Bird on a wire. Rain woman. Bron. D'ailleurs...

Liste de remarques:

"Oui, je prends des médicaments mais tout le monde en prend. Vous aussi." (Daphné Patakia/Mimi en plein entretien d'embauche face à Agnès Jaoui/Claire Bloch)

Le personnage qui se révèle avocate m'a fait penser à Saga de la série Bron. Je n'y connais rien mais même si je ne crois pas qu'elles ont les mêmes troubles, elles sont quand même toutes les deux très "consciencieuses" dans leur travail et plutôt associable, psychorigide et routinière.

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En parlant d'associable et psychorigide, j'avais tenté de le voir mais la séance m'avait été refusée car j'aurais été seul dans la salle: le (nouveau) gérant du cinéma n'autorise désormais plus ce genre de séance en solitaire pour des raisons de coûts et de rentabilité...

Je suis revenu le lendemain et j'ai pu enfin le voir. Mais c'est comme si le film avait commencé dans le hall d'entrée de la salle de cinéma ^^

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Mon détail préféré est lors d'une scène de réunion toute simple et qui serait une sorte d'exercice de style car elle permettrait de comparer peut-être les réalisateurs et directeur de la photographie: deux personnages sont en réunion et dialoguent dans un petit bureau.

Une psychiatre est assise. Jouée par une excellente "Hélène Patarot" que je découvre et croyais à tort vraie psychiatre; en fait elle est "actrice, costumière et auteure"; elle m'a fait penser à Jacques Vergès avec une perruque.

Sa patiente (Mimi jouée par Daphné Patakia) est d'ailleurs avocate mais qui n'a jamais exercé.

La psy l'a laissée sortir à condition qu'elle travaille dehors dans "un jardin" mais sa patiente est allée re-postulée à un cabinet d'avocats tenu par Agnès Jaoui.

Dans cette scène, Mimi est debout et marche en aller retour du bureau de la psy à la fenêtre.

J'aime comme la lumière lui arrive par le côté par une fenêtre comme dans un tableau (de par exemple Vermeer).

Et le détail qui m'a fait vibrer est qu'on voyait alors la lumière passant par l'iris de l'oeil de Daphné Patakia), le clarifiant; le changeant de couleur...comme si passant dans un vitrail d'un tableau de ...par exemple Vermeer (c'est le seul que je connaisse).

Je n'y connais rien mais j'ai aimé le plaisir à voir comment ils avaient réussi à magnifier, 'pimper'/améliorer une scène dite toute simple, de dialogues dans un bureau dont on en voit tant.

C'est peut-être la différence entre un téléfilm et un film vu en salle sur beau grand écran.

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Je veux désormais tenter les autres films réalisés et/ou scénarisés par cette "Marie Garel-Weiss".

Mais cette fois, c'est la distribution qui m'a poussé et motivé à aller le voir.

(nb.: Le nom de la réalisatrice est composé comme celui du couple dans le film...)

J'avoue que cette fois c'est d'abord le nom de "Raphaël Quenard" qui a aidé ma motivation à me déplacer, deux fois....

J'ai consacré sa première liste sur SC à Raphaël Quenard, suite au court-métrage 'Les Mauvais Garçons', 2020.

Puis j'ai aussi été boosté par la présence de mes Agnès Jaoui et Benoît Poelvoorde (si touchant et pathétique aussi dans le très riche 'Adieu Paris').

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Peut-être que le titre fait allusion aussi à la chanson de Leonard Cohen,

et au film aussi titré 'Bird on a Wire' avec d'ailleurs les aussi deux borderline foldingues Goldie Hawn et Mel Gibson: titré en France , 'Comme un oiseau sur la branche'.

D'ailleurs le personnage, quand en crise, devient Tippi Hedren dans le Hitchcock et commence à voir des oiseaux partout.

Oiseaux qui participent à une belle scène en Bretagne même si plutôt loufoque, tirée par les cheveux, qui me rappelle les diners de famille chez Chabrol mais en extérieur.

Chabrol avait d'ailleurs titré un de ses films 'Poulet au Vinaigre', on croise ici une autre recette de Poulet, sauf erreur de ma part car je n'ai pas encore revu le film, des "Nids au poulet et aux légumes" (que je découvre d'ailleurs aussi appelé 'Nid d'oiseau (nid d'amour) au poulet').

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Le MacGuffin du film ("concept scénaristique défini par Alfred Hitchcock....un objet,matériel ou immatériel, est prétexte au développement d'une histoire", est ici un livre de Proust, 'Du côte de chez Swann' dont le résumé de SC rappelle que "le narrateur s'aperçoit fortuitement, à l'occasion d'un goûter composé d'une tasse de thé et d'une madeleine désormais célèbre, que les sens ont la faculté de faire ressurgir le souvenir"...

Or on assiste dans le film à des scènes où des souvenirs de détails de preuves et pièces à convictions, reviennent soudainement aux personnages.

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Hitchcock et Chabrol auraient, je crois, beaucoup aimé les étonnantes soeurs violentes du film.

J'ai cru qu'une des soeurs était jouée par la comique Cécile Giroud (championne d'impro),

mais l'actrice s'appelle en fait Julie Moulier qui forme un duo original et singulier avec Jeanne Rosa (hilarante dans la scène où son tic irrépressible est de gifler celui qui lui a volé de l'argent...mais qui n'était "pas à elle").

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Je n'ai à ma connaissances pas (encore) de troubles mentaux mais le film rappelle combien ils sont tout autour de nous: 25% de la population. Et chez des gens qui travaillent0

Par exemple, j'apprenais récemment qu'un pour cent (1%) de la population est atteint de schizophrénie (qui ne les rend pas plus violents que le reste de la population au contraire de ce qu'on lit et entend dans des films comme 'Le sang du châtiment').

Marie Garel-Weiss est à ce sujet plus subtil et connaisseuse que mon cher William Friedkin.

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Le personnage de Benoît Poelvoorde est un avocat sans doute escroc, désormais en dépression et poursuivi par d'anciens clients violents.

Vu la mode actuelle, rien ne l'empêche de devenir Ministre de la Justice.

Mais le moment où il s'est révélé à mes yeux le plus égocentré, égoïste et maladroit est son absence de réponse et conseil quand son assistante lui annonce qu'elle a "arrêté ses cachets":

"J'ai arrêté mes cachets" est la phrase qui devrait alerter tous les aidants et proches de personnes malades et souffrantes. (Les choix des neuroleptiques selon les symptômes sont parfois très fins et une diminution volontaire ou accidentelle pour créer des délire très important). La personnage du film en semble l'exemple.

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J'ai aimé les hors-champ et ellipses du film qui racontent tout ce que je décris (un peu trop) et qu'on apprend par touches: on ne sait pas de suite que Mimi est avocate, on ne sait pas de suite que Jaoui et Poelvoerde ont été ensemble, on ne sait pas de suite que les deux femmes qui cherchent à parler à l'avocat ne sont pas que des victimes mais des tarées menaçantes...etc.

Mais le meilleur des hors-champ et aussi une des meilleures introduction de nouveau personnage dans une histoire de film, sont les premières apparitions du personnage joué par Raphaël Quenard qui n'est d'abord qu'une voix! A deux reprises.

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La crise psychotique en voiture n'est pas drôle du tout et rappelle le stress des aidants et proches: les parents sont d'ailleurs ici bouleversants (les regards de François Rollin, le papa, et de Florence Muller, la maman, en disent long sur ce qu'ils ont sans doute connu). Je découvre qu'ils s'appellent "Claude et Claudine".

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