Man on the moon

Chacun sa méthode pour écrire un texte sur sens critique, ma préférée est celle qui utilise un maximum de recul pour décrire un sentiment général plutôt que d'appuyer sur des aspects à priori positifs ou négatifs. Sur ce point, une critique de Superman devrait être dans mes cordes vu que j'ai découvert ce film en même temps que la télé couleur, le magnétoscope et la VHS.
Et bien non,de distance, je n'en ai aucune.
C'est simple, pour moi, tout fonctionne, toutes les séquences s'imbriquent parfaitement, chaque personnage joue son rôle à la perfection et le spectacle est complet.
Aujourd'hui, j'ai quand même envie d'en faire une critique et je vais faire un effort

Un film qui ne ment pas

En un mot, ce film me semble magique. Et magique est le bon mot tant ce film repose sur l'art de l'illusion. L'illusion d'un voyage interminable jusque Krypton, l'illusion d'une société en déclin avec une dizaine de figurant, l'illusion d'une terre d'accueil idéale sur notre planète, l'illusion d'une romance parfaite, d'un destin à accomplir, à modifier, à vaincre, le tout dans la bonne humeur sans jamais se décoiffer.

Là où je qualifierai ce film de sincère et de formidable, c'est que jamais il ne donne la sensation que Superman est un un super héros, super national ou international. De bout en bout, Superman n'est qu'un fantasme, le fantasme de Lois Lane (qui débordait d'imagination déjà enfant). Et c'est dans ce sens que le film est parfait. Jamais il n'a la prétention de sauver le monde contre on ne sait quelle manigance pour l'asservir, de déplacer un iceberg dans le Sahara, ou de sauver des barques remplies d'enfants en pleine mer, ou même, tel Rahan et les coquillages bleus, dégonfler la bulle spéculative économique asservissant une partie du monde pour une autre. En fait, si, il fait tout ça, mais là encore, ça reste une illusion.

L'illusion qui transforme la simple réalité de Kal El, un immigré parfaitement intégré à son nouveau monde (changement de nom et tout ça) mais conscient de sa culture ancestrale, est devenu, au terme de son voyage, l'homme parfait aux yeux de Lois Lane. Et pour cette dernière, il remuera ciel et terre, il sera son roc, son coussin, ses ailes, ses rêves, son espoir et sa seule chance de survie.

Une production sans faille (de San Andrea ah ah)

Alors oui, mais pourquoi ces trois grosses vedettes de l'époque, ces millions de dollar dépensés en décor, en camions de techniciens, en hélicoptère, en loges, en bobines, en effets spéciaux etc?
David Copperfield l'a bien compris, c'est encore plus impressionnant de faire disparaitre une Ferrari qu'une Citroen GS ou de donner l'impression que Claudia garde un aspect plus juvénile à 40 ans sur photoshop qu'une jeunette inconnue de 20 ans et il a surement appris son job en regardant ce film.
Le pari, une fois l'idée d'échelonner sur plusieurs films établie, étant de vendre une romance à l'eau de rose, un genre régulièrement en vogue, pour un film de super héros. Pour ce, il a fallu créer un maximum d'illusion autour de ce couple et c'est dans cet art que chaque participant y a excellé.

A en juger de la suite, ce fut le meilleur créneau jamais exploité pour aborder le thème du super héros