Au moment d’écrire cette critique, j’ai déjà eu l’opportunité de voir Star Wars : The Last Jedi deux fois. Et contrairement à ce que l’on pourrait penser ce n’est parce-que j’ai surkiffé le film, non pas parce-que je suis fan fou allant voir un Star Wars encore et encore jusqu’à épuisement… Pas cette fois.
C’est tout simplement parce qu’en sortant de ma première séance il m’a été impossible de savoir si ce film était excellent ou si c’était une des plus grosses arnaques que j’ai eu au cinéma.
Pour faire simple nous pouvons être tous d’accord que ce film fait tout pour nous la faire à l’envers ; cherchant à choquer, à troubler, à frustrer.
La question est alors, est-ce un moyen de nous détourner des lacunes de scénarios, est-ce que toute l’histoire est d’un vide abyssal ? Ou alors est-ce que tout ça n’est pas l’ensemble des rouages pour les messages que veut envoyer le film ?
C’est grâce à ce deuxième visionnage que j’ai pu en tirer une conclusion. Une conclusion qui va surement évoluer avec le temps, le recul. Nous ne sommes qu’en décembre après tout. Le film est sorti il y a à peine quelques jours.


Alors oui avant de parler du fond, parlons un peu de la forme du film. C’est Rian Johnson, s’il y a bien une chose qu’on ne peut pas lui reprocher c’est son manque de créativité (sauf peut-être pour le titre). Chaque visuel est magnifique, il cherche vraiment à donner un sens à ses plans. Il sait exactement quand et comment bouger sa caméra, quand elle doit être fixe, quand elle doit être centré, décentré. Elle est aussi beaucoup plus proche de ses personnages, tout en sachant ne pas trop les séparer du décor.
Sans que ce soit autant travaillé que dans Rogue One ou dans The Force Awakens, l’utilisation du son est très bien gérée, surtout pour la scène de sacrifice dans l’espace (sans vouloir en dire trop).
Il a des idées parfois farfelues mais c’est ce qui donne sa patte. Je ne peux me lasser de la caméra qui fait un 360° sur la tête de Kylo Ren pour suivre le tonneau qu’il fait avec son chasseur (même si cela a été déjà vu avec Darth Vader dans l’épisode IV quand il perd le contrôle de son chasseur. Toute la scène est d’ailleurs une référence à ça.), de la scène avec Leia et la force (sans spoiler) ou encore de la blague d’un vaisseau et d’un fer à repasser.
Il ose des choses que l’on ne fait plus vraiment dans le cinéma blockbuster. Ce qui rend le film bien rafraichissant.
Voire peut être un peu trop. Malheureusement (et ironiquement avec le tollé que s’est prit The Force Awakens pour la raison contraire que je vais donner), Rian Johnson s’éloigne trop des codes visuels de la saga. Les 7 films et même Rogue One ne s’approchaient que très rarement des personnages. La caméra gardait toujours une certaine distance sur les événements. Cela signifiait d’une certaine façon que nous suivions une histoire déjà totalement établie; un mythe que l’on conte pour transmettre un message.
Avec Rian Johnson nous suivons les personnages de près, comme une narration à la première personne, nous ne suivons pas une histoire qui s’est déroulé il y a bien longtemps dans une galaxie lointaine, très lointaine, mais dans l’instant présent, devant nos yeux. A vous de juger si c’est une bonne ou mauvaise chose. Moi ça me gêne moins que l’ajout de ralenti, d’inserts ou encore de flashbacks, qui étaient limite interdit dans la saga… Et ça désolé Johnson tu as merdé là-dessus. Enfin le pire c’est surement les transitions en volets. C’est simple quand il fallait en mettre tu ne l’as pas fait, et quand ça n’était pas nécessaire elles étaient là.
Mais finalement c’est tout le point que voulait développer Rian Johnson : Arrêter de regarder en arrière et aller de l’avant.



Let the past die. Kill it if you have to.



C’est surement la réplique la plus importante du film. Il résume – même si de façon extrême – l’un des messages principaux du film. Le deuxième message important est que l’héroïsme ne peut être bon que si nous prenons du recul. Le dernier est plus simple – un peu naïf – mais important à rappeler, car ça peut être oublié avec cette importance donné aux Skywalker (à raison bien évidemment) et à leur unicité ; c’est que d’une certaine façon tout le monde peut être un Jedi.
Et voilà, ce que je pensais être des artifices pour faire genre que ce film est imprévisible sont en réalité des arguments pour développer les messages cités ci-dessus.
Je préfère être franc, le film fait quand même des conneries sur certains points. Il ne cherche pas à sauver cette trilogie des erreurs du VII, Rian Johnson a juste voulu faire un film fort en lui-même. Rey reste un personnage surpuissant qui n’évolue pas, n’apprend pas, ne connait ni l’échec et qui n’apprend donc pas de ses erreurs. Nous n’avons toujours pas de contexte géopolitique net et concis.


Et vu la fin du film on est totalement revenu sur empire contre rebelles.


Et la scène forte de Leia va en contradiction le message de tout le monde peut être un Jedi (oui pour l’instant vous vous dites que c’est complétement con et incohérent avec la saga, mais le message est plus subtil que ça et je fais juste un gros raccourci).



L’aventure inutile de Finn et Rose



C’est un fait, leur aventure n’a mené à rien à part empirer les choses. Vous vous dites qu’enlever tout cet arc aurait surement aidé l’histoire à être plus fluide et n’apportait rien.
Alors déjà ça amène sur les décors les plus sympa du film avec une ambiance bien particulière, au bestiaire bien fourni. De plus cet arc apporte quelques petits messages anecdotiques, mais toujours important, surtout dans notre époque moderne avec ce tacle sur le capitalisme, et le retour d’un certain point de vue sur le bien et le mal.
Mais bien évidemment, il sert surtout à dire qu’à trop vouloir jouer les héros sans écouter nos leaders/ nos mentors (et pour être plus général, ceux que l’on veut sauver), nous portons préjudice à la cause que l’on combat. Il ne faut bien évidemment ne pas rester les bras croisés, mais il faut savoir prendre du recul sur la situation.
On peut ajouter sur Crait la scène de sacrifice d’un personnage stoppé net pour empêcher un héroïsme stupide car il est plus important de sauver ceux que l’on aime plutôt que de tuer ceux qui nous veulent du mal. Après c’est assez bancal car ça risque de condamner plusieurs personnes.



Le passé mourant



Cette partie est fourré de spoiler mais comme je m’adresse surtout à ceux ayant vu The Last Jedi, je ne vais plus chercher à partir de maintenant de cacher ce qu’il se passe en détail dans le film.
Vous voilà finalement prévenu.
Luke veut la disparition des Jedi. Snoke se fait tuer par Kylo Ren. Yoda revient. Luke meurt.
Vous avez ces éléments en tête ? Bien.
Il faut laisser la nouvelle génération évoluer. L’ancienne, il faut la laisser dans le passé ; elle commence à stagner, à rester dans ses idéaux. Leurs façons de penser, évoluant de moins en moins ne permet plus aux jeunes de grandir et de finir de se construire. Il faut aller au-delà de recopier Darth Vader, de suivre un vieil homme taré (Snoke) qui te contrôle et de voir les Jedi comme des êtres parfaits.
Ils ne voient plus le présent, ils regardent vers le futur, mais avec le prisme du passé. Nous voyons ça avec Luke qui ne regarde que vers l’horizon, comme le dit Yoda. Ce dernier le lui rappelle et pourtant la dernière chose qu’il fait avant de mourir est de regarder vers l’horizon littéralement, voyant deux soleils se coucher comme sur sa planète natale (donc le futur avec le prisme du passé).
On peut sentir que Luke a voulu changer la donne en reniant le code Jedi mais ne pouvait pas s’en affranchir. Il passe le film à donner des leçons à Rey pour lui faire comprendre pourquoi les Jedi doivent disparaître. Et pourtant il ne cesse de sacraliser l’île :



Attention à ton langage c’est une île sacrée



Ou encore quand il veut brûler les livres mais ne peut s’y résoudre à la dernière seconde.
Ce n'est pas à Luke d'essayer de sauver Kylo et il le comprend bien. Ils s'affrontent non pas pour en finir mais juste pour aider la nouvelle génération à avancer une dernière fois et à tirer une révérence sur ce qu'il a accompli et raté dans sa vie.


Il ne faut pas non plus ne pas écouter le passé, mais il ne faut surtout pas la laisser vous envelopper. A force de vouloir tuer le passé, Kylo Ren finit par en être hanté.
Yoda en est le meilleur exemple, un être du passé qui ne vient que pour te donner des conseils avisés mais te laisser avancer dans tes épreuves et ta vie.



La force n’appartient pas aux Jedi.



Quand je disais que tout le monde peut être Jedi, il y a deux sous messages. Il ne faut pas oublier que ce ne sont pas que les Skywalker qui doivent faire l’histoire mais aussi des personnes qui viennent de nulle part. C’est aussi que la foi en une chose n’est pas réservée à une élite. Tout le monde peut accomplir des choses extraordinaires.
Ce message est transmis par le travers de Rey qui se révèle n’être personne d’important. Le problème c’est qu’on oublie de lui faire passer des épreuves où elle vit des difficultés. Elle n’est pas faite pour ce rôle. Elle n’est personne mais a déjà toutes les compétences pour réussir. Elle n’est donc pas personne. Heureusement que la fin apporte cette idée par le travers de ce garçon qui oui prend le balai par la force.


Bref ce film a à boire et manger. Il est loin d’être parfait c’est sûr, mais il est extrêmement riche. Il apporte beaucoup de choses à la saga mais aussi à nous même. Il développe des thèmes que l’on a rarement ou jamais vu dans un Star Wars ou dans les blockbusters en général. Il est de plus extrêmement divertissant, drôle (je ne veux pas trop en parler mais pour moi l’humour est bien géré ; là ça reste une question de goûts) et bien rythmé.


N.B : - Je conseille vivement cette critique qui explique certains points que je n'ai pas trop abordé ou qui sont faites d'une meilleure manière que moi. En plus il fait un parallèle très intéressant avec Blade Runner 2049:
https://www.senscritique.com/film/Star_Wars_Les_Derniers_Jedi/critique/148074025
- Pour la BO du film, je vous renvois vers ce gars qui explique très bien en quoi elle est excellente, mais aussi pourquoi si vous ne l'écoutez pas vraiment vous ne pouvez pas vous rendre compte de son grandiose: https://youtu.be/5S1-3QS_b3Y

Narloc
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le 16 déc. 2017

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