Cela faisait un sacré petit temps que je n'avais plus vu Taxi Driver, film que j'avais considéré lors de sa première vision comme un chef-d'oeuvre.
Outre Scorsese derrière la caméra, le casting se compose de DeNiro, Keitel ou encore la toute jeune Jodie Foster. Il ne faut pas oublier une histoire bien pensée (scénario signé Paul Schrader, bien meilleur à l'écriture qu'à la réalisation) et une musique parfaite signée Bernard Hermann.
Scorses dépeint ici une Amérique qui n'est pas aussi belle que l'on ne le croit. Racailles en tous genres sont vivent dans une grande ville américaine: prostituées, proxénètes, drogués, voleurs, assassins... Nous voyons cela à travers les yeux de Travis Brickle (Robert DeNiro), ancien combattant au Vietnam, être solitaire et qui ne supporte plus de voir tout cela. Insomniaque, il travaille la nuit et écrit ce qu'il vit dans son journal personnel, le jour. Il sombre petit à petit dans la folie. D'ailleurs, Scorsese s'attarde exclusivement sur ce monde de la nuit. Rares sont les personnes un peu plus convenable. Et pourtant elles déçoivent: ainsi, la femme dont DeNiro tombe amoureux ne le comprends pas. Certes, ce dernier manque de tact. L'autre est, bien sûr, le sénateur. Il représente au départ une sorte d'espoir pour Brickle lorsqu'il lui explique ce qui ne va pas. Mais plus il sombre dans la solitude, moins il croit en ce personnage. Ainsi, lors d'un discours du futur possible candidat à la présidence, auquel la fille dont DeNiro aime, participe, il lui traverse l'idée de tuer l'une de ces deux personnes. En voyant que ce qui représente la haute-société, ce qui peut être associer à ce qui est chic ne s'occupe pas des problèmes, Brickle va faire la justice lui-même. Il le fera au travers une personne, une jeune fille de quatorze ans, prostituée et droguée par son proxénète. Il lui donnera de l'argent pour plus tard, lui écrit une lettre expliquant qu'il mourra. Il y arrive dès lors une scène finale impressionnante: tout d'abord à la fin du combat, lorsque Brickle met les doigts sur la tempe et feint le suicide. Une nouvelle vie va dès lors commencer pour le taximan. La jeune femme en profitera, après que Brickle soit devenu un héros, pour renouer le contact. DeNiro offrira juste la course à la demoiselle... Scorsese signe donc un film pessimiste, sombre. Il montre que l'Amérique n'est pas faite que de buildings magnifiques, d'une ville vivante où se côtoyent businessmen, banquiers, etc. L'Amérique, ce n'est pas cela. Scorsese dépeint ainsi l'Amérique de ceux qui sont laissés sur le côté.
On peut dès lors parler du génie de l'interprétation de DeNiro. Il prouve toute sa classe, tout son talent une nouvelle fois dans ce film (mon acteur préféré sans conteste car le plus talentueux à mes yeux!). Rien que la scène du fameux "Are you talkin' to me?" vaut la peine d'être vécue. Incroyable réellement! La chair de poule en la voyant... Et puis la scène avec les doigts sur la tempe! Excellente aussi. On découvre Jodie Foster, qui démontre que l'on a bien fait de croire en elle. Et dans un second rôles également réussi: Harvey Keitel. Mais devais-je l'ajouter?
Avec cette seconde vision (et oui, seulement), je trouve justement que le film manque un peu de puissance par instants et peut-être d'un manque de rythmes par instants. Ca n'en reste pas moins un très bon Scorsese et un très bon film tout court.