Je reviens sur ma critique de Sucker Punch car j'ai malheureusement la sensation que ce film a été largement incompris. Peut-être est-ce dû à son visuel pourtant génialisme, mais trop? Entre son rythme très rapide, son image à vous scotcher à votre fauteuil, Snyder prend le parti de narrer son histoire sur plusieurs réalités, mais s'inscrit dans une mise en scène proche du jeu vidéo. L'image, les références visuelles, la musique, jusqu'aux tenues des filles, tout est fait pour ressembler au fanstame du gamer. Des jolies filles en petites tenues affrontant des nazis, samouraï, monstre en pierre, etc... oui ça ressemble à un jeu vidéo bourrin, ou à un clip démentiel, sauf que n'y voir que cela c'est franchement dommage. En lisant la plupart des critiques négatives écrite sur Senscritique j'ai la sincère impression que la plupart d'entre vous n'ont pas vu le même film que moi ou alors qu'ils l'ont vu tel qu'il est livré formellement, lisant que le premier sens de lecture et s'arrêtant à là.
Parce que Sucker Punch est une oeuvre en réalité bien plus complexe qu'elle ne s'en donne l'apparence. Il y a plusieurs domaine de "réalité" et "fantasme". Le premier niveau se situe à l'hôpital psychiatrique où l'héroïne est emmenée de force par un père abusif. Le second dans le cabaret aux allures de maison close où elle doit se produire. Le dernier enfin est purement fantasmagorique, un univers fantastique où tout semble possible. C'est ce dernier plan qui ressemble à un jeu vidéo, mais qui tient avant tout du fantasme, car ce n'est rien de plus. Et si on se laisse envoûté par le fantasme, il ne faut pas oublier les différents niveaux de lecture. Et c'est là que je vais devenir spoiler. Aussi si vous n'avez pas vu le film arrêtez vous là. Sucker Punch est à la fois un blockbuster ahurissant et en même temps d'un film d'auteur intimiste abordant un sujet grave. Non, je suis pas folle, j'ai juste bien regardé le film. Premièrement on commence avec une superbe introduction où un viol se produit. Vous en connaissez beaucoup vous des blockbuster débutant avec un viol? Moi j'ai envie de crier au génie, parce que c'est tout en subtilité que l'abus est décrit, et l'acte inomable en lui-même est réservé au hors champs. Malgré son aspect bourrin, le film est en réalité d'une subtilité et une intelligence dont aurait dû faire preuve Nolan dans Inception. Difficile en effet de ne pas comparé avec le blockbuster de Nolan quand on voit ces différents niveau de lecture, ces différents plans de réalité, mais là où Nolan se faisait chier à tout nous expliquer, Snyder lui laisse son spectateur nager dans les eaux troubles. Rien n'est dit clairement, rien n'est expliqué, il n'y a pas de manuel livré avec, c'est à nous de comprendre par nous-même et sincèrement ça fait plaisir de ne pas être prit pour un con.
Tout le génie de Snyder est là, à nous livrer une oeuvre intime parlant d'un drame, le viol et l'enfermement abusif d'une jeune fille, qui sera continuellement abusé et cela dans les deux sens de lecture, lorsqu'elle danse on devine bien qu'il ne s'agit pas vraiment de danser pour occuper les hommes, jusqu'à son sacrifice final éblouissant avec cette fin qui transforme une victime en héroïne, tout en nous offrant un blockbuster puissant. Le secret est là, ce n'est pas un blockbuster avec juste des filles en mini jupe avec des gros flingues. Oeuvre originale magnifiquement illustrée, avec un rythme ahurissant parfaitement soutenu, une BO magnifique collant parfaitement à l'univers, et là j'ajouterais qu'il suffit d'écouter Sweet Dream chanté par Emily Browning pour comprendre tous les sens de lecture de cette oeuvre. Sucker Punch est une tuerie, mais aussi un film parlant avec élégance d'un problème de société. Peut-être l'exact opposé de Irréversible. Sucker Punch c'est exactement ce que j'attendais de Inception, et peut-être le Burton que j'aurais aimé voir plutôt que cette bouse de Alice au pays des merveilles, une oeuvre gothique, fantasmé, parlant d'un sujet dramatique. Un chef d'oeuvre constament ignoré, dont la moitié du public est passé à côté.