Tatami
7.5
Tatami

Film de Zar Amir Ebrahimi et Guy Nattiv (2023)

J'ai vu la bande annonce quelques jours avant sa sortie, j'étais très hypé par la proposition d'un film irano/israélien. Je me dis que c'est peut-être la première fois qu'on assiste à un featuring artistique entre ces deux états et ça me branche.

J'étais déjà conquis par ce noir et blanc, ce format 4:3 et ce casting presque entièrement féminin.

Eeeeeet bof ...

C'est moyen, voir moyen très bas.

Voir même très nul.


Enfaîte c'est de la merde.


J'ai l'habitude d'aller voir des films mauvais/nuls, pas de quoi en faire une critique mais là c'est différent, je vois sur ce site et dans les médias que tout le monde en dit du bien, même pas une critique négative! Là je comprends pas il faut m'expliquer ?

Encore pire, tout le monde a l'air de croire que c'est le film de l'année !


Donc le film commence, noir et blanc, format 4:3, la B.A. ne m'a pas menti.

Il me semble que le premier plan est sur la judoka iranienne qui regarde le paysage géorgien qui défile sous ses yeux, chouette un film contemplatif ! On va peut-être profiter de plans longs et sans dialogues, peut être qu'on va voir un film de CINEMA mais enfaîte ça n'arrivera à aucun autre moment!


Le truc qui m'a mis la puce à l'oreille c'est le premier dialogue entre la judoka iranienne et l'israélienne, elles échangent des banalités sous l'œil un peu inquisiteur de la coach iranienne qui a pas l'air d'apprécier cette discussion.

Je trouve les dialogues assez pauvres et le jeu d'acteur pas très bon mais passons.


Le deuxième truc qui m'a mis fait douter de la qualité du film c'est le premier combat de la judoka iranienne.

En soit les combats sont assez bien filmés, l'action est lisible et le rythme est bien tenu! On est pris par la scène et on a vraiment l'impression de voir un film sur le judo, seul bémol: Les voix des commentateurs qui ne veulent pas fermer leur gueule une seule seconde! On sent vraiment qu'ils se sont retrouvés en post-prod et qu'un monteur son leur a dit que leur film paraissait vide, du coup ils ont voulu combler ce vide avec des commentateurs insupportables qui t'expliquent exactement ce que t'es en train de voir.


Je me suis "ça va, c'est le premier combat ils vont pas mettre les commentaires sur tous les autres" mais si enfaîte!!! Ils l'ont fait et y'a au moins une demi-douzaine de combats après celui là!!!

Le pire c'est que jusque là tout le film était en langue Farsi et qu'on se retrouve avec les commentaires exclusivement en anglais... ça gâche tout...


Bon, après ce combat qui est marrant deux secondes on retrouve la coach qui reçoit un appel d'un grand méchant de la fédération iranienne qui lui dit que sa championne doit arrêter la compétition, au début ils ne précisent pas pourquoi mais la coach force pour savoir et ils avouent que la combattante iranienne, notre protagoniste, doit abandonner son combat car la fédération iranienne a peur qu'elle tombe contre l'israélienne.


On aura la backstory de la coach plus tard qui a dû feindre une blessure pour abandonner un combat contre une israélienne des années plus tôt. Ce qui a mis fin à sa carrière.

Mais donc elle voyait pas le truc venir quand la fédé lui demande de faire abandonner sa championne ??? A quel moment elle n'est pas au courant de cette subtilité ???? Surtout qu'elle a vu sa championne parler à l'israélienne plus tôt ???

Tout est dit de manière très didactique, sans aucune subtilité, enfaîte l'existence même de cette scène est purement et simplement de nous faire comprendre le scénario! Scénario qui est entièrement basé sur ce cette scène!! C'est incohérent ...

C'est à ce moment que j'ai eu la preuve irréfutable qu'on avait affaire à un film de merde qui allait tout miser sur son pauvre scénario.


Mais LE PIRE dans tout ça, c'est que je croyais que l'iranienne allait combattre contre l'israélienne au combat d'après, ce qui aurait été logique mais enfaite pas du tout ! Elle serait tombé contre elle éventuellement 6 ou 7 combats plus tard, et ça c'est si toutes les deux avaient réussi à gagner chacun de leur combats respectif!!! La probabilité que ça arrive était infime, donc pourquoi lui demander de quitter le tournoi juste après ce premier combat??? ça n'a aucun sens... à part celui de vouloir nous créer une tension artificielle tout droit sorti de l'esprit d'un scénariste qui se croyait super chaud au moment où il/elle a écrit ça...


Parce que la réalisation est à chier aussi, ça se la pète un peu avec un noir et blanc et un 4:3 (j'avoue je suis aussi tombé dans le panneau en voyant la B.A.) mais en vrai, ces artifices n'ont absolument aucune utilité dans l'esthétique du film, à part de se la péter... Mais du coup autant faire une pub Hermès ?

Parce que pour faire un nouveau Ragging Bull c'est très mal parti...


Bon enchaîne les combats qui deviennent de plus en plus inintéressant, les commentateurs font du name dropping de techniques de judo, c'est un peu nul on a l'impression de regarder un shonen.

La coach fait pression sur la judoka iranienne pour qu'elle abandonne, elle veut pas.

On a un "faux" spectateur qui est en réalité un agent de la république islamique (zélé et tellement caricatural dans ses menaces, on dirait un méchant de James Bond) qui prévient notre judoka que le gouvernement iranien a mis en garde à vue la mère de la coach et les parents de la judoka, elle est sur le point d'abandonner, elle se cogne la tête contre un miroir mais finalement elle continue parce que femme forte, blablabla...


Je m'étale pas sur ces scènes car c'est du réchauffé, c'est là uniquement pour nous faire avancer dans le récit.

On se mange évidemment des flashbacks de merde sur la vie en Iran de notre judoka, elle va en boîte, enlève son voile (ça aura son importance après)

On a une scène où elle est dans le lit conjugal avec son mari et la fédé l'appelle pour lui demander si elle a bien l'autorisation de son mari pour pratiquer professionnellement le judo. Je ne doute pas de la véracité de ce qui est en train d'être dit mais la mise en scène est archi nulle, le mari prend le téléphone, en fait des caisses pour dire que sa femme est libre, on dirait qu'ils ont pas grandi dans ce pays.. C'est écrit avec les pieds, encore une fois aucune subtilité dans les dialogues..

Paye ton féminisme...


ET SOUDAIN: Syndrome du white savior (ça faisait longtemps que j'en avais pas vu un, je pensais que c'était passé de mode.


Donc on revient dans la compétition et une femme de l'organisation du tournoi qui commence à trouver bizarre l'absence de la coach pendant les combats de sa championne.

Sans compter qu'elle a assisté à une embrouille un peu musclée entre les deux quelques minutes plus tôt.

Elle remarque aussi une blessure que s'est infligée la judoka pour peut être abandonner le tournoi (elle utilise sûrement sa boule de cristal pour en déduire ça)

Mais non car elle va voir sa supérieure hiérarchique pour lui dire qu'elle a déjà vu des judoka iranienne faire semblant d'être blessées pour abandonner un tournoi.

Elle arrive à convaincre sa supérieure d'intervenir et isole la judoka.

Encore une fois je ne doute pas de la réalité des sportives iraniennes qui sont régulièrement menacées pour leurs propos/action en compétition mais à quel moment ça intéresse l'organisation de la compétition qu'une combattante veuille arrêter un combat ??

Je pense qu'ils en ont rien à foutre IRL on veut juste nous montrer toute la bonté occidentale face à la barbarie constante du moyen-orient.


Et c'est ça tout le film: les méchants iraniens contre les gentils occidentaux qui ne font qu'aider cette pauvre femme en détresse. La judoka iranienne n'est pas la seule combattante de sa délégation, elles sont au moins une dizaine et elles sont filmées comme des plots, toujours floues, en arrière plan, sans aucun dialogue... On peut-être pu aurait pu avoir leurs avis à elles plutôt que d'être concentré sur les femmes de l'organisation je sais pas ??? Ou avoir une parole intérieure sur ce qui se joue en Iran, où les femmes manifestent au péril de leur vie. La cause est trop importante pour en faire un film aussi manichéen... Tout est noir et blanc dans le propos comme à l'image.


On a une scène toute nulle où après avoir reçu un étranglement la judoka iranienne enlève son voile parce qu'elle continue d'étouffer et que sans, évidement ça va tout de suite mieux. J'ai failli exploser de rire au vu de la grossièreté de la mise en scène.

Je me demandais si ils allaient aussi dévoiler la coach mais je me suis dit que non, ils n'allaient pas oser... Que c'était pas possible, ils pouvaient pas être aussi frontaux... Et si, ils le font...

On veut que les femmes enlèvent leur voile ou qu'elles s'habillent comme elles veulent? Les féministes il faut choisir!


Le film se termine en full drama sur la coach qui réussit à s'échapper d'entre les mains des iraniens qui détiennent son passeport, elle va dans la chambre d'hôtel de sa championne et s'excuse pour les pressions blablabla courbe de rédemption accomplie. Bravo.

On retrouve notre championne dévoilée dans un plan qui fait écho au premier plan du film pour aucune raison? A part qu'elle est assis de l'autre côté du bus????


J'attends un peu de voir les crédits du film et je constate avec stupeur que ce n'est PAS Caroline Fourest qui a écrit et réalisé ce film ? Pourtant c'était de la merde et ça se voulait féministe sans l'être à aucun moment.


Bon la prochaine fois qu'on a un film featuring entre deux états en guerre je verrai la carotte venir, tout ça ne pouvait donner qu'un film de centriste mou ...

Je retourne regarder les highlights du match de qualification de la coupe du monde 2022 entre la Corée du nord et la Corée du sud, y'avait eu un peu + d'intensité.

Hugues_Seuguh
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Hugues Seuguh

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