L'hôtel Beauregard dans la station balnéaire so british de Bournemouth est le théâtre d'un moment de vie crucial pour (presque) chacun de ses résidents. On y trouve une vieille aristocrate, sycophante à ses heures perdues (et dieu sait qu'elle en a), très à cheval sur les conventions et les valeurs chrétiennes de l'ancien monde et sa fille en mal d'amour et d'aventures, un ancien "major" rat du désert fabulateur et frustré, un ancien mannequin à la recherche de son amour passé, l'homme en question, échaudé par cette dernière, écrivain pochtron à ses heures perdues (et dieu sait qu'il en a) et fiancé à la gérante de l'hôtel, la gérante de l'hôtel mais également un jeune couple sur le point de se marier et trois autres individus d'un certain âge (un homme et une femme en manque d'assurance et une autre à leur exact opposé). Toute la vie de ce petit monde se retrouve chamboulée lorsque la duperie du "major" est révélée au grand jour dans le journal local. Le major chevronné de la 7e division blindée britannique s'avère en fait n'être qu'un lieutenant réserviste posté en Inde dans un entrepôt d'armes et le gentleman gouailleur un poltron habité par le vice de son pucelage, en témoigne ses frasques dans l'obscurité d'une salle de cinéma. Les habitants sont en émoi (ou pas) et sous l'impulsion de la vieille matriarche, la question du sort à réservé au bonhomme est posé : doit-on lui demander de plier bagages ou au contraire de rester? Catalysée par la promiscuité des résidents (on peut parler sans élever la voix à son voisin malgré les tables séparées dixit Rita) va se cristalliser autour de cette question, une lutte générationnelle entre l'ancien monde, lisse à l'extérieur mais gangréné à l’intérieur, et le nouveau, qui suit immédiatement la seconde guerre mondiale, peu soucieux des convenances et vivant pour l'amour et le sexe.
Dans une scène finale d'anthologie c'est évidemment le nouveau qui l'emporte, incarné par le désormais "lieutenant" Pollock, réserviste dans la logistique et factionné aux Indes.
Oscar pour Niven dans le rôle du "major" bonimenteur que devait originellement tenir, selon la volonté du producteur-acteur du film Lancaster, Laurence Olivier (il devait également en assurer la réalisation). Pour des raisons de tempéraments et d'exigences contraires cela ne se fit pas. Sa femme Vivien Leigh devait interpréter le rôle de Ann Shankland, le mannequin épris de Lancaster, qui échu finalement à Hayworth. Oscar également, mais dans un second rôle cette fois, pour Wendy Hiller qui interprète la gérante bienveillante de l'hôtel. Quant à Deborah Kerr, nominée également, elle est parfaite en vieille fille à maman toute de frustration contenue.