Murnau a la grande intelligence d’insérer la réception contemporaine de l’œuvre moliéresque au sein de son adaptation, de sorte à prouver (si besoin) l’extrême actualité du caractère dépeint, à savoir le faux dévot et, au-delà de l’aspect strictement chrétien, le faux prophète, qu’il soit religieux, politique ou social. Film dans le film, Tartuffe bénéficie d’acteurs remarquables, avec dans le rôle-titre un Emil Jannings délicieusement détestable, et d’une mise en scène soignée qui capte la mouvance des corps devant des murs blancs où se projettent leur aveuglement ou, au contraire, leur malignité. Certaines scènes comiques rappellent que la pièce de Molière est avant toute chose une comédie de caractère : Tartuffe sur son hamac ou à la table du petit-déjeuner vaut son pesant d’or ! Murnau livre une excellente adaptation, un peu simplifiée par instants, mais diablement efficace.