Survival of the dead est donc le sixième film de Romero traitant de son sujet de prédilection à savoir les morts vivants. Après une première trilogie devenue absolument culte dans laquelle George A. Romero faisait des zombies le miroir des travers de nos sociétés le réalisateur reviendra sur le devant de la scène avec Land of the dead et Diary of the dead , deux films certes intéressant mais objectivement très en dessous des espoirs et de l'attente suscitée par un tel retour aux sources. Avec Survival of the dead, Romero semble maintenant conclure cette seconde trilogie en revenant à une production avec un budget plus modeste lui permettant à priori une plus grande liberté d'action. A l'arrivée Survival of the dead est malheureusement une très grosse déception plombé par des choix narratifs douteux, un budget limitant trop souvent la qualité des effets spéciaux, un propos qui tourne un peu en rond et des acteurs pas toujours d'une formidable justesse.


On retrouve dans Survival of the dead le commando de pilleurs qui apparaissait brièvement dans le chapitre précédent Diary of the dead. Ce petit groupe de militaires emmené par Nicotine Crockett cherche un endroit tranquille et loin des hordes de zombies qui rodent sur terre, ils choisissent alors l'option de partir vers une petit île perdue du nord des États-Unis. Très vite ils vont se retrouver confronter directement à deux familles habitantes de l'île et qui se livrent une petite guerre de territoire depuis des années ayant trouvés dans l'apparition des morts vivants une occasion de cristalliser toute leur rancœurs. D'un coté les O'Flynn sont partisans de la mise à mort systématique et sans pitié des morts vivants alors que de l'autre les Muldoom veulent garder les morts vivants en vie en espérant à la fois trouver un remède et une manière de les domestiquer.


La première immense déception vient des morts vivants eux même, de la pauvreté des maquillages vite fait qui font que tous finissent par se ressembler un peu dans une uniformisation assez peu habituelle pour un film de Romero. Dans les opus précédent on avait tous en mémoire un zombie précis de par son look ou son costume, un moment durant lequel Romero caractérisait un mort vivant d'une particularité qui marquait les esprits alors qu'ici tout semble se délayer par le bas dans une unification assez bis. On est donc très loin de Land of the dead ou encore Day of the dead dans lesquels les zombies étaient même les personnages principaux du film avec Budd et Big Daddy. Et Si Romero reste fidèle à la gestuelle et la lenteur des zombies qu'il a partiellement inventé on a parfois la désagréable sensation de le voir traiter de manière surprenante les morts vivants comme un élément de simple comédie. De nombreuses attaques de morts vivants donnent alors lieu à des gags pas toujours très drôle et surtout à la pertinence des plus relative laissant penser que papy Romero glisse plus son univers vers Zombieland que vers l'essence de ses propres films. George A.Romero se plaisait à dire que ses morts vivant iraient sans doute à la bibliothèque avant de faire une performance au sprint, pourtant on est bien loin ici des prémices d'intelligence et de communication esquissé avec Land of the dead, Romero préférant pour le plaisir d'un gag futile montrer des zombies bêtes à bouffer des chapeaux. Les morts vivants de Survival of the dead ne sont ici que des chairs à cartoon comme si George A. Romero avait sacrifié ses créatures en les plaçant non pas au cœur du sujet mais comme un simple élément artificiel de l'histoire.


Les effets spéciaux ne sont pas plus à la fête avec de nombreux effets numériques grossiers et mal incrustés faisant dangereusement glisser le film du bis à la limite du Z. Si les meilleurs effets spéciaux sont ceux que l'on ne remarque pas , Survival of the dead est très loin de pouvoir prétendre être un très grand film dans ce domaine. On peut comprendre que les restrictions budgétaire jouent sans doute pour beaucoup dans cet aspect peu reluisant du film mais on est aussi en droit de se demander pourquoi George A. Romero conserve dans son film des séquences assez immondes en matière d'effets spéciaux comme celle des têtes vivantes sur les pieux. Le film comporte aussi des effets plus traditionnels mais dans l'ensemble on ne cesse de tiquer devant les gerbes de sang numérique qui ne sont jamais traité à l'image d'une manière très graphique et devant certaines scènes à la qualité technique plus que douteuse comme le zombie qui s'enflamme suite à un tir de pistolet de détresse.


Déjà bien plombé par ses deux défauts des plus rédhibitoire Survival of the dead ne décolle jamais non plus en matière de mise en scène et de scénario. Romero livre avec Survival of the dead son film de morts vivants le plus poussif et le moins attachant. Le film s'embarrasse de personnages totalement dispensable comme le jeune adolescent accroché à son portable, la sœur jumelle de Janet et a bien du mal à faire exister les autres du fait de leurs gros traits de caractères et du jeu parfois poussé et poussif des acteurs ( La VF catastrophique renforce encore plus cet aspect déjà qu'en VOST c'est pas grandiose). Seule Athena Karnakis dans le rôle de Tomboy parvient à susciter un minimum d'empathie pour son personnage de militaire lesbienne et droite dans ses rangers. George A. Romero joue ici avec la mythologie du western pour montrer comment les hommes sont depuis des millénaires en conflit avec eux même, une idée pertinente mais souvent bien mal exploité puisque le réalisateur n'utilise jamais l'imagerie iconique du genre pensant sans doute qu'un type en chapeau, un cheval et en enclos suffisait à évoquer tout un pan de l'histoire de l'Amérique et de son cinéma. On assiste bien à un gun-fight filmé à l'ancienne montrant que Romero ne cèdes pas à la facilité ni à la mode mais la séquence manque de souffle et de dynamisme au montage pour être vraiment convaincante, d'autant plus qu'une fois encore elle est plombé par des gags inappropriés. Quand au message du film on a surtout la sensation que Romero tourne un petit peu en rond depuis 40 ans en nous resservant encore l'images des hommes plus dangereux et cruels que les zombies eux mêmes. Autant dire que l'on aimerait voir la thématique évoluer un peu et prendre une nouvelle dimension plutôt que de rabâcher ad vitam le même discours tout en montrant des morts vivants de moins en moins « attachants ».


Fort heureusement il reste le plan final assez magnifique accompagné d'une voix off aussi moralisatrice que cynique montrant des hommes suffisamment cons pour se déchirer depuis des millénaires pour un lambeau de terre et continuant au delà de leur vie à se battre entre eux. Enfin Romero nous balance une idée emprunte de noirceur absolu et de désespoir en l'humanité montrant que même mort on pourrait toujours rester aussi cons et conserver nos vieux reflex belliqueux . Un final qui permet de retrouver enfin sur le fil le Romero de la première trilogie, ce n'est pas ça qui sauve le film mais ça évite déjà le naufrage et ça permettait encore d'espérer retrouver Romero sur un film de zombies un peu plus sérieux et maîtrisé que ce bien décevant Survival of the dead. Finalement Romero rejoindra les morts et Survival of the Dead restera donc son tout dernier film. Triste ironie du sort d'avoir consacré une bonne partie de sa vie à faire revivre les morts pour être finalement contraint de les rejoindre au cimetière. Il reste que si Romero est mort, son esprit et quelques pièces maîtresse du cinéma horrifique resteront vibrantes et vivantes pour longtemps encore. Définitivement mort et éternellement vivant, la boucle est bouclée

freddyK
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le 2 mai 2020

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