Il faut que j'arrive à critiquer ce film, c'est une question de Karma. Il y aura des spoilers hélas.
Exercice complexe s'il en est. Ce film est drôle, effrayant, caricaturale, précis. C'est un actionner, sexy, aseptisé, hollywoodien, satirique, transgressif, subversif, qui regorge de préjugé. Il flatte notre intelligence (ce qui est péjoratif dans ma bouche) ET révèle notre connardise (ce qui est mélioratif dans ma bouche).
Ce film est parfait.
Je dis parfait, mais non il ne peut pas l'être puisqu'il est aseptisé, sexy, hollywoodien, flatteur etc etc. Pas évident à critiquer comme je le disais donc.
Cette oeuvre est aussi débile qu'intelligente et c'est la raison pour laquelle elle fait partie de mon triptik:
BTVS / RoboCop / Starship Trooper (Total Recall n'est pas assez foisonnant pour former un quatuor).
Elément 1:
Starship Trooper, c'est d'une part un "Soap Sci Fi". On a Denise Richards (Carmen) , Casper Van Diem (Rico), Dina Meyer (Lizzy) et Robert Neils Patrick (Carl) représentant nos 4 avatars.
Messieurs vous êtes des Bogoss tout musclé mais tout débile, ou des Bogoss tout malin mais pas tout musclé (au choix)
Mesdames vous êtes des Bombasses Première de la classe ou des Bombasses Guerrières. (au choix)
Analyse 1:
Qui s'est déjà identifier à des trucs aussi fadasses? Pas grand monde, passé l'adolescence, je le crains.
Qui a déjà fantasmé sexuellement sur ce genre d'individu? A peu près tout le monde depuis qu'il a atteint sa maturité sexuelle.
Verhoeven nous dépeint un monde où tous les individus de références sont l'objet de notre désir animale. Quelque chose de viscérale, quelque chose d'instinctif. Une forme d' "esprit de ruche". (l'intersubjectivité)
Elément 2:
Ces personnages "parfaits" vivent dans un monde parfait également. Le Président du monde a rétabli la paix sur le globe, et les hommes comme les femmes vivent en parfaite harmonie sur le plan des droits et de l'équité.
Ce n'est pas le sexe ou l'origine d'un individu qui défini le rang sociale mais l'activité professionnelle.
Comme on est dans un Blockbuster, les gens qui aiment la bagarre, et flinguer sont au plus haut rang de la société dans ce régime totalement awesome.
"Engage toi dans le plus beau métier du monde, "Ass Kicker d'Alien", et tu auras le droit de vote et les couvertures sociales entre autres avantages".
Je parle "d'Alien" car la terre est en paix avec elle même, mais pas avec l'Est de L'Univers. C'est la partie du "monde" où les communistes vivent si tu es nul en géographie.
Verhoeven pense à vous, il vous met une belle carte avec le
"Vous êtes ici: A l'Ouest de l'Univers, là où tout est awesome"
Analyse 2:
On peut bien entendu voir pleins d'idées là dedans sur la guerre en Irak, un "foreshadow" de la parano post 11 septembre anti terroriste, mais la vision qui me séduit le plus reste celle qui va suivre puisque le film date de 1997.
Le Hollandais Violent nous expose une société "idéale" de Blockbuster Populaire. Elle est donc forcément massivement basée sur Melrose Place (le monde "parfait"), elle fait la guerre des étoiles (blockbuster s'il en fût) contre des communistes (méchant s'il en fût) et dont l'élévation sociale d'un citoyen dépend de l'implication de l'individu à vouloir "Botter le cul des méchants très méchants" (comme tout bon actionner qui se respecte).
Elément 3:
Ces pourritures de communistes, qui utilisent des méthodes abjectes de terroriste pour faire la guerre (elles nous balancent des astéroïdes sur nos belles villes ces enfoirés!) sont cependant des créatures supérieures à l'être humain selon le prof de Biologie du Lycée de "Bayside".
"Just a bug, eh ? We humans like to think we are Nature's finest achievement. I'm afraid it isn't true. This Arkellian Sand Beetle is superior in many ways. It has fewer moving parts, can reproduce itself in vast numbers, and unboud by concerns of ego and mortality, makes the perfect selfless member of society."
