Chorégraphe reconnu pour ses comédies musicales sur scène, Bob Fosse réalise ici son premier film pour le cinéma. Evidement ce sera une comédie musicale, et il adapte un gros succès de Broadway à l'écran. Hélas son film va arriver trop tard sur les écrans. Entre temps la contre culture des beatniks à changer les mentalités du public qui ne veut plus de ces mélodrames chantant, qui se tournent depuis les années 50. Le film sera un échec au box office et Bob Fosse en tirera les leçons pour ses prochains films.
Pourtant celui-ci n'a pas ménagé ses efforts avec de très beaux numéros chorégraphiés notamment au début du film. Le style déjà moderne du chorégraphe se reconnait dans des séquences très jazzy et au style expérimental inspiré justement de tout ce que la contre culture à apporté très récemment. Le défaut du film sera justement de ne pas avoir maintenu cette modernité de style tout au long du film. On imagine que sous la pression de la production, Bob Fosse dut mettre en scène des numéros de danse plus "classique" (dans l'esprit des années 50/60) dans son film. Mais le film souffre surtout d'un scénario extrêmement pauvre et d'une longueur excessive de 2h30. Enfin, et c'est là que l'on remarque que c'est un premier film pour Bob Fosse, celui-ci a beaucoup de mal à gérer les transitions entre les passages parlés et les passages chantés. Souvent les raccords se font par la facilité d'un cut au noir ou une d'image figée. Le cinéaste ne fera plus cela dans ses prochains films, qui auront tous un scénario solide et des numéros bien intégrés à la mise en scène.
On peut s'interroger sur la fin ambigüe du film. Charity déprimée après s'être fait largué par son fiancé et ne pouvant plus, par honte, retourner voir ses amies, est consolée par une bande de jeunes hippis qui lui offre des fleurs. Faut-il y voir une métaphore de la nouvelle génération qui est en train de révolutionner la pop culture et les meures de cette fin des années 60 ? Est-ce une condamnation du modèle sacré de la femme mariée et de la famille modèle américaine ? En tout cas cette fin ne marche pas du tout et on sent bien le happy end imposé de force. Par un carton "Et elle vécue heureuse..." .