Steven Abrams

Un vrai moment de cinéma !

Abrams fait bande à part. Pas un remake, pas un reboot, pas une suite, pas une adaptation... même pas de 3D. Pour cela, déjà, merci.

Hommage donc aux divertissements des années 80 et renvoyant directement au cinéma de Spielberg, on ne retrouve pourtant pas la perfection ni la finesse d'écriture de celui-ci. Défi ambitieux ceci-dit, tant les oeuvres du maître sont réussies. Certainement pas audacieuse, l'écriture de Super 8 est néanmoins riche. Peut être même trop. Il manquerait presque un quart d'heure pour dénouer moins spontanément les relations conflictuelles élaborées et pousser la réflexion sur le deuil. L'humour en revanche fonctionne bien, jusqu'au générique particulièrement savoureux.
En revanche la caractérisation des gamins est géniale. Des enfants qui ont du caractère, crédibles, passionnés et plus que tout, fabuleusement interprétés. On est loin des têtes à claques des Goonies... Les adultes sont bien moins gâtés. Même si portés par de bons acteurs, les personnalités sont très limitées et attendues. Qu'importe, ce ne sont pas eux qui intéressent.

Manquant de rigueur, le film est plein de petites facilités (on se débarrasse un peu grossièrement des personnages en trop) et incohérences, mais c'est aussi ce qui fait le charme d'une œuvre qui laisse libre court à l'imaginaire, à l'interprétation et à la simplicité.

Niveau action, on retiendra deux moments forts mémorables. D'ailleurs parlons un peu de la créature. Si son design n'atteint pas l'excellence de ce qu'on pouvait trouver dans The Host ou Cloverfield, on appréciera l'intelligence de sa monstration. Parce qu'il faudra attendre la toute fin pour en saisir la physionomie et les intentions.
La réalisation est à ce titre efficace. La composition des plans est tour à tour spectaculaire (superbe plan de fuite dans la ville) ou amusante. A noter d'excellents décors.

Enfin, Giacchino livre une sublime partition (est-ce une surprise ?), avec notamment un joli et entêtant thème principal.

Super 8 est un condensé de ce qui me fait aimer le cinéma puisqu'on pense forcément à tous ces films que l'on adore. Certains voient un film formaté et calculé, j'y ai vu une œuvre généreuse, sincère et réellement nostalgique.

Un film imparfait mais profondément attachant, porté par un magnifique casting de gosses.
Un écho irrésistible au cinéma qui tient à cœur.
Justement, coup de cœur.