Pour son premier film d'animation en tant que réalisateur, on peut dire que Masahiro Andô n'y va pas avec le dos de la lame. Sword of the Stranger est une ode guerrière offrant une magnifique leçon d'histoire sur le Japon de l'ère "Sengoku", dans un pays déchiré par les guerres civiles, d'où son nom de "période des Etats en guerre". C'est au sein de la débacle des provinces que l'empereur de Chine envoie une délégation de puissants bretteurs trouver un jeune garçon destiné à être sacrifié dans un rituel occulte apportant la vie éternelle. Parmi eux, le cruel Kotarô, un épéiste hors pair davantage préoccupé par la recherche d'un adversaire digne de lui que par la réussite de sa mission. Il le trouvera en la personne de Sans-Nom, un rōnin au passé trouble ayant scellé son sort à celui de l'enfant en devenant son garde du corps malgré le noeud de paix empêchant son sabre de quitter son fourreau.
Animation traditionnelle et tridimensionnelle se marient à merveille dans cette épopée spectaculaire et violente, la grâce des combats dantesques n'ayant d'égal que leur fureur. Le premier duel est à ce titre un modèle du genre, et permet de poser les jalons d'une stylisation qui conjugue esthétisme et efficacité. Las, une fois les phases d'action terminées, la conduite narrative piétine malgré une volonté salutaire d'inscrire les personnages dans une histoire solide, et le film s'en retrouve à perdre énormément de son rythme des débuts pour le retrouver seulement à la fin. Quelques coupes abruptes dans le montage étonnent et le choix d'avoir limité la bande originale à un seul morceau de musique, pas désagréable en soi mais lourdement répétitif, n'est guère convaincant. Un coup d'essai concluant en attendant le coup de maître.