier un peu limité.
Le problème du film n'est pas dans tous les rappels qu'il fait de la trilogie originale car c'est un peu ce qu'on attendait du film rien que du fait de la présence d'Han Solo. Ce qui gêne le film c'est que l'univers dans lequel il se passe parait incohérent à la fois par rapport aux actions du film mais aussi par rapport aux films précédents. L'incohérence la plus évidente par rapport aux épisodes précédents est le fait que malgré la victoire de la rébellion dans l'épisode VI la situation de la galaxie est à peu prés la même qu'au début de l'épisode IV. Dire que les explications viendront plus tard ne permet pas de corriger la gêne inconsciente qui découle du fait qu'au fond l'explication est que cette situation est une facilité prise par les scénariste et que contrairement à l'épisode IV, le spectateur la perçoit réellement en tant que facilité de narration.


De plus ces éléments apparaissant comme artificiels au spectateur se multiplient tout au long du film. On ne peut pas s'empêcher de se demander comment le patron de cette cantina bis a fini en possession du sabre laser de luke, pourquoi tombent-ils sur Han Solo au moment opportun, pourquoi la force se déclenche dès que l'intrigue semble bloquée.


Toutes ces incohérences d'écriture, qui apparaissent comme incohérente car d'un autre côté l'univers que veux développer J.J Abrahams est un univers mature et sombre comme le montre la référence peut être un peu trop appuyée au fascisme. On n'est pas dans un film comme Le Cinquième Élément où l'incohérence de l'univers est accepté par le spectateur dès le début du film.
De plus l'univers perd la force qu'il avait dans la trilogie original du fait qu'il serait paradoxalement mieux filmé. L'un des paradoxes de la première trilogie et en particulier de l'épisode IV est de filmer ce qui devrait apparaitre comme impressionnant, ce sur quoi la caméra devrait s'attarder, comme tout à fait banal. Au fond dans l'épisode IV, la scène de la cantina est filmée comme on aurait pu filmer un bar louche dans le New York des années 80. La force de Star Wars n'a jamais vraiment été uniquement du côté de ses personnages mais dans sa capacité à montrer le merveilleux comme habituel et normal. Or c'est ce que perd J.J Abrahams avec sa façon de filmer, ses plans sont conçus pour donner une idée du gigantisme des décors, ils sont conçus pour montrer à quel point l'univers qui nous entoure est merveilleux. L'univers de la saga semble perdre la force que lui confère dans la trilogie originale les multiples imprécisions de réalisation.
Le film ressemble beaucoup à une version de l'épisode IV dont la mise en scène aurait été corrigée, le traitement apporté au méchant Kylo Ren est peut être ce qui le montre le mieux. Lors de sa présentation Kylo Ren ressemble beaucoup à Dark Vador mais J.J Abrahams décide de se développer ce qui fait s'effondrer le personnage.


On passe ainsi d'une figure du mal à une espèce d'adolescent boutonneux qui veux tuer papa pour une raison qu'il est peut le seul à parfaitement comprendre.


Ainsi Kylo Ren est très bavard alors que Dark Vador ne dit presque rien, la volonté de J.J Abrahams d'assumer le fait que leur méchant ne soit pas à la hauteur n'excuse pas le fait qu'il est vraiment ridicule à côté de Dark Vador, ses motivations apparaissent comme incohérentes, sa puissance varie tellement d'une scène à l'autre qu'il n'inspire pas vraiment la crainte.
Le problème de Star Wars VII n'est pas d'avoir refait l'épisode IV en moins bon mais d'avoir une version améliorée de l'épisode IV, or cette version améliorée perd ce qui faisait la force de l'épisode IV, ses erreurs. Dark Vador était pensé comme un personnage très secondaire, Han Solo vole la vedette à Luke, la caméra qui finit par banaliser le merveilleux. Ses erreurs ont permis à l'épisode IV de créer un univers cohérent et qui prend une réalité pour le spectateur qui finit par lui donner lui même des règles, du fait que par exemple on ne sait jamais ce qu'est la boisson bleue de la cantina. Ici c'est tout le contraire, la réalisation fait le travail mais en nous rappelant que le vaisseau qu'on regarde est gigantesque, que tout ce qu'on voit est merveilleux, que ce qui se passe est surtout une facilité prise par les scénaristes, elle finit par nous en déconnecter, par nous faire perdre le sentiment sur lequel semble pourtant reposer la saga, le sentiment d'un univers différent et cohérent, le sentiment d'aller dans une galaxie très très lointaine.

Pierre_Lamarque
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le 2 mars 2016

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Pierre Lamarque

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