Avec le temps la renommée internationale de Serguei Eisenstein à quasiment éclipsé des mémoires tous les autres réalisateurs soviétiques des années 20. Vsevolod Poudovkine a pourtant eu presque autant d'influence sur le cinéma soviétique que son homologue avec "Octobre".
De prime abord, "Tempête sur l'Asie" s'inscrit dans la lignée des films de propagandes communistes, un nouveau média que le parti privilègiera pour populariser ses idées à travers le pays. Et ce film répond parfaitement à cette attente. En donnant le premier rôle à un personnage mongole, il tente d'unifier les peuplades qui forme la jeune URSS. Et surtout celles des contrