"Faites ce que je dis, ne faites pas ce que je fais" Comédie politique et romantique

Un journaliste décide de publier la vérité sur un politicien.


(Merci la télé à la demande et son dossier ‘derniers jours’ qui me fait découvrir ce film totalement au hasard…’ne rien en savoir et voir’ est ma jouissance.)


(info casting!
le maire Provost Gow: Cecil Parker
le reporter Frank Burdon : Rex Harrison
la maraichère « mère » du chien : Sara Allgood
la fille du maire : Vivian Leigh )


Comédie très drôle au contraire de son résumé :
le maire d’une ville ordonne qu’un chien soit tué car sa propriétaire n’a pas payé ses impôts (sa licence à avoir un chien)…comme elle se plaint, sa source de revenu lui est aussi arrachée par la police qui saisit son étale au marché…
ça se passe pas en Tunisie mais en Ecosse dans les années 30.
(mais ça rappelle un peu ce qui est arrivé au début des récentes révolutions égyptienne et tunisienne de 2011où la marchandise d'un jeune vendeur ambulant avait aussi été confisquée par les autorités).


L’arrogant maire qui brigue d’autres mandats s’entiche d’un journaliste.
Au cours d’un interview pour un article du soir (où le maire en réalité dicte le texte), le journaliste assiste à l’intrusion de la propriétaire rendue folle de chagrin par la condamnation de son chien…elle vient plaider sa cause et supplier un délai…le maire suffisant et méchant la renvoie, et se révèle raciste (il la traite, en autres de « racaille gîtane »: le riff raff Irlandais étant les roms pour les Ecossais et Anglais).


Le reporter voit donc l’homme politique lui dire d’un côté qu’il est l’homme du peuple, l’homme des gens de la rue, mais dans le même temps, il passe à la porte une pauvre commerçante suppliante.


Le soir même, le journaliste au lieu de publier l’article élogieux (discours dicté dans le bureau du maire),il décide d’imprimer la vérité.


Un peu comme de nos jours Donald Trump a laissé le journaliste Michael Wolff dans ses bureaux en liberté espérant une ôde au lieu du brûlot Fire&Fury...le maire ne sait pas qu'il a aussi laissé un loup entrer,


il a eu tort de prendre le journaliste pour une dactylo!



J’aime la tête de Rex observant le maire et comprenant la différence entre les mots et le geste, qui lui dicte un panégyrique tout en donnant des coups de trique à la plèbe ...
Il voit ce qu’il n’était pas supposé voir.
Rex-fidèle chien-chien- au stylo à qui le maire lance un os, une interview...mais ça tourne mal
car Rex voit rouge quand il découvre la devise du maire:
"Faites ce que je dis, ne faites pas ce que je fais"
65 après Jésus-Christ, l’ Évangile de saint Matthieu remarquait déjà ceux qui n’appliquent pas leurs conseils donnés à autrui. Ce proverbe populaire va bien au manque de scrupule de notre homme politique dans ce film de 1937.
1937? je suis sur que tout a changé…


Une comédie politique:
…suite à l’article dénonçant l’intransigeance et la violence du maire par rapport à ce qu’il dit, vont suivre des semaines de manifestations et de colère s'étendant à toute la ville, puis à tout le comté, puis à la région et enfin le pays puisque l’info devient nationale.
…le politicard avait pourtant assuré à ses proches que ce n’était qu’un « storm in a tea cup », une broutille...(ça rappelle "puis le pays se soulève malgré la répression, provoquant la fuite de Ben Ali vers l'Arabie saoudite"...).


Film sur le courage, la politique, la justice, le journalisme et les médias:
_J’aime la scène où Trump n’a pas encore lu l’article le dénonçant et personne n’ose lui dire…il monte sur une scène pour faire un discours…il ne comprend pas l’accueil froid…puis au fûr et à mesure que le discours devient de plus en plus culotté et gonflé, la foule commence à aboyer puis pour finir tous en cœur à chanter des chansons sur des chiens…du genre "combien pour ce chien dans la vitrine? wouf wouf"...
J'aime la tête de celui sur l'estrade car n'ayant pas encore lu l'article, il n'a aucune idée du pourqoi de cette hytérie collective de fièvre canine. Sa conscience avait bien sûr déjà oublié la paysanne et son chien condamné à mort
.


_J’aime la scène où l’organisateur de le réunion politique lui conseille de partir par derrière car "la foule est furieuse"…car là, j’ai cru que l’homme politique faisait preuve de courage car il dit qu’il "sortira par devant"…il choisit de fendre la foule pour atteindre sa voiture…
Je dois dire que j’ai été impressionné…comme le suggère d’ailleurs l’œil et regard de Rex Harrison, assez admiratif…
Mais je réalise, comme Rex, que c’est juste du culot et un manque totale de conscience de soi et de son erreur…il est si têtu et convaincu qu’il n’a rien fait de mal qu’il ne voit pas le problème…donc il veut sortir par devant, la tête haute: il est convaincu qu'il n'a rien fait de mal...c'est pire.
Comme encore de nos jours…aucune conscience…pas de scrupules…les ordures dorment sur leur deux oreilles et s’offusquent de la moindre critique car ils la jugent injustifiée…
Demandez à Denis Robert, Ronan Farrow, Elise Lucet, Roberto Saviano.


_Invasion de chiens: J’aime la scène de réunion cocktail où le politicien en campagne pour l’ échelon suivant a convié ses bailleurs de fonds et collègues du parti…pour les rassurer et avoir leur soutien pour sa campagne Parlementaire…mais là, les villageois et le journaliste font envahir la maison par une "armée" de chiens de toutes tailles…des paparazzi en prennent des photos…


Bien avant White Dog et White God, on a à faire à des révolutionnaires canins (et/mais manipulés).


_Le maire obstiné et inconscient qu'il a tort va jusqu'au procès: scènes qui offrent des dialogues d’exception entre le juge ironique et les avocats.


Vivian Leigh, la fille du suffisant Maire a tenté de stopper l'emballement, en vain: « Storm in the tea cup » devient alors « a shit storm hitting the fan » Rex Harrison a compris les médias qui transforment cette micro anecdote locale en scandale national pour faire de l’audience


.Je pense aussi à Alain Duhamel, et bien d'autres, car si au cours de sa séduction du journaliste…et elle marchait…le maire n’avait pas été interrompu au cours de l’interview par la femme le suppliant de l’aider, en vain, le journaliste aurait continué à être très séduit...
Le reporter n’aurait pas découvert le manque d’empathie, de sympathie et la cruauté pompeuse du Trump local.


Et non, Harrison n’a pas eu le rôle dans ce film de chiens qu’à cause de son prénom ! Il est très crédible. Son premier rôle.
...ça reste aussi une belle comédie romantique: le maire voyant sa fille et son ennemi juré, le journaliste vertueux, tomber amoureux.
Vivien Leigh et Rex Harrison sont très beaux (...et lui en tomba amoureux pour de vrai...mais Laurence Olivier avait déjà le cœur de Vivien).


(ps: écrit par James Bridie, je découvre que ce film de 1937...serait adapté d'une pièce Allemande d'un Bruno Frank,"Sturm im Wasserglas"
donc serait une métaphore sur le nazisme, le Maire représentant Hitler)

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