Taxi Driver dépeint l'histoire plutôt commune de Travis Bickle, ancien Marine durant la Guerre du Vietnam. Celui-ci, embêté par des troubles d'insomnie va chercher un job de nuit et finir par se dégotter un petit boulot dans une société de taxi de nuit. Il n'a aucune condition, il veut juste échapper à son quotidien maussade, qui consiste à aller regarder des films pornos au cinéma et dormir chez lui. Avec son emploi en poche, il sera affecté aux quartiers chauds de New York et aura enfin une raison de traîner tard la nuit, dans son véhicule à la recherche de client.
À la limite de la xénophobie, il ne peut s'empêcher de penser qu'il faudrait passer un coup de karcher dans certaines zones de la ville, histoire de nettoyer un peu toute cette masse qui gangrène la ville et empêche les honnêtes gens de vivre. Très vite, il tombera amoureux d'une femme qui lui semble parfaite à tout point de vue, mais lorsque finalement celle-ci le laisse tomber, il sombre dans une dangereuse violence et va essayer de faire justice lui-même.
Scorsese aborde ici le thème des anciens militaires qui ont du mal à se réintégrer dans la société, forcément marqués par leurs passé, mais également l'inefficacité relative de la police, les beaux discours des politiciens... De Niro, lui, incarne parfaitement cette forme de vie nébuleuse avançant hagarde dans cette société à laquelle il ne parvient pas à s'adapter.
La réalisation fait la part belle aux espaces confinés, et le taxi, malgré son ouverture sur le monde devient très vite étouffant. De même la musique jazzy aux éternels solos de saxophone se révèle bien vite inquiétante.
Puis très vite arrive cette fin, insupportable de violence psychologique, mais bien sûr physique, très sanglante dans laquelle la rage et les idéaux de Travis éclatent dans tous les sens, puis ce fantasme d'un monde nouveau et refait, illusion parmi les illusions, pour plonger un peu plus le spectateur dans l'inconfort.