Un mensonge dans un bel emballage ?

Je ne sais pas si Tangerine (pour les non-anglophones : Mandarine) avait été distribué en France lors de sa sortie internationale en 2015. Si oui, je l'avais raté. Il sort ou ressort maintenant parce que son réalisateur Sean Baker vient, comme on sait, d'obtenir la Palme d'or à Cannes. Et je suis allé voir ce Tangerine sans en connaître véritablement le sujet, le bref pitch de sa fiche technique ("24 heures dans la vie d’une drôle de Cendrillon qui traverse la cité des anges à la recherche de sa rivale") n'en révélant pas grand chose.

Ce que je veux surtout dire à tous ceux qui ne l'ont pas encore vu , et qui ont la possibilité de le découvrir, c'est de ne pas passer à côté.

C'est un film stupéfiant. Je n'en croyais pas mes yeux. C'est extrêmement audacieux, dément, scan-da-leux (et le mot est faible), et néanmoins drôle, touchant, super bien filmé (avec de tout petits moyens, sans qu'on ne le soupçonne vraiment ou que ce soit gênant) et doublé d'un accompagnement sonore très étudié.

Ça nous fait découvrir un Los Angeles humain et sidérant ("un mensonge dans un bel emballage" dit un des personnages du film, propos qui n'est pas totalement juste, qu'il s'applique à la cité des anges... ou à l'une et l'autre "héroïnes" de l'opus), un certain envers du décor, le monde des trans et des chauffeurs de taxi. Je ne m'attendais pas du tout à ça.

J'ai trouvé le film très réussi... jusque dans sa conclusion (la mise en évidence d'une vraie amitié entre deux êtres parmi les plus bafoués de l'humanité : deux prostitués trans afro-américains). Du coup, j'ai hâte de voir Anora, la Palme d'or 2024.