Turkish Superman
4.3
Turkish Superman

Film de Kunt Tulgar (1979)

Dans le sillage laissé dans le ciel bleu par le Superman de Richard Donner, l'année 1979 sera riche en nanar super héroïque avec le Supersonic Man de Juan Piquer Simon et surtout Süpermen Dönüyor allias Turkish Superman de Kunt Tulgar, une relecture candide et approximative du film d'origine.


Pourquoi s’embarrasser à écrire une nouvelle histoire quand celle d'origine tient bien la route. Dans Süpermen Dönüyor le fils de Krypton est juste tombé en Turquie plutôt qu'aux USA et pour le reste c'est tout pareil ou presque, notre héros prénommé Tayfun va devenir journaliste à lunettes et devoir sauver le monde tout en essayant de conquérir le cœur de la Loïs Lane locale.


Süpermen Dönüyor est un magnifique petit nanar aussi doux et indigeste qu'un bon loukoum trop acidulé. Dans le rôle du Clark Kent du bled il faudra se farcir une sacré tronche d’endive aussi longiligne et inexpressive qu'une asperge. Tayfun Demir ne possède absolument aucun charisme et c'est un pur régal de le voir trimballer sa tronche de gentil benêt inexpressif durant tout le film. Physiquement l'acteur ressemble à un croisement étrange entre la stature de Christophe Salengro, la tronche de Frédéric Beigbeider et l'air de ravi de la crèche de Florient Philippot. Le comédien a aussi la particularité d'être terriblement malhabile y compris avec son propre corps ce qui dans les scènes de baston devient absolument hilarant tant il joue mal des orteils jusqu'aux cheveux (En même temps Tayfun Demlir n'était pas acteur mais juste le pote du réalisateur). Forcément qui dit Superman dit scène gracieuse et épique de vol avec la cape au vent et Kunt Tulgar nous offre pour se faire un joyeux florilège de transparences absolument honteuses devant des écrans délavés aux teintes bleu WC et de poupée rigide tenue par un fil avec une notion très relative des proportions et des perspectives. On découvrira tout de même de nouveaux pouvoirs à Superman comme celui de taper à la machine à écrire sans les mains ou de voir à travers les vêtements pour admirer les filles en sous vêtements, mais comme notre grand dadais est un peu trop sensible il s'évanouit comme un con à la vue d'un simple soutif. Quant au méchant du film accompagné de tout un tas de sbires à moustaches que Superman castagne comme dans un Bud Spencer et Terence Hill, il construit une machine diabolique avec un aspirateur et un objectif d'appareil photo pour transformer tous les métaux en or avec l'aide de la kryptonite. Encore un méchant bien cupide ce qui qui ne l'empêchera pas de faire exploser un chat avec sa machine, mais là c'est juste pour le fun. Niveau effets spéciaux on est sur du très haut niveau et dès le pré-générique avec des boules et des étoiles de sapin de noël suspendus sur un voile noir pour figurer l'espace on sait que le cinéma ricain n'aura qu'à bien se tenir. Les bastons sont comment dire … homériques avec un Superman rigide comme un piquet qui distribue bourre pifs et torgnoles avec des bruitages de cartoon quitte à carrément envoyer ses adversaires dans les arbres comme dans Astérix et Obélix. Je pourrais aussi vous parler de la lame de guillotine en balsa ou de Jor-El interprété par le Marlon Brando local et édenté a tel point que le réalisateur voulait qu'il parle sans trop ouvrir la bouche.


Il faut aussi parler d'une bande son assez stressante comme lorsque l'action se passe à la rédaction du journal local saturé de bruitage de machines à écrire quitte à rendre certains dialogues quasiment inaudibles. D'ailleurs il faut savoir que tout le film a entièrement été redoublé par la suite expliquant que certains acteurs parlent la bouche fermé ou qu'au contraire ils agitent les lèvres sans dire un mot comme des poisson respirant dans un aquarium. Et puis que dire de la bande originale du film qui est une pure merveille de morceaux épiques et de mélodies qui s'imposent immédiatement dans les têtes. En même temps ce n'est pas bien compliqué puisque outre le fait de piller allégrement la musique de John Williams on reconnaîtra aussi le thème de James Bond, le Chase de Giorgio Moroder composé pour Midnight Express (Comme quoi les turcs ne sont pas pas rancuniers) et des tonnes d'autres emprunts dans un monstrueux bordel qui au final fait ressembler le film à un blind test géant. Le film ne cède pas trop au montage hystérique dont font parfois preuve les films turcs même si il nous gratifie d'une séquence avec des plans ultra cut et un montage bien bordélique et saccadé.


Süpermen Dönüyor est loin d'être le plagiat/rip off le plus fou du cinéma turc lequel ne s'est jamais trop embarrassé de notions de copyright pour refaire à sa sauce kebab les grands succès du cinéma américain. Si vous voulez vous initier tout en douceur à cet univers foutraque des classique du cinéma version Turkish le film de Kunt Tulgar constitue une accessible porte d'entrée.


Ma Note Nanar : 06/10

freddyK
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Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Seul Au Monde (Ou Presque), La Bobine à Nanar, 2024 : Films vus et/ou revus et Un P'tit Turc En Plus

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le 10 mars 2024

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Freddy K

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