5th avenue : bani ! Bani wi !
Pour continuer dans mon délire égyptien, j’ai décidé de me repasser un de ces films que je regardais en boucle quand j’étais ado. Avec Le cinquième élément, c’est le film que l’on a vu le plus souvent avec une de mes meilleures amies.
On adorait ces petits moments où Daniel passait pour un demeuré en déployant sa gigantesque carte du ciel sur les têtes de ces messieurs de l’état-major ou en éternuant de la moins discrète des manières avant de se moucher bruyamment à quelques centimètres des oreilles surentraînées de Kowalski and co (vous avez remarqué qu’il y a souvent un Kowalski dans les unités américaines ?).
On savourait ces passages où le linguiste se mettait soudain à briller à côté des gueules burinées et renfrognées des Marines, effrayés par l’apparition d’un tatou rôti. Où avec une imitation fascinante de poulet, il devenait l’homme à marier sur-le-champ. Où en deux coups de cuillère à pot, il comprenait ces êtres parlant un antique dialecte ayant muté à travers les âges.
On souriait devant ces jeunes autochtones émerveillés par les splendeurs technologiques terriennes (aaah, le mouchoir en tissu ! Quelle avancée technique grandiose !), qui se révèlent finalement plus dégourdis et plus débrouillards que la moyenne (bon, peut-être pas celui qui a un mono-sourcil… mais c’était un peu écrit sur son front). Devant cette femme qui retrouvait le plaisir de l’écriture et, à travers elle, la force de combattre cette divinité tutélaire esclavagiste.
Et puis on frissonnait devant ces gardiens aux masques de chien et de faucon, à la voix d’ours des cavernes, aux serres d’aigle et au caractère de cochon. Devant cette midinette de Râ, son regard de braise, son implacable jalousie et son mépris de l’espèce humaine. Et puis aussi, devant cette prouesse technologique qu’est la porte des étoiles elle-même : ce gigantesque portail ouvrant sur des mondes situés à des milliards d’années lumière de notre petite planète bleue.
Eh bien en fait, toutes ces impressions sont toujours là. Malgré les années, malgré les progrès en matière d’effet spéciaux, malgré les sept saisons de la série éponyme (oui, je me suis arrêtée aux Oris) qui rendent ce colonel O’Neil bien fade en comparaison, ce film me plaît toujours autant. Entre la musique mythique et les costumes des Goa’ulds, sans compter le fait que ce film reste la fondation d’une série que j’ai adoré suivre ensuite, c’était un réel plaisir coupable à revoir et re-revoir.
Cependant, n’en déplaise aux puristes, je préfère la VF à la VO. Si rien ne me choque pour la plupart des acteurs, j’ai du mal avec le jeu endormi de James Spader. Le comédien qui se charge de le doubler pour la version française est nettement plus énergique, plus sautillant, ce qui augmente d’autant plus le fossé qui le sépare de ces militaires bien raides dans leurs rangers.