Sucker Punch, un film incompris...
Avant d'aller voir ce film j'avais lu une chiée de critiques négatives à son sujet. L'accueil aux USA fut assez rude comparant allègrement Sucker Punch à une production Michael «BOOM» Bay. De plus, les bande annonces successives ne m'avaient pas emballées : comment pouvaient cohabiter des zombies nazis avec un dragon ou des robots ninjas ? Oui, vous l'avez compris le dernier film de Zack Snyder est complètement barré, ce côté fou avec des scènes improbables que l'on retrouve dans Watchmen ou 300 mais décuplé à outrance.
Graphismes : 8 / Jouabilité : 7
L'intérêt du film c'est évidemment les scènes d'action, les combats, les acrobaties, les chorégraphies pouvant pousser Newton au suicide ou les scènes à la Call of Duty / Bayonetta / Killzone / Devil May Cry / Ninja Gaiden / Final Fantasy / Dragon Age / Splinter Cell (rayez les mentions inutiles). En effet ces scènes sont largement inspirées de ce que le jeune public est habitué de voir devant son écran HD en jouant aux derniers jeux vidéo : c'est beau, esthétique et il faut l'avouer ça envoi du pâté tant au niveau du son que de l'image. Comme d'habitude Snyder abuse at noseum du ralenti, des plans et des mouvements de caméra improbables. On s'imagine bien le casting avoir tourné dans un hangar tapissé de vert pendant quelques jours et laisser travailler les info-graphistes pendant plusieurs mois derrière. Malgré le souci du détail esthétique général du film certaines scènes, et notamment certaines scènes d'action, sont moins peaufinées et laissent trop voir l'incrustation des acteurs. Pour ma part j'ai trouvé les premières scènes de combat (dans le temple et dans les tranchées) plus abouties esthétiquement que les deux suivantes (contre le dragon et dans le train). Mais je chipote car le plus gros défaut de Sucker Punch n'est pas là... loin de là...
Mais pourquoi de la chique et du mollard ?
Pour faire un bon film d'action il faut un liant à toutes ces scènes improbables qui deviennent jouissives lorsque l'on s'approprie les personnages et leurs intrigues. Or, tel une fable, les scènes de fight commencent toutes de la même manière : un briefing à la construction identique suivi d'une présentation succincte des ennemis et de l'objectif. Ensuite, pouf, les protagonistes sont lâchées dans la nature et en avant le charcutage. Nous n'allons donc pas trouver de liant avant ces scènes d'action, non, ce liant que Snyder a surement recherché est en fait l'imaginaire de «l'héroïne» du film : une blonde perturbée ayant été enfermée dans un asile après la mort de sa mère et surtout, après avoir tué sa soeur malencontreusement alors qu'elle essayait d'échapper à son beau-père tyrannique. Lors d'un traitement de choc elle transpose dans son esprit l'asile à une maison de passe où les pensionnaires emprisonnées sont des prostituées de luxe exécutant des danses pour aguicher les clients les plus pervers. Et lorsque Baby Doll danse elle est transportée dans ces fameux mondes où elle doit se battre à coups de sabre, de flingues digne des meilleurs SWAT ou des mécas de plusieurs mètres de haut. Elle profite de son pouvoir hypnotisant lorsqu'elle se déhanche pour subjuguer le public et ceci permet à ses copines de subtiliser les objets utiles à leur évasion probable. Voilà le liant, voilà le comment du pourquoi des scènes d'action, voilà le leitmotiv pour nous proposer des combats homériques. La question existentielle est : est-ce que cela fonctionne ? Pour ma part je dirai «pas trop».
Et le scénar à dedans ?
Les relations entre les trois mondes sont infimes et mal exploitées à mon gout : on n'aperçoit l'asile qu'au début et à la fin du film, la plupart du reste se réalise dans la tête de Baby Doll : dans ce fameux bordel. La seule corrélation entre le bordel et les scènes d'action sont l'objectif recherché qui correspond à l'objet que doivent subtiliser les filles. A ce niveau on ne voit la correspondance entre le monde du bordel et les scènes d'actions que lorsqu'elles sont à la recherche du couteau où il se passe un évènement se transposant entre les deux mondes. Il aurait surement été plus judicieux de lier ces trois mondes et que chacun puisse influer sur l'autre de manière plus visible. Le spectateur subit trop le début du film et recolle les morceaux vers le dernier quart de ce dernier. Et encore là, ça pèche ! L'histoire n'est pas exempt de twist ou de rebondissement qui pourrait berner le spectateur, léguant ce film au panthéon des chefs d'oeuvres, malheureusement le dénouement est mal fait, la conclusion digne d'un mauvais Fight Club reste trop obscure pour le spectateur lambda et les scènes qui devraient faire «mouche» où l'on devrait se dire «oh putain mais je me suis fait berner depuis le début» passent quasi-inaperçu. Je me demande quel pourcentage de spectateur ont vraiment compris la profondeur du film. Le jeu des acteur n'aide pas non plus. Pourtant pas si mauvais , il n'apporte pas de valeur ajoutée au film. Certaines scènes auraient même pu être mythiques si elles avaient été mieux jouées (comme l'engueulade de Blue, le maquereau, envers les filles après s'être aperçu de leur dessein).
Snyder, mauvais sniper
Oui, Sucker Punch est bien filmé, il est beau esthétiquement, les scènes d'action sont dignes des derniers jeux vidéo mais tout ce qui fait le ciment du film : l'intrigue, les personnages et la narration nous laissent un gout d'inachevé, ou pire, sans comprendre réellement le vouloir du réalisateur, le peu de scénario apparent parait comme un leitmotiv pour nous proposer des jeunes filles en petites tenues bousillants des ninjas-mécas ou des zombies-nazis. A cause de la mauvaise narration et d'un dénouement flou, Snyder passe à côté d'un film qui aurait pu être bien meilleur si il avait pris le temps de mieux accompagner le spectateur dans son délire. L'action aurait pu être au profit d'un scénario bien ficelé mais là, ce n'est pas le cas... du moins le dénouement qui berne le spectateur tout le long du film n'est pas assez bien démontré et explicite pour que ce dernier passe outre l'aspect bourrin du film. En plus je ne vous ai pas parlé des musiques... il ne vaut mieux pas !