Sucker Punch fut une véritable découverte pour moi.
Celle d'un cinéma mené tambour battant par un réalisateur-ovni, il faut le dire. Le bonhomme est partout, à la production, à l'écriture, la réalisation, et que nous offre t-il comme première oeuvre personelle ? Sucker Punch.
Bien décrié par la critique, le film n'a cessé d'être descendu en flèche par tous ceux qui l'avaient vus, et pourtant.... Comment nier cet ésthétisme qui trouve pourtant son point culminant dans ses premières minutes ? Comment passer outre cette bande-son qui vous entraîne dans les méandres du rêve ? Sucker Punch est bien cela, un trip sous extasy et c'est peut-être pour la même raison que personne ne le défend. Quoi, pas de buts narratifs ? Quoi, que des nanas potiches jouant à la guerre ? Il serait absolument réducteur de considérer le produit de Zack Synder comme un film n'ayant aucun but narratif. Le but est sous vos yeux, simplement il faut "libérez vos esprits" dit-il.
Alors quel est ce but ?
Tout simplement, Zack Snyder tient à montrer que rêver est dangereux, ou plutôt que la réalité n'en sera que plus froide si l'on cherche à s'échapper. Le propos repose d'ailleurs sur le personnage très allégorique de Babydoll. En fait, tout l'onirisme de l'oeuvre cache derrière elle, le parcours iniatique du seul personnage ayant une existence réelle : Sweet Pea.
Ne brandissez pas vos bâtons et vos fourches en disant : "Quoi, tu tiens sérieusement à me dire que Sweet Pea est le personnage prinicipal ?!" Eh bien oui, j'ose. Sweet Pea est la clé qui donne sens au but narratif développé par Snyder. Alors bien-sûr, l'esthétisme fou joue sur la corde raide et en fait parfois trop et semblerait-il pas assez sur les aspects importants de n'importe quelle histoire bien construite. Justement, l'inintérêt total des personnages secondaires est expliqué par le fait qu'ils sont tous des productions de l'imaginaire de Sweet Pea. N'est-elle pas la narratrice, la voix off de l'histoire de Babydoll - lorsqu'elle se dirige vers l'asile - parce que c'est la sienne ? La mise en abyme dès que l'on voit Babydoll (de dos) n'est-elle pas indice lorsqu'on retrouve SweetPea.. Au théâtre bien-sûr,et ce dès son apparition. Ce n'est pas un hasard non plus si elle est la seule à opposer une résistance au projet d'évasion de l'asile car c'est en fait sa propre évasion, sa propre réalité qu'elle ne souhaite pas affronter. Le rêve omnis présent via Babydoll, son avatar, est là pour le montrer.
L'échappatoire aussi douce soit-elle peut à la longue être nocive et destructrice.
Pour conclure sur un film tel que celui-ci, j'ai un seul conseil à donner : lâchez prise. Soyez ouvert, sinon rien ne marchera et on restera hermétique à l'univers.
L'oeuvre est sans limites à l'image du réalisateur ou bien encore du rêve dont il faut se méfier.
Sucker Punch est donc une mise en garde tout aussi déjantée que réussie.