Premier visionnage, je découvre ce film dont j'avais beaucoup entendu parler et quelle déception ! Bon, c'est pas la première fois que je suis déçu avec Audiard, ayant déjà vu quelques un des ses films qui m'avaient laissés sur le banc de touche comme Un Prophète ou Dheepan, dont la Palme d'or m'avait semblée suspecte, mais là c'est quand même fort… Il faudrait cela dit que je revois ces films avant de les noter et de donner un avis dessus, c'est ce que je m'engage toujours à faire avant de découvrir une œuvre, mais avec Sur mes lèvres là mon avis est fait et je ne reviendrais pas dessus je pense.
Ok, je vois l'histoire de type deux laissés pour compte et rejetés qui s'entraident, mais quelle complaisance dans la misère et la pleurnicherie ! C'est en fait un mélange de ce qui se fait de pire en film d'auteur, ou plutôt pseudo film d'auteur à la française et de ce qui se fait de pire en cinéma d'"action" ou cinéma de genre. Une sorte de cocktail explosif qui donne un pétard mouillé. En fait, je commence à me demander si Audiard n'est juste pas un imposteur, et si lui-même a conscience qu'il l'est. Au début du film, je me suis dit, ok une femme sourde qui travaille dans un bureau, sa vie à l'air merdique, et quand je vois qu'en plus elle est harcelée par des collègues, célibataire etc. tu sens l'accumulation foireuse et pas crédible qui est là juste pour remplir le scénario, mais à aucun moment j'ai l'impression d'être devant du Cinéma… Ce que semble rechercher Audiard, c'est bien plutôt l'adhésion du spectateur en jouant sur ses instincts ou ses pulsions que de soulever des interrogations et de provoquer une réelle émotion esthétique et cinématographique.
Cette note est peut-être sévère, et je suis conscient que je peux heurter des gens qui aiment ce film mais je n'ai pas trouvé quoi que ce soit à quoi me raccrocher, en fait ça m'a juste ennuyé.
C'est marrant parce qu'avec ce genre de films on voit vraiment la limite qu'il existe entre un Audiard et un Haneke par exemple, je ne sais pas si leur cinéma est comparable, quoique Haneke combine dans une certaine mesure cinéma d'auteur et cinéma de genre, mais même dans le processus. Haneke parle souvent du cinéma "mainstream" ou "consommable" et tout son cinéma vient marquer une opposition à cela, lorsque l'on voit Audiard on comprend de quoi Haneke parle, c'est-à-dire qu'Audiard ne veut pas faire un cinéma qui interroge le spectateur, qui après la fin lui fait poser des questions, lui laisser le champ libre pour l'interprétation, non, ce qui intéresse Audiard est précisément le divertissement ou l'"entertainment" mais sous une forme "auteurisante". Et je n'aime pas cette manière de se servir du drame social pour créer du cinéma "consommable", qui ne traite pas plus en profondeur les enjeux qui sont traités. Voilà sans doute ce qui me déplaît dans le cinéma d'Audiard.