Découvert dans de petites productions indépendantes, Mark Ruffalo a depuis fait son chemin à Hollywood et se permet de passer à la mise-en-scène avec... une petite production indépendante. Comme un retour aux sources, son Sympathy for Delicious témoigne d'une certaine sensibilité, d'un amour véridique des acteurs ( même Orlando Bloom est très bon, c'est dire ! ) et révèle en Mark un réalisateur à suivre.
Ecrit et interprété par Christopher Thornton, le film raconte comment Dean, un DJ paraplégique SDF tente de renouer avec le succès, et devient du jour au lendemain le détenteur de miraculeux pouvoirs de guérison... Emerveillé, un prêtre ( Ruffalo ) va tenter de le convaincre de guérir les plus démunis, mais Dean va préférer céder aux sirènes du pognon en intégrant le groupe de Rock-Trash-Fusion-Chelou d'Orlando Bloom et Juliet Lewis.
Ce qui permet d'explorer un thème peu vu : qu'arrive-t'il lorsqu'un évènement systématiquement attribué à la religion se fait complètement païen ? Dean n'embrasse ce qu'il considère comme une malédiction que pour servir sa propre cause, et n'hésite pas à marchander sa foi. Il en résulte une scène complètement bizarre et inquiétante de guérisons en série en plein concert tandis que la manager du groupe ( Laura Linney, géniale ) se frotte les mains.
D'ordinaire, ce genre de pitch sombrerait dans le prêchi-prêcha nauséeux, surtout aux USA : "Vous voyez bien que Dieu il existe, sinon y ferait pas ça, etc..." Mais Mark Ruffalo se garde bien de verser là dedans. Son film ne parle que d'hommes, de leur fêlures évidentes aussi bien que de leurs forces cachées.
Et Dieu sait qu'il faut en avoir, des couilles, pour finir son film avec une chanson des Bee Gees !