Quand tu entames en VHS/RIP le visionnage d'un film d'action philippin de 1975 disparu depuis quasiment 50 ans , tu sais que tu ne vas pas te poser devant le dernier prix du jury à Cannes. Super Femmes Contre Chiens Jaunes (Hustler Squad) sentirait plutôt la série B, le cinéma de quartiers, le bis et peut être même le joyeux nanar. Même si il compte plus de 100 réalisations au compteur ce film de Cesar Gallardo est l'un de seuls à être arrivé jusqu'en France au tout début de la VHS. Hustle Squad est une sorte de Douze Salopards revu à la baisse niveau protagonistes et en version féminine mais comme le titre Les 4 Salopes passait moins bien et que Drôles de Dames était déjà déposé, nous voici avec Super Femmes Contre Chiens Jaunes qui a le mérite de clairement désigné comme ennemis ses faces de citrons japonaises.


Nous voici donc au cœur de la seconde guerre mondiale lorsque quatre des plus grands généraux japonais doivent se retrouver pour une réunion au sommet dans un luxueux bordel situé sur une île surprotégée par l'armée du soleil levant. L'armée américaine, aidée d'un rebelle philippin à moustache, décide alors d'un plan diabolique, recruter quatre filles pour les entrainer à tuer et les introduire ensuite dans le bordel comme si elles étaient de nouvelles prostituées afin de trucider les quatre militaires.


Super Femmes Contre Chiens Jaunes avait donc dans son histoire tous les ingrédients d'un pur film Grindhouse avec des femmes fortes, du sexe, de l'action et de la violence mais Cesar Gallardo n'est visiblement pas un réalisateur de l'outrance et il nous livre simplement ici une pure série B. Certains le regretteront peut être mais Super Femmes Contre Chiens Jaunes est finalement un film très classique et presque sage , en tout cas bien loin des fantasmes que pouvaient susciter son titre et son affiche. Carré et efficace, porté par un scénario qui ne s'embarrasse pas de digressions superflus le film de Cesar Gallardo avance rectiligne avec aplomb et sérénité déroulant une histoire basique mais sans la moindre sortie de route. Le récit s'articule sur une mécanique assez classique avec quelques scènes pour poser les enjeux du film, l'idée du plan, le recrutement des filles, l'entrainement, les doutes puis finalement le grand bain de la mission. Si globalement (et moi le premier) on aime le cinéma bis pour ses excès il n'en sera jamais question ici car Cesar Gallardo cultive à merveille l'art de la mesure et de ce fait il n'en fait jamais trop, ni pas assez. Le film comporte bien de la castagne, des scènes de guerre, de la violence, de l'érotisme, des répliques badass mais tout reste extrêmement sage et mesuré et dans ce même ordre d'idées tout le scénario s'articule sur cette même notion du minimum mais du suffisant. Les quatre filles recrutées auront ainsi des caractères bien définis et des backgrounds justifiants leurs implications respectives mais jamais le film n'ira plus loin dans l'introspection psychologique, l'entrainement se limitera à l'écran à deux exercices l'un de course d'endurance et l'autre de combat en petite culotte sur l'espace réduit d'un matelas, le plan machiavélique restera parfaitement simple, clair et compréhensible pour un enfant de huit ans (en même temps il s'adresse à des femmes) et l'histoire sentimentale entre une des filles et le beau rebelle Paco ne sera jamais plus développé que ce que lui demande à minima le scénario. Cesar Gallardo ne semble pas être du genre à faire un petit détour quand on lui demande d'aller d'un point A vers un point B, il avance droit devant mais il fait le chemin.


Du coup Super Femmes Contre Chiens Jaunes n'a rien de transcendant mais il offre un solide divertissement des plus agréable. Avec pourtant une évidente économie de moyens et d'écriture Cesar Gallardo parvient tout de même à rendre ses quatre filles attachantes et il réussit même nous intéresser à leur mission (dire nous captiver serait excessif). Et même si il le fait avec mesure et sans grande générosité Cesar Gallardo remplit le cahier des charges d'un bon gros bis qui se respecte avec de l'action, du plan nichon même si ils sont discrets, de la violence avec du sang et des décapitations, de l'humour, des personnages caricaturaux juste comme il faut, des grands sentiments, de la castagne et des sales chiens jaunes en guise de méchants même si encore une fois dans cette éternelle notion de mesure ils resteront tout de même super cools pour des vilains.


Je m'attendais à du gros bis qui tâche, j'espérais presque un bon gros nanar et finalement j'ai juste regarder un bon petit film et c'est loin d'être désagréable. Inutile d'en faire trop quand on a le sentiment de ne pas en faire assez, il suffit simplement de faire juste.

freddyK
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le 15 janv. 2022

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