Taxi Téhéran par FrankyFockers

Jafar Panahi est iranien. Et cinéaste. Il a fait de la prison pour avoir fait des films. Aujourd'hui il est dehors, mais ne peut pas quitter son pays, et n'a plus le droit de faire des films. Alors il les fait clandestinement, et il les envoie à l'étranger. Son nouveau film, d'obédience kiarosamienne, se déroule intégralement dans un taxi au devant duquel il a installé deux petites caméras. Il roule dans Téhéran, et les personnages du film sont ceux qui vont monter chacun leur tour dans le taxi. Panahi ne triche pas avec le spectateur : d'emblée nous comprenons que son film est une fiction et que les personnages sont bel et bien des acteurs, même si plusieurs d'entre eux jouent leur propre rôle (et si le cinéaste n'est bien évidemment pas chauffeur de taxi, c'est lui qui conduit le film). D'emblée aussi, nous comprenons que malgré le dispositif identique, Taxi Téhéran ne doit pas grand chose aux "films de voiture" de Kiarostami. Ici, le ton est résolument léger, on se surprend même à sourire, voire à se marrer, alors que le fond est pourtant très lourd, très grave. En gros, c'est une belle radioscopie de la disparition des libertés - sous différentes formes - dont souffrent les Iraniens à cause de leur régime politique et religieux. Petit à petit, ils n'ont plus droit à rien. Tout comme Panahi n'a plus le droit de filmer. Mais en rusant un peu, en embarquant une dv dans un taxi, il est toujours possible de faire des films et de contourner le système.