Z Même Pas Sûr / Super Certainement Pas

En général je suis plutôt magnanime, bon public et très indulgent avec les productions tels que ce Super Z de Julien de Volte et Arnaud Tabarly. Le simple fait de vouloir faire un film de genre en France me donne immédiatement envie d'adhérer au projet et plus encore peut être quand ce même projet se construit dans un circuit de production indépendante avec l'aide précieuse d'internautes dans une campagne de crowdfunding afin de boucler le tout. Super Z, après 4 semaines de tournages mais neuf années de labeurs pour terminer le film s'est même offert une sortie en salles fin 2022 , certes très confidentielle, mais quand même. Le film de Julien de Volte et Arnaud Tabarly se réclament jusque dans son titre d'un certain cinéma de genre hexagonal bien plus proche de Richard J Thomson et Norbert Moutier que des Cahiers du Cinéma, après tout pourquoi pas, je suis preneur ; mais quand pour faire Z tu pousses les potards du n'importe quoi jusqu'à la débilité je commences déjà à être beaucoup moins client. Et quand je découvres en interviews une forme de douce prétention de la part des deux réalisateurs qui n'ont commis qu'une sombre farce, là ça commence même à franchement m'agacer.


Super Z c'est l'histoire d'une famille de zombies qui après avoir subit de sombres expériences scientifiques s'enfuit et trouve refuge dans une cabane paumée au fond des bois. Dotée d'une forme de langage primitif la famille va tenter de survivre en chassant les promeneurs dans les bois tout en fomentant un plan pour se venger des humains.


Les deux réalisateurs peuvent bien se réclamer de Sam Raimi, John Carpenter, Romero, David Lynch, Peter Jackson, Fellini et Tim Burton leur film fait irrémédiable plus penser au Bodin's et aux Tuches qui se seraient égarés dans un Troma pour finir noyer dans un flot de provocations adolescentes qui semblent constamment confondre folie et hystérie. Car si les zombies du film sont dotés d'un langage étrange (peut être la seule bonne idée du film) les entendre éructer, gueuler, couiner, geindre, brailler et gesticuler comme des débiles avec des voix de cartoons lasse très, très vite. Et comme bien sûr on est dans un cinéma pseudo transgressif les personnages se sentent obligés d'aligner une grossièreté quasiment toute les trois lignes de dialogue. Et niveau personnages on a tout de même du lourd avec un crétin rappeur qui s'exprime en faisant "Wesh Yo Yo" et qui plus tard chantera la sérénade à sa petite amie en lui fredonnant " T'es tellement divine que même tes rots excitent ma pipine ♪♫ " , vraiment la grande classe, on est entre Francis Cabrel, Francky Vincent et Kamini. Il faut dire que sa copine est une paysanne avec une dentition type clavier de piano, qui lâche des caisses et qui s'exprime comme on ose plus faire parler le dernier des bouseux dans la pire comédie franchouillarde de fond de tiroir. A côté de la description des deux paysans du film Les Bodin's ressemble à une étude sociologique du monde paysan moderne. Franchement depuis quand la série Z convoque implicitement d'écrire un tel ramassis de personnages qui vont au delà de la caricature au point que tous deviennent insupportables au bout de cinq minutes ? Autre exemple la mère de famille est une trans ou un travesti interprété(e) par un Julien Courbey en roue libre (Le ciel Les oiseaux et te Mère Le Raid) qui cabotine comme un sauvage avec d'immondes perruques oranges. Et même lorsque le film avance un semblant d'idée un peu déviante et trash avec la récupération sur des femmes mortes de morceaux de corps pour améliorer le sien et bien tout n'est encore et toujours que prétexte à des blagues grasse et pas drôles. Mais attention, si d'un coup vous vous sentez assommé par la connerie du bousin au point d'avoir la sensation que vos neurones se barrent par vos trous de nez sachez que dixit les deux réalisateurs : "Le film aborde des thèmes comme la société de consommation, le droit à la différence et à la liberté physique et morale, la sexualité, les relations familiales " …. Bravo les mecs, mais faut prévenir si les meilleures vannes du film sont dans vos interviews !!


Est ce que au moins c'est gore ? J'aurai presque envie de dire oui et non car une fois encore tout se retrouve noyé sous une couche de provocation crasse, d'humour facile et d'effets spéciaux numériques souvent immondes. Alors oui le film propose des scènes de repas durant lesquels notre famille zombie ripaille de tonnes de prothèses ensanglantés, des trucs gélatineux dégueulasses, de tripailles, de morceaux de bidoches et de membres humains mais bizarrement les scènes ont peu d'impact même quand la provocation pousse les deux réalisateurs à nous montrer une dégustation de fœtus. Et puis comme il faut bien se marrer le film nous ressert deux fois en l'espace de dix minutes une dégustation de bite coupée tellement c'est drôle de voir des zombies jouer avec un zboub dans la bouche. Au moins on accordera au film que les maquillages et prothèses sont plutôt réussis. Pour finir d'achever vos derniers neurones encore vivants, notre famille zombie va même s'offrir un repas sous extasies pour finir en dansant comme des crétins au son d'une mauvaise musique électro et avec des réalisateurs qui semblent essayer tous les filtres colorés de leur logiciel de montage. Il ne reste plus guère alors que le plaisir d'un casting dans lequel on retrouve tout de même du joli monde comme la légendaire voix off de Richard Darbois et le comédien Jacques Boudet même si on se demande ce qu'ils sont venus foutre dans cette galère. Un casting complété avec des seconds rôles très bis comme Joe Prescia (La Horde) qui finira en tête coupée chantant la chanson L’île Aux Enfants ou La Marseillaise avant de partir en rebondissant avec un bruitage de ballon de plage, le réalisateur Laurent Bouhnik en mercenaire dont la voix off est il me semble interprétée par Mozinor, Jean François Galotte (Baby BloodTime Demon) qui incarne le scientifique fou, le hardeur HPG en victime rasta, Davy Mourier (Nerdz) en villageois et Dominique Barttenfield (VibroboyDobermann - Delicatessen) en suppléant scientifique fou lui aussi.


Mille fois dommage donc, j'aurai adoré aimer et soutenir ce projet mais cette hystérie abrutissante, cette recherche de provocation adolescente, la patine trop numérique du film, le trait beaucoup trop épais de la caricature auront eu raison de ma patience. Quand à la douce prétention des deux réalisateurs elle aura eu raison de ma légendaire gentillesse et de mon indulgence. La vraie série Z c'est celle d'artisans qui construisent des projets bien plus grands que leurs moyens et font tout pour aboutir à un résultat quitte a utiliser des bouts de cartons et des mauvais acteurs auxquels on ne donne jamais la possibilité d'une seconde prise, c'est masquer par l'humour une forme d'excuse pour dire on a fait ce qu'on a pu ... Désolé les gars ce n'est pas juste faire débile et trash avec l'ambition de révolutionner le genre.

freddyK
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le 1 août 2023

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