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Ce serait enfoncer des portes ouvertes que d’attaquer une critique de Starship Troopers par le prisme de sa satire d’une société fascisante, où :


  • La propagande d’un média centralisé nous introduit directement dans cet univers, et ne cesse de s'immiscer dans le récit pour nous rappeler notre place de spectateur et notre adhésion au programme présenté
  • Le service militaire est une clause sinequanone à l’accession au rang de citoyen, les civils déloyaux étant relégués au rang de parias (ce qui est plus amplement développé dans une des scènes coupées). Heureusement que ce n’est pas un sujet d’actualité en Europe à l’heure où j’écris ces lignes, vous imaginez…
  • Le casting est composé de gueules d’ange issues d’œuvres aseptisées et prêtes à se faire défoncer ladite gueule (Casper van Dien vient du soap On ne vit qu’une fois et partageait l’affiche de la série teen Beverly Hills 90210 avec Dina Meyer, où apparaît également Denise Richards, qui enchaînait à l’époque les petits rôles dans des séries cul-cul, tandis que Neil Patrick Harris était le médecin adolescent héros de la série Docteur Doogie)
  • L’ennemi est présenté comme un agresseur malgré que son attaque soit une réponse à la provocation colonialiste et expansionniste d’une humanité belligérante. Après tout, "the only good bug is a dead bug".
  • Les sports et les douches sont mixtes, tant par l’absence de libido de nos chères têtes blondes ne se concentrant que sur leur carrière militaire, que par la destruction de l’individualité par l’uniformisation, aspect renforcé par l’absence de repères ethniques dans l’apparence des habitants de différents coins du globe. Un désintérêt des corps physiques qui se répercute dans la description des conscrits comme chair à canon, qui finira au mieux démembrée sur l’autel du devoir collectif.
  • L’expérimentation cruelle sur des êtres que l’on sait doué de conscience, le tout dans des uniformes que n’aurait pas rechigné le Hugo Boss des années 40.
  • L’esprit de corps, où chaque membre est remplaçable à volonté et où se succède les leaders le temps d’un massacre, le tout sous le hourra général d’un groupe décérébré mais galvanisé. Les proto-warboys de Fury Road.
  • Le règne par la terreur, la mêlée se gargarisant du constat “It’s afraid!”. On sait bien qu’un flingue ou une nuke résout tous les problèmes.

Ce serait enfoncer des portes que de procéder à cette liste tant le message est asséné à la truelle, jamais finaud. Et pourtant, on trouve encore une bonne frange du public à côté de qui le message est passé. Aucune critique des dérives de nos sociétés pour eux George W. Bush ne démontrera jamais la justesse du propose ne tentant de convaincre les américains d'abandonner certaines libertés pour faciliter la guerre et vaincre leur ennemi suite aux attaques du 11 septembre, après tout), aucun second degré latent dans l'œuvre de Verhoeven. Peut-être est-ce dû au fait que même avec une lecture terre à terre du métrage, on est devant un excellent film de SF, un excellent film d’action, et un excellent film de guerre.


Après tout, le cinéaste néerlandais et loin d’être manchot, et il a su s’entourer de talents incontestables sur tous les tableaux : Edward Neumeier au script, officiant déjà sur Robocop où était également présent Jost Vacano à la photographie, un fidèle du réal’ puisqu’auparavant sur Total Recall et Le Choix du Destin. Une partition du toujours génial Basil Poledouris (Conan le Barbare, La Chair et le Sang, A la Poursuite d’Octobre Rouge…). Un montage par le prolifique Mark Goldblatt, derrière entre autres les Terminator de Cameron. Et bien évidemment, une supervision des effets spéciaux par ce fou de Phil Tippett (Star Wars, Jurassic Park, Robocop 2…) qui a récemment fait ses armes derrière la caméra avec le non moins malade Mad God.


Que du beau monde pour une œuvre culte qui s’apprécie toujours autant à chaque vision, et dont l’influence apparaît à chaque recoin de l’imaginaire spatial depuis deux décennies, de Starcraft au récent Helldivers 2 (adaptation non officielle, on ne va pas se mentir), en passant par les tyranides de l’univers Warhammer 40k.


Frakkazak

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