Le président de la terre cherche donc à rendre "la société humaine plus forte" à l'image de ces "bugs". L'Esprit de Ruche > L'égo / Conscience Collective > libre arbitre.
Il utilise de la pub massivement pour que la planète agisse d'une seule et même pensée, il bourre le crâne avec des discours fallacieux sur la violence en cours d'éducation civique mené par un vétéran de guerre (Michael Ironside) et il finance des expériences sur le contrôle mentale.
C'est une de mes scènes favorites du film. L'une des plus discrètes, et selon moi, l'une des clés de lecture les plus flatteuses de l'oeuvre.
Rico -et son Brushing impeccable- est amené à faire des tests de prédiction/divination. Lors de ce test, Carl (le geek) montre clairement son pouvoir de contrôle psychique en ordonnant quelque chose par la pensée à sa belette. Casper Van Diem, grâce à son jeu d'acteur impeccable (j'y reviendrai), joue parfaitement l'incompréhension en répliquant.
-"Arrête avec ça, tu me fais peur!"
-"Oh t'inquiète pas, ça ne marche que sur les animaux".
Analyse 3:
La belette est un mammifère. Pourquoi le gouvernement humain paierai son élite intellectuelle (incarné par Robert Neils Patrick ici donc) pour faire des expériences sur le contrôle mentale sur des mammifères puisque leurs ennemis communistes sont des insectes?
Pour les mêmes raisons qu'on teste le maquillage sur des lapins, et les vaccins sur des porcs, selon ma grille de lecture. ^^
Une fois qu'on a "admis" ça. On comprend pourquoi ce choix "d'acteur" par Verhoeven est pertinent et dépasse la flatterie débilisante du "Soap Soupe".
Il y a deux manières de faire jouer à quelqu'un la comédie.
Soit lui apprendre le jeu d'acteur.
Soit ne pas lui dire le rôle qu'il est en train de jouer.
Rico est un endoctriné depuis son plus jeune âge, et je ne pense pas que Casper Van Diem est au courant de ce fait. Je suppute qu'il pense joué un héros de guerre "Sci Fi" dans un Blockbuster.
A aucun moment Rico ne fait le rapprochement entre les choses qu'il constate et les choses qu'on lui dit. Il a perdu toute forme d'esprit critique et de lucidité.
"Les Troopers ont fait de moi l'homme que je suis!"
Rico voit que l'homme qui lui lance cette affirmation est handicapé moteur et mutilé. Il joue encore "l'incompréhension" à la perfection. Il ne comprend pas qu'il n'est que de la chair à canon, même quand on lui montre explicitement.
This Arkellian Sand Beetle is superior in many
ways. It has fewer moving parts, can reproduce itself
in vast numbers, and unboud by concerns of ego and
mortality, makes the perfect selfless member of society.
"Je viens de Buenos Aires et je Dis Butons les Tous!"
Rico balance cette phrase à la manière d'un one-liner d'actionner, sans se rendre compte qu'il prône le génocide et la haine raciale. Là encore, Casper Van Diem joue "à l'insu de son plein gré".
Conclusion:
J'ai plein d'autre chose à dire sur ce film, mais je m'arrête là.
Je ne sais pas de qui se moque Verhoeven en particulier au fond. Des amércains? Des nazis? Des communistes? Des terroristes? Je ne saurai me prononcer.
Je pense que Verhoeven se moque de la connardise infinie de l'homme (spectateur inclus) qui voue un culte à la violence jusque dans son divertissement et ce film est un pur concentré des codes de tout ce qui existe de pire dans le domaine de l'abrutissement.
Science Fiction Spectacle toute creuse, Teen Soap à la con, Gore gratuit, sexy par esthétisme.
Choix plutôt malin pour un film sur l'endoctrinement.
Pour le reste je n'ai pas d'avis tranché.
PS:
Robert Neils Patrick ne criera victoire seulement quand "les humains" auront réussis "à terroriser les terroristes" en utilisant le même modèle que les "terroristes"
"l'esprit de ruche, et la conscience collective" transmise à sa communauté par la reine insecte... euh humaine.