Apologie du courage.VéritéSiJeMens+Commitments+BelleEquipe.Dabbawala&TewfikJallab.RêveAméricain

(désolé du pavé illisible ci-dessous. Pour le résumer: un film où l'action et le danger ne sont pas toujours crédibles et "immergeant" mais au final quand même un vrai travail très touchant par les décors et ses figurants (un Paris rare) et surtout une pléiade d'acteurs (plus ou moins à l'écran) mais tous dévoués et dont l'énergie et les efforts font se rappeler du film avec sourire et émotion).



"Le courage est une vertu qui permet d'entreprendre des choses difficiles en surmontant la peur, et en affrontant le danger, la souffrance, la fatigue. Depuis l'antiquité et dans la plupart des civilisations, le courage est considéré comme l'une des principales vertus, indispensable au héros. Son contraire est la lâcheté." (merci wiki)



Les personnages du film mais aussi ses acteurs dévoués et ses créateurs me le rappellent.


Résumé: Voila 5 ans que Sun (Tewfik Jallab) est livreur en scooter au noir pour des Chinois (Yun-Ping He). Comme Pacino dans le Parrain 3, ses patrons décident de devenir 'legit' et faire les choses dans les règles...en commençant par virer Sun.
Sa dernière livraison aura été deux énormes cornes de pauvre éléphant. Livraison en scooter...
Grâce à son bagou, une dernière chance lui est finalement donnée par la nouvelle patronne (Leanna Chea): mais il a promis de créer une vraie entreprise légale. Son plan est alors compliqué par des créanciers qui lui reprennent son seul outil de travail, son scooter: l’arrivée inopinée des Indes de son cousin Ash (Aadar Malik) le tire momentanément du pétrin car les économies de cet exilé permettent à Sun de garder le scooter et commencer à embaucher des livreurs. En échange de ce prêt, Sun a promis à Ash un concert à l'Olympia et de devenir partenaire en affaires. Ash ne parlant pas encore un mot Français, Sun arrive à lui faire croire que ses créanciers étaient aussi producteurs et impresario de musiciens à la recherche d'un groupe pour l'Olympia...
Sun doit donc trouver des livreurs qui soient aussi musiciens et jongler dans l'emploi du temps de la nouvelle entreprise entre les heures de livraisons et celles de répétitions (#Multitasking).
Le tout sous la menace de Chinois désormais et temporairement convertis au business non violent, pacifique et légal mais pour combien de temps si leurs clients ne reçoivent pas la marchandise confiée à Sun...


Vu hier soir et en dépit de mon manque d'immersion dans le film, je ne peux m'empêcher de sourire en revoyant ses photos aujourd'hui.


En rentrant, j'ai repris mon très ennuyeux livre du moment au si bon titre "La veuve enceinte" (de Martin Amis soi-disant en mode érotique) où je tombe très à propos sur cette citation correspondant plutôt bien au dynamisme des jeunes héros du film:



(La vieillesse n'était pas pour les vieux. Pour s'en tirer, avec la vieillesse, il fallait vraiment être jeune...jeune, fort et en parfaite condition, exceptionnellement souple et avec de très bons réflexes). Le caractère, en outre, ne devrait pas être d'une trempe banale, mais devrait mêler l'intrépidité de la jeunesse avec une ténacité et un cran séculaires.




Tewfik Jallab:



Le héros est extrêmement tenace et motivé et l'acteur juste exceptionnel car pas un moment je n'ai discerné dans son regard ou intonation qu'il ne croyait pas ce qu'il disait.
Comme si sa vie dépendait du film.
Sans cabotinage (autre que celui du personnage lors de certaines situations), cet acteur semble s'être donné à 120% dans chaque scène. Son regard et intensité impriment le film. Alors que parfois, je ne croyais plus au film et ses mini invraisemblances , lui me faisait croire en son personnage.
Peut-être que ce film sera ce que Mean Streets a été à Robert de Niro: un film assez fauché mais qui optimise tous ses moyens et devient pépinière de beaucoup d'acteurs devenus énormes.


Sun est un film qui regorge d'autres talents individuels qui seront peut-être cultes dans le futur.Comme beaucoup de comedies des années 60 et 70, pas plus crédibles sur le fond mais dont le casting est un vivier à bons acteurs, vannes et dialogues.(Je pense notamment à Darry Cowl qui n'aurait pas dépareillé ici et jouait non pas de la sitar mais entre autres du piano (grand sportif aussi))..


Ash joue lui de la sitar. Son rêve américain est d'être un nouveau Ravi Shankar "et à l'Offlympia".
Bien interprété et 'défendu' par Aadar Malik: 'défendu', car à son arrivée, il est d'abord éclipsé par Sun, le Bernard Tapie que l'on vient de suivre depuis le début...mais très vite, et l'acteur Malik, et le personnage Ash, attirent mieux tous les deux notre attention.
D'ailleurs Sun (pas l'acteur) commençait à être pénible avec son ode à l'entrepreneuriat sans règles...il vannera plus tard la soi-disant lourdeur de l'administration et "paperasserie" de l'ANPE locale en ajoutant un discours sarkozyste à l'Américaine sur les bienfaits d'avoir "jusqu'à 4 jobs, le jour et la nuit" (sarkomédie?).
Son rêve américain à lui est d'avoir son entreprise et son émotion sera visible la toute première fois que sa toute première escouade de scooters quittera la cours de l'entreprise.
(Emotion comparable à celle de Jacques Gamblin quand lui est confié pour la toute première fois un tournage dans Laissez-passer, la caméra s'attarde sur leurs visages pareillement).


Ash/Aadar Malik, excellent, rappelle un mélange de Jeff Goldblum et Sacha Baron Cohen (un poil version Borat parfois) avec une touche de Bronson Pinchot/Serge dans les Flics de Beverly Hills.


J'ai aussi beaucoup aimé Yun-Ping He (dont le site internet vaut le détour) , j'ai voulu retrouver son nom car il joue un homme de main dont on croit à la menace mais surtout il m'a rappelé dans sa diction, intensité et langage corporel, l'aussi excellent Jean-François Balmer. Est-ce son père?


On découvre un Paris plutôt rare et pour soi-disant un petit film, il comporte beaucoup de lieux de tournage: surtout lors du montage au début qui résume les 5 ans de travail au noir et différentes livraisons de Sun et lors du montage au milieu qui résume leur amitié et distractions:
belles cours, pôle emploi, rues pavées, 'ponton' et piliers de RER aérien, studio de musique, bureau de police, cellules, sous-sol de Paris, pseudo Olympia, Rungis Chinois, Quai de Seine à la MK2 et Amélie, scènes de rue à la mini Carnaval de Notting Hill mais à Paris, sauna avec gros musclés à la début de Double Détente, et autres scènes des beaux ponts et bals improvisés de Paris.


Expulsion et mariages forcés:
Dans la scène de la cellule, le film fait allusion aux réfugiés sans contrat de travail, expulsés.
Dans une belle scène de cave (à la Dernier Métro): Sun surprend un conversation via un vasistas entre les membres de ce qui est devenu son groupe et principal business…


Ash est victime d'un mariage forcé et c'est la raison de sa fuite


Ash me fait découvrir le dabbawala…(non c'est pas une chanson de Maxime "Ambalaba" le Forestier ). Il conseille que Sun et les livreurs deviennent des dabbawalas. Apparemment, en Inde, il y a un système ancestrale de livraison rapide sans informatique de repas frais sur les lieux de travail...et sans erreur ou retard:
> 'Destination-inde.fr confirme avec photos qu'il existe "à Mumbaï, un réseau de livraison de lunch-box, littéralement « boites déjeuner » incroyable et surtout unique au Monde… Ce sont les Dabbawalas. Des hommes, des livreurs de lunch box, représentent le système le plus impressionnant, le plus complexe, mais surtout le plus fiable au Monde pour acheminer des repas frais et faits maison vers les lieux de travail" .


D'ailleurs, le film souligne sans lourdeur comment Paris est devenue un peu Londres et Mumbai dans son système en filigrane de castes et d'inégalités salariales injustes et mal organisées.

Les invisibles de Paris:



Dans une scène sous une voie de RER aérien, Sun motivera un groupe de personnes très différentes pour l'aider dans son entreprise: cette fois devenue artistique. Elle rappelle un peu les harangues des orateurs de la Révolution.



il embarque une "destructurée après 38 ans d'emploi dans la même entreprise";
un ingénieur en web design "victime de l'explosion de la bulle" et les nouveaux précarisés.



Parmi les forces vives qu'il motive et embarque dans l'organisation, je découvre dans une très courte scène, Sabine Pakora, dont le charisme efface un instant celui de Sun.
Et la violoncelliste, Juliette la muette, joué par (Delphine Théodore rappelant parfois Marlène Jobert &Kristin Scott Thomas.
Et la joueuse de Djembé, Françoise/Meriem Serbah: la seule a tenir un peu tête au rouleau compresseur trou noir absorbant l'attention qu'est Sun/Tewfik Jellab: elle est un mélange d'Isabelle Mergault et l'extravagante Sandra Bernhard face à De Niro et Jerry Lewis dans la valse des pantins.
La voisine et ex de Sun est un stunner aussi: Annabelle Lengronne qui en plus joue juste, aussi.


Sun est un gros hâbleur, débrouillard et au début, sous prétexte d'embaucher des musiciens pour le soi-disant groupe de Ash, recherche en fait surtout des livreurs en scooter pour son business: il organise donc les sélections et entretiens d'embauche dans un vrai studio d'enregistrement pour maintenir les apparences et tromper Ash. La succession de candidats rappelle celle des auditions dans The Commitments:



to commit to Something= s'investir dans quelque chose= s'engager=s'investir et prendre ses responsabilités professionnelles...est le sujet du film et semble le crédo de ses petites-mains.



Je viens d'ailleurs de finir un documentaire sur Robert Redford, l'ange blond où des citations sur sa vision du rêve Américain résonnent avec les personnages et les créateurs de Sun:



(pour la sortie du Meilleur/The Natural) "Bien sûr gagner compte aussi" (mais) "Je veux faire comprendre que les gens n'accordent de l'importance qu'aux victoires jamais aux efforts. Mais les efforts sont la base du rêve Américain et ce sont les efforts qui rendent grande la victoire et touchante la défaite."
"Aller plus loin et persévérer dans le plus loin. Jeremiah Johnson va jusqu'au bout, il n'abandonne jamais"



Sun n'abandonne jamais non plus: comme l'impression que donne son acteur, Tewfik Jallab, The Natural.

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