Star Wars est à l’origine une tragédie shakespearienne teintée de légèreté et d’humour, inspirée par le western, les films de samouraïs et la SF. L’humour fonctionne sur la caractérisation des personnages. Personne n’essaie d’être drôle. C3PO est drôle de par sa fonction: il parle trop, agace, dit ce qu’il ne faut pas dire quand il faut se taire. Han est drôle car arrogant, je-m’en-foutiste et sûr de lui. R2-D2 est un petit robot plein de surprises. Etc… Cet humour allège l’aventure épique d’une poignée de personnages, archétypes mythologiques passionnants qui dès leur première apparition à l’écran vous enflamme le cœur. La prélogie, malgré ses faiblesses et ratés, apporte quelque chose d’encore plus tragique et rend la première trilogie encore meilleure.
« Les derniers Jedi » est une sorte de comédie potache pleine de personnages et de rebondissements inutiles très inspirée par les films Marvel. Ici, il semble que la plupart des personnages s’essaient au stand-up. Ils font des blagues (pas drôle du tout), lancent des vannes pourries. Il n’y a pratiquement aucune scène qui ne soit gâchée par cet humour pipi caca digne de Scary Movie. Le film n’a ainsi aucune tension, aucune pression, aucune émotion, aucun souffle épique, aucune beauté. Tout y est lisse et sans intérêt.
Le scénario bancal ne raconte pas grand-chose: l’extermination de la « Résistance » (qui rappelons-le avait retrouvé le pouvoir 30 ans auparavant environ) par le « Premier Ordre » (un Empire bis sorti de nulle part qui se retrouve à gouverner la galaxie sans raison). Bref, au lieu d’avoir le courage de raconter quelque chose de nouveau, Rien Johnson suit la trame de la première trilogie qui elle était logique (l’Empire étant alors issu de la République). Il ne sait clairement pas écrire, et pour combler son amateurisme évident s’amuse à ajouter: plus de personnages, plus de créatures, plus de rebondissements, plus de blagues. Malheureusement la quantité ne fait pas la qualité, au contraire.
Toute la partie avec Finn et Rose est complètement abracadabrante: allez à l’autre bout de la galaxie pour aller chercher un type qu’évoque Maz en vidéo conférence, histoire de justifier le court retour du personnage, revenir, pénétrer dans le vaisseau ennemi et désactiver un tracker, le tout en quelques heures à peine (pas possible, même dans Star Wars) au lieu de faire ce qui est évident: fuir et leur envoyer un gros vaisseau vide dans la gueule (ce qu’ils finissent pas faire de toute façon). Elle est aussi inutile: vu que la Résistance a déjà un plan, même s’ils oublient d’en parler évidemment. Le discours « politique » sur Canto Bight y est trop lisse et succinct pour avoir un quelconque intérêt. Pire toute cette histoire ne permet qu’au Premier Ordre d’attaquer la base à la fin.
Le film raconte en même temps l’entraînement de Rey, personnage qui n’évolue pas puisque le film suit le premier de trop près. Rien à voir avec l’étrange beauté de celui de Luke par Yoda. Le discours philosophique est remplacé par des chatouilles (Oui, vous avez bien lu). Seul bon point concernant Rey, son origine évidente qui envoie bouler les théories les plus absurdes.
La superbe fin du Réveil de la Force annonçait une scène magnifique et pleine d’émotion (quelle musique!). Le retour de Luke était attendu. Malheureusement la scène est maintenant gâchée par un trait d’humour complètement ridicule. Luke version « Dernier Jedi » est d’ailleurs un ratage complet: il ne ressemble en rien à Luke Skywalker (le type le plus sérieux du monde s’est transformé en comique de seconde zone), on ne sent pas beaucoup sa sagesse et son charisme (contrairement à Obi-Wan ou Yoda avant) et sa disparition ne sert qu’à effacer toute trace d’origine de Star Wars pour que Disney en fasse une franchise aussi stupide que les Marvel. Je comprends que Mark Hamill n’ait pas aimé le traitement de son personnage.
Le seul personnage sortant du lot est Kylo Ren: son histoire, ses choix, ses pensées: il y avait vraiment quelque chose à approfondir. Et sa confrontation avec Rey et Snoke laissait envisager, enfin, une réelle prise de risque: réunir Kylo et Rey dans une position centrale et centriste, une sorte de doigt d’honneur à toute la galaxie qui aurait surpris tout le monde. Malheureusement, Disney oblige, le film se devait de rester simpliste et manichéen, sans aucune surprise. Interdiction formelle à toute forme de complexité! Les bons d’un côté, les méchants de l’autre: Rey et Kylo se retrouvent encore une fois séparés physiquement (cette fois, scène déjà vue dans le Réveil de la Force, il fallait oser).
S’il n’y avait pas autant de scènes reprises (avec les dialogues) de « L’Empire contre-attaque » ou du « Retour du Jedi » (tristement les seules scènes correctes) j’aurai pensé que le réalisateur n’avait jamais vu Star Wars de sa vie. Il ne comprend rien ni aux personnages originels ni au principe de la Force et se permet absolument n’importe quoi. Que Rey et Ben communiquent, OK, qu’ils se voient, NON. Sacrilège. La force, clairement définie dans les films, n’est pas un projecteur HD. Les personnages peuvent se sentir, pas se voir en direct! Johnson a confondu avec Skype. Pareil pour l’apparition de Luke à la fin. Ne pouvait-il pas venir en personne (on voit son vaisseau dans l’eau)? L’illusion rend le combat final, déjà assez moyen, vraiment risible.
Bref le film pourrait durer 45mn et raconter exactement la même chose.
Et la mise en scène? Certes on a droit à quelques beaux plans (la traversée d’un vaisseau par un autre à la vitesse de la lumière, l’utilisation du rouge - pour les méchants évidemment) et deux-trois bonnes idées (la belle scène entre Yoda et Luke, seule moment réussi du film). Mais en 2h30 de film j’ai surtout vu une mise en scène manquant de fluidité, inorganique. Les décors sont visuellement peu intéressants, rappelant au mieux la prélogie et ses décors numériques.
« Les derniers Jedi » n’est pas un Star Wars. Star Wars est mort, tué par Disney et Rian « Star Wars Killer » Johnson. Ce film est stupide, ridicule, manquant de courage et de professionnalisme. C’est une insulte à l’univers de Star Wars et ses nombreux fans.
Si comme moi vous êtes fan de la première heure (c’est-à-dire avant l’Edition Spéciale en 1997), si vous aimez le Cinéma, fuyez ce Marvel de l’Espace gerbant à la sauce Disney.