Si Santo vs. las mujeres vampiro constitue l’un des volets les plus dignes d’intérêt de la saga, c’est en raison de la relation métaphorique qu’il explicite, une fois pour toutes, entre l’intrigue principale et le match de catch. En effet, ce point de contact entre deux univers, à savoir celui des vampires et celui du héros masqué, a pour similarité l’artifice : celui d’un genre horrifique mobilisé à grands renforts de cercueils, d’apparitions via surfaces réfléchissantes (fenêtres, miroirs etc.), de grincements, de chauve-souris et de toiles d’araignées, suivant une tradition figurée au cinéma par Hollywood et la Hammer ; celui d’un combat où les coups portés sont censés être faux, faisant reposer l’appréciation du vainqueur sur ses qualités physiques et spectaculaires. Jusqu’alors, le catch intervenait de façon illustrative, remplissant un récit sinon trop rachitique pour atteindre les quatre-vingt minutes ; désormais il devient caisse de résonnance de ce même récit où sont déplacés et cristallisés ses enjeux. Nul hasard si le second affrontement se solde par le démasquage d’un loup-garou, conformément à la volonté exprimée par l’antagoniste de laisser sortie « les monstres de la Terre ».
Nous apprécierons aussi le soin porté aux décors constitutifs d’une ambiance gothique réussie – si tant est que l’on omette les déplacements ridicules des assistants vampires, contraints de battre des bras leur cape respective… - ainsi qu’à la mise en scène qui recourt avec abondance et pertinence aux fondus enchaînés pour à figurer deux niveaux de réalité, à rassembler deux âges, procédé qu’employait par exemple la cinéaste allemande Leni Riefenstahl pour réaliser la translation entre les athlètes de la Grèce antique et les sportifs aryens de son époque (Olympia, 1938). Notons au passage la possible référence à Rebecca (1940) d’Alfred Hitchcock par le prisme d’un tableau et du personnage féminin y figurant, tous deux nommés « Rebeca », occasionnant la superposition de deux femmes. Là réside une autre originalité, celle d’une attention portée presque exclusivement aux femmes, loin du machisme adopté comme tonalité d’ensemble par les précédents épisodes. Une petite réussite.