TELL ME LIES... OR NOT SO MUCH
Il est nécessaire d’effectuer une rapide remise en contexte : TELL ME LIES est adapté en 1968 d’une pièce de théâtre, US datant de 66. La particularité de cette pièce était qu’elle traitait de la guerre du Viêt Nam tout en reposant entièrement sur le travail d’improvisation de sa troupe. Le film reprend ce postulat en allant évidemment beaucoup plus loin en termes d’illustration. Réalisé dans l’urgence, TELL ME LIES se veut une oeuvre destinée à convaincre la jeunesse anglaise de la nécessite de protester en masse contre la guerre, et contester l’engagement de l’armée anglaise dans le conflit.
Formellement, TELL ME LIES est donc très intéressant pour son mélange de styles. Il adopte une forme hybride, entre documentaire (ou mockumentary, comme le laisse supposer les talents d’improvisateurs de la RSC), comédie musicale, et théâtre. Dans le fond par contre, le film est malheureusement plus difficile à appréhender.
Il est clair que Peter Brook et la troupe de la Royal Shakespeare Company cherchent à provoquer l’engagement en faveur de la cause contestataire ;
Le problème est qu’ils partent d’un argument trop léger pour motiver la prise de position. « Des gens meurent la-bas » ; les points de départ et de chute sont ainsi la photo (horrible) d’une petite fille brulée au napalm.
Finalement, l’émotion procurée par la vision de cette photo est le seul argument valable et développé par les auteurs du film…
Selon moi, le conflit du Vietnam – avec ou sans recul, ne devrait pas être réduit aux exactions des États-Unis.
Quid des exactions du clan opposé ? Des intérêts recherchés et défendus par chaque parti ? Les conséquences et avantages du conflit ? à échelle locale ? nationale ? Internationale ? L’impact politique de cette guerre sur l’Angleterre, l’europe, les U.S.A. ? Puis également sur le vietnam lui-même, les pays alentours du vietnam ? etc.
Beaucoup de ces questions ne sont jamais posées ni même envisagées. Hors, un engagement conscient nécessite une compréhension entière du problème.
Ironie – la question est ironiquement posée lors d’un segment musical : « Que sais-tu du conflit ? »
Cet aspect confus est peut être lié à l’urgence dans laquelle les auteurs ont réalisé le film… En l’état, TELL ME LIES n’apporte pas suffisamment de réponses à cette question. Plus frustrant qu’engageant.
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