Wuxia était à l'origine un genre littéraire désignant des aventures de pratiquants d'arts martiaux se déroulant dans l'ancienne Chine. Depuis, il s'est étendu aux arts, à la bande dessinées, aux jeux vidéos et au cinéma dont le terme est Wu Xia Pan qu'on pourrait traduire par l'équivalent chinoise de nos films de cape et d'épée.
Le long-métrage se part de deux méga-stars asiatiques : Donnie Yen devenu l'icône d'Ip Man et Takeshi Kaneshiro rendu mondialement célèbre via le jeu vidéo Onimusha dont il partageait le troisième opus avec Jean Reno.Le tout sous la houlette de Peter Ho-Sun Chan qui avait notamment co-réalisé Les Seigneurs de la guerre qui réunissait Takeshi Kaneshiro avec Jet Li et Andy Lau (deux autres stars mondiales du cinéma asiatique).
Wu Xia offre un mélange assez rare dans le cinéma chinois à savoir le classique duo action/drame avec un soupçon de thriller. En débutant le film par une enquête plutôt bien amenée où le détective retrace les évènements mentalement d'après les dires et la disposition de la scène de combat ce qui nous amène une des scènes les plus impressionnantes techniquement du film. Les avances rapides et ralentis sont utilisés avec un très bon sens du rythme, presque musicale pour nous apposer un schéma digne de Rashomon où entre le témoignage et la vérité, le chemin est parfois long. Une très belle scène à double sens qui doit non seulement à l'impeccable réalisation de Peter Ho-Sun Chan mais aussi à la chorégraphie de Donnie Yen impressionnante de précision et de technique (mais ça, on le savait).
L'autre gros surprise concerne les effets spéciaux. Alors qu'on est plutôt habitué à se moquer gentiment de leurs niveaux dans les blockbusters asiatiques, ils nous bluffent dans Wu Xia en affichant une maîtrise aboutie (voir cette dent qui s'éjecte de la mâchoire d'un des combattants). Bien sûr, tout n'est pas parfait mais l'ensemble est plutôt homogène et on n'y trouve rien à redire.
Après une première partie orienté thriller nous délivrant parfois de gros moments de tension palpable comme cette scène où Donnie Yen ramène Takeshi Kaneshiro vers la ville, on vire vers le pur film de cape et d'épée chinois avec l'arrivée des 72 démons.
Cette deuxième partie propose des combats efficaces où l'enjeu dramatique et la technique exceptionnelle de Donnie Yen se marient à merveille. Ce qui nous d'avoir des affrontements d'une intensité à nous accrocher aux fauteuils. J'ai même eu quelques frissons, un phénomène tellement rarissime qu'il faillait bien le notifier.
A noter aussi que la présence du détective joué par Takeshi Kaneshiro apporte beaucoup à ce film et permet de l'affranchir du simple Wu Xia Pan grâce à une dimension factuelle rarement vu dans ce genre de film. Ici chaque coup, chaque réflexion est appuyé par des schémas précis mettant en avant les méridiens. On se rend compte que les chinois ne délivrent pas leurs coups au hasard comme peuvent laisser penser les combats où les organismes combattent à une vitesse proche de celle du son.
Au delà de ça, on dispose d'une histoire tournant autour d'un homme au passé trouble mais je n'en dirais pas plus car le film joue beaucoup dessus. Il y aura quelques passages émouvants pour ce Wu Xia qui, décidément, réussit dans tous les genres qu'il a décidé d'englober : les arts martiaux, le thriller et le drame.
Tout n'est pas parfait non plus, le film souffre de quelques égarements et d'une certaine prévisibilité dans son déroulement du fait qu'il s'inspire grandement des Wu Xia qui n'ont quasiment aucune originalité.
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