Quand Superman est tourné en ridicule
Dès la production calamiteuse de Superman II (le réalisateur Richard Donner remplacé en cours de route par Richard Lester après de nombreux désaccords avec les producteurs), l’avenir de la franchise était scellée d’office, celle-ci étant détenue par les requins hollywoodiens qui ne pensent qu’à amasser de l’argent en faisant des projets à succès sans dépenser des masses (cela rappel la saga de La Planète des Singes). Faisant ainsi de Superman II un film hautement bancal, très loin des promesses faites par la promotion (comme le travail scénaristique des personnages, mis de côté). Et faisant de ce troisième opus une suite peu attendue. D’autant plus que Richard Lester, qui possède encore pour ce film le statut de pantin hollywoodien, reprend les rênes de la réalisation. Ce qui n’est pas encourageant…
Rien qu’au niveau du scénario, Superman III coupe toute liaison avec son prédécesseur. Au lieu de commencer par un plan dans l’espace, le film démarre aussi sec en ville, où l’on nous livre un parallèle plutôt foutraque entre la montée du personnage d’August et le quotidien de Superman. Un véritable pied de nez à ce qu’avait fait Richard Donner dans les opus précédents, qui avait livré un Superman de plus en plus tourmenté par ses origines et son statut de super-héros. Ici, il n’est qu’un surhomme qui aurait tout oublié de ses aventures antérieures, ne passant son temps qu’à sauver la veuve et l’orphelin sans que cela n’ait le moindre impact sur sa propre existence. Et quand la trame décide de mettre sur le banc de touche le personnage de Loïs Lane pour la remplacer par Lana Lang, c’est juste pour introduire à l’ensemble une nouvelle amourette, rien de plus. Un script sans âme qui aurait pu gagner en puissance avec son concept proposé (Superman devenant méchant), mais même là, le film se vautre totalement, les scènes en question ne servant que de passe-temps aux actions des méchants qui développent leur plan au fur et à mesure du film.
L’autre problème de Superman III provient également de son humour. Non pas que le comique soit une chose étrangère à la saga, les films précédents ayant toujours proposé quelque chose qui fasse sourire le spectateur (le tout souligné par quelques notes de musiques signées John Williams). Mais ici, c’est en véritable surdose qu’il s’offre à nous ! Donnant l’impression que chaque séquence du film a été faite dans le but de provoquer l’hilarité. Seulement voilà, quand vous livrez un long-métrage qui n’use que de gamineries ou du « grand n’importe quoi » à gogo (du ski sur la surface d’un bâtiment), qui délaisse Superman himself au profit d’un antagoniste qui ressemble bien plus à un bouffon du roi (interprété qui plus est par l’humoriste Richard Pryor), et qui s’en contente grandement pour ne pas se pencher sur la qualité des moments forts du scénario (comme le face-à-face entre le bon et le mauvais Superman), vous êtes sûrs d’avoir un film hautement ridicule.
Alors, quand le long-métrage prend de l’âge (cela se voit surtout dans les effets spéciaux) et propose un casting sans charisme (que ce soit Christopher Reeve qui perd en notoriété et pourtant l’immense Robert Vaughn qui, ici, se montre grotesque), aucune chance de l’apprécier grandement. Surtout après avoir vu deux premiers opus qui arrivaient à mettre en valeur un super-héros connu de tous. Superman III reste néanmoins sauvé des tréfonds de la médiocrité par quelques moments de bravoure qui attirent l’attention. Tels que la séquence finale où un superordinateur devient autonome ou bien ce fameux duel intérieur qui oppose Superman à Clark Kent dans une déchetterie. Des petits instants de cet acabit qui permettent de divertir un peu.
Mais cela n’enlève en rien au fait que Superman III déçoit grandement. Faisant honte aux films de Richard Donner et provoquant la chute cinématographique d’un super-héros d’exception qui a bien du mal à reconquérir le cœur des spectateurs (Man of Steel n’a pas réussi à mettre tout le monde d’accord). À moins que vous soyez fans des personnages en collants qui s’exposent dans un univers kitch digne du Batman avec Adam West, Superman III n’a rien d’honorable et n’apporte aucune chose à la franchise hormis du ridicule...