Swing Girls par HuangFeihong

Presque une décennie s'est écoulée depuis mon premier visionnage et le constat reste le même : c'est le film le plus abouti de Shinobu Yaguchi.
Reste à revoir Wood job! mais je ne pense pas que mon avis changera.

Avec Swing Girls on est dans la plus pure tradition du récit de jeunesse (Seishun eiga) initiatique se déroulant dans un établissement scolaire auquel est rattaché un club, ici les filles formeront un big band suite aux déconvenues (que je ne spoilerai pas) de l'orchestre symphonique principal, des personnages stéréotypés pour mieux les magnifier, un récit linéaire jonché de petites embuches avec à la clef un concours de musique.

Le style du réalisateur n'est plus à présenter, j'exagérais à peine si je disais qu'il suffit de voir un de ses films pour savoir dans quoi on va s'embarquer par la suite, la structure reste sensiblement la même.
Cette jolie aventure humaine commence par une troupe de filles difficilement recommandables : des espèces de pimbêches superficielles et glandeuses qui trouvent l'excuse du club de musique pour échapper aux cours de rattrapage, dans le moule on peut apercevoir deux figures plus caricaturales que les autres avec une mort de faim en surpoids équipé d'une ceinture à électrostimulation et l'intello de service sage et taciturne.
Je vais dire une banalité mais je ne vois pas comment le dire autrement, le film fait un sans faute à tous les niveaux puisque je ne vois aucun élément, aucun personnage, aucune situation prenant le pas sur une autre, le rythme est confortable et l'humeur générale des plus légères.
Sans doute moins drôle qu'un Waterboys affirmant fièrement son bagage mangaesque, ici bien entendu on reste dans une ambiance que connaissent bien les amateurs de Shojo (sportif) mais ça reste moins burlesque que le film sus-cité ou My Secret Cache par exemple.
Là où le film est très drôle c'est en jouant avec la personnalité de chacune des filles avec entre autre une chute à vélo hilarante ou un incendie de Gyoza dans un supermarché dans le style pince sans rire propre au réalisateur sans oublier quelques séquences plus fantasques comme la cueillette aux champignons!
Dans tous les cas Shinobu Yaguchi témoigne de beaucoup d'amour pour toute cette troupe de filles, il y a toujours de nobles valeurs partagées par la persévérance et l'abnégation de ces jeunes filles fragilisées par la société.
C'est pas forcément très explicite mais on a quand même des jeunes en difficulté scolaire préférant s'acheter du Armani ou du Louis Vuitton, avec des groupes très identifiables qui forgent des alliances individuelles on peut le voir lorsque les filles abandonnent l'idée de faire partie d'un groupe de Jazz et reprennent leur quotidien, lors d'une seule scène elles se croisent sans se parler... (D'autres grands films traiteront plus en profondeur le sujet notamment All About Lily Chouchou, Bounce Ko Gals...etc ) mais ne vous inquiétez pas l'humeur est chaleureuse et nous invite à se lever et danser en rythme.

Comme depuis le début de sa carrière (bon je n'ai pas vu son premier avec la sale note de Waho) il sait soigner ses personnages secondaires, ils sont très binaires certes mais ils ont suffisamment de personnalité et de situations bien à eux pour avoir toute mon empathie, Shinobu Yaguchi se permet d'afficher beaucoup de dérision avec le personnage campé par Naoto Takenaka. Et vive les deux petits fragiles punk ♡
On a bien conscience de comment tout ça va se terminer, les épreuves à traverser sont légères et les quelques petits moments plus dramatiques ne sont jamais forcés ou ne sortent jamais de son chapeau pour créer de l'émotion, ils découlent simplement des petits défauts de chacun : on le sait que ces filles sont étourdies ! Je leur pardonne tout!

Bref c'est mon feel good movie de référence et si il y a bien un film de club japonais à voir c'est bien celui-là (et Linda Linda Linda que je me dois de revoir absolument!)