C’est à De Niro que tu parles ? C’est à De Niro que tu parles ?!

Taxi Driver, réalisé par Martin Scorsese et sorti en 1976, fait parti des grands du cinéma américain. Veste de l’armée de couleur kaki, teint pale, crête à l'iroquoise, lunettes de soleil, suivez l’histoire d'un chauffeur de taxi solitaire, arpentant les rues sombres et violentes de New York. Palme d’or du Festival de Cannes en 1976, profond, brillant, grand temps il était de vous parler de cet incontournable du septième art.


Travis, cet ancien du Vietnam qui allait exploser de rage


"Je suis maintenant convaincu que la solitude, loin d'être un phénomène rare ou étrange est le fait central et inévitable de l'existence humaine." Le solitaire de Dieu, Thomas Wolfe


Dans toute notre vie, nous avons fait au moins une fois l’expérience de la solitude. Quand on met du temps à la quitter, on en vient à faire parti de ces gens se parlant à eux-mêmes. Ou on finit par devenir dingo, ou on devient aigri, ou on en ressort grandit. C’est avec une curiosité presque dérangeante que l’on suivra la descente aux enfers de notre futur justicier, justement solitaire, racontant son quotidien, ses peines et ses petits moments de joie dans son journal intime. Le truc c’est que lui, il a fait la guerre.


Tout comme un certain John Rambo, Travis Bickle est en quête de reconnaissance, de respect. Cet ancien soldat est quand même allé se battre au Vietnam alors que d’autres vaquaient à leur routine. Cette guerre traumatisante ayant marquée bons nombres d'hommes, cette guerre ayant fait autant de ravages sur le front qu’en faisant rentrer ces soldats au bercail. Travis a pourtant eu espoir en un meilleur avenir lorsqu'il faisait la rencontre de la belle Betsy, assistante du sénateur Charles Palantine, futur candidat à la présidence. Malheureusement, l'idylle touchante et mignonnette tournera au drame lorsque notre héros fera une grosse boulette.


Travis : le pire dragueur que le monde n’est jamais connu, emmenant son rencard au cinéma voir un documentaire…porno ! Plouf. Sans celle qui aurait pu être sa bouée de sauvetage l'empêchant de couler au plus profond des abysses, Travis sombre. Mais lorsqu'il fait la connaissance d'Iris, jeune prostituée de tout juste 12 ans et demi, paumée et naïve, merveilleusement interprétée par la toute jeune Jodie Foster, l'homme y voit quelque chose de spirituel, quelque chose représentant une forme de rédemption. Et si en la sauvant il se sauvait? Il va falloir se remettre en forme, se trouver des armes pour pouvoir tenir tête à Harvey Keitel, le mac d’Iris.



Toute ma vie j’ai été suivi par la solitude. Partout. Dans les bars,
les voitures, sur les trottoirs, dans les magasins... partout. Y’a pas
d’issue... j’suis abandonné de Dieu.



Un drame psychologique à la fois intense et fascinant


De Niro, classe, énigmatique, insomniaque au point de devenir dépressif, blasé, lucide, si effrayant, si convaincant, si solitaire, d’un coté, on ne cautionne pas son extrémisme, de l’autre, on comprend pourquoi il en est arrivé à là. Ce type lambda payant ses factures, faisant ses courses, allant bosser et étant dans l’ensemble, quelqu’un de respectueux, cache un mal être profond, une colère enfouie en lui dont il n’arrive pas à se débarrasser. Il ne supporte plus l’injustice dans les rues de sa ville et encore moins la perversité de l’homme.


Il fait alors comme la plupart des gens ayant perdu foi en l’humanité, il les mets tous dans le même sac poubelle. Plus de confiance en qui que ce soit, encore moins en ces collègues irrespectueux et débiles. A un moment, il ira jusqu’à se donner une mission: se débarrasser de la racaille, véritable poison des rues.


Les politiciens et leurs grands mots, Travis, il en a ras la casquette. C’est bien beau de parler, nous ce qu’on veut c’est quelqu’un qui agit. Alors au départ, Travis, tout comme d’autres, il va jouer dans l'ironie. Les discours des politiciens le font bien rire, surtout celui du futur sénateur. Le plus comique dans tout ça c'est de voir cet homme prononcer un beau discours censé redonner une lueur d'espoir aux gens alors que, caché dans l'ombre de la foule, Travis, lui, il va être le véritable homme prêt à s'occuper de l'affaire. Tout comme maintenant, les Etats unis souffraient du chômage, du crime et de la corruption. Taxi Driver n’oubliera pas d’en parler.


Notre homme caché va finir par se dévoiler, devenir un homme d'action faisant tout ce que la plupart d'entre nous ne ferions pas de peur de finir sous terre ou derrière les barreaux. Les rues de New York puent la perversité, la violence et la criminalité. Sous nos yeux, nous allons suivre l’évolution, l’ascension de Travis troquant ses fringues de chauffeur de taxi pour une tenue de justicier défenseur des faibles.



Il y a toute une faune qui sort la nuit : putes, chattes en chaleur,
enculés, folles, pédés, pourvoyeurs, camés, le vice et le fric. Un
jour viendra où une bonne pluie lavera les rues de toute cette
racaille.



Au final, Taxi Driver mérite tant de louanges. Son style, son ambiance, son jeu d'acteurs, sa musique jazzy digne d’un vieux polar mélancolique, sa manière de montrer la ville de New York pourtant éclairée de jolis néons mais sale et peu rassurante, sa narration et son dénouement en font une œuvre unique en son genre. Un chef d'œuvre, une petite pépite du cinéma vous montrant que le cinéma dramatique, si tenté qu'il soit bien écrit, bien joué, peut être aussi fascinant qu’un film à grand spectacle.

Créée

le 7 juin 2018

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Jay77

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