Certifié produit geek

Zack Snyder, désormais reconnu tout de suite pour son adoration des ralentis, signe enfin une oeuvre qui lui appartient à la limite du fantasme geek et qui avait quand même je le sens plus de choses à raconter. Les premières minutes sont assez bien foutues, cela pose bien un ton dramaturgique mais par la suite, on rame pour avoir quelque chose de potable.

Pour moi, il y a derrière une volonté de raconter quelque chose, mais Zack Snyder ne va pas au bout du truc et pose d'affreux prétextes pour livrer 4 grosses scènes de combats qui réunissent à peu près tous les produits de la culture geek (des zombies, des samouraïs, des dragons, des robots). Très vite, tout n'est que désillusion, Sucker punch devient un ramassis visuel et sonore qui dure, se répète et lasse. Si l'assaut contre les zombies en pleine tranchée n'est pas dénué de style en matière de mise en scène, tout le reste est d'une fadeur sans nom. Snyder utilise comme ça lui chante les ralentis, et pour des conneries en plus - un flocon de neige, la cendre d'un cigare, une balle, un saut, les cheveux contre le vent - il y en a partout. Sérieux mais arrêtes Zack, trouves-toi une autre signature sur tes films, à l'utiliser à toutes les sauces, cela ne ressemble plus à rien. Là est le défaut majeur du film, c'est fou comme 1h40 peut nous paraître long avec ce procédé, mais là n'est pas son seul défaut. Je crois sérieusement que Snyder n'est pas un bon directeur d'acteurs, déjà sur 300 et Watchmen le casting n'était pas un point fort, mais là je crois que c'est encore pire. Toutes les filles jouent mal, vous me direz à quoi bon défendre un jeu si vous n'avez pas un personnage bien écrit derrière, encore que Rocket a quelques moments qui se démarquent au milieu de ce gouffre. Sérieux Oscar Isaac, on lui a demandé de faire de la parodie, je ne vois que cela pour expliquer à quel point sa prestation est mauvaise.

Mais j'ai aussi lu beaucoup de choses sur Sucker punch, notamment autour de son sens caché, ses subtilités, sa fin etc. Temps mort, Snyder au scénario déjà c'est pas Lynch ou Nolan, et puis même s'il avait voulu livrer un film aux multiples interprétations, cela ne l'empêche pas de se vautrer dans la forme. Le fond m'échappe pour la simple et bonne raison que Snyder n'a jamais été doué pour être un tantinet subtil (sur Watchmen, il était surtout aidé par le matériau de base). J'ai bien dû déceler des petits messages sur le voyeurisme, mais bon les paroles de fin pour vous apporter une pseudo-morale nous prennent un peu pour des abrutis. "Prenez vos armes et battez-vous", il veut dire quoi ? On se met à danser pour sortir de la misère ? Parce qu'il faut bien en parler aussi, le délire autour des danses de Babydoll, il nous manque un panneau nous indiquant de soit rigoler soit de soupirer. Je crois surtout que cela reflète un cruel manque d'idée de la part d'un réalisateur qui voulait à tout prix filmer des scènes d'action, peu importe les chemins scénaristiques pour y arriver.

Je dois avouer que la première fois, Sucker punch ne m'a pas laissé un souvenir si désagréable, je crois que le pari de Zack Snyder de cacher le vide de l'histoire au profit des combats a marché sur moi en premier lieu, mais certainement pas au second visionnage. Là mes yeux se sont ouverts et ont vu un Sucker punch idiot, non-abouti, nous abrutissant de scènes d'action difficile à apprécier tellement les ralentis nous pèsent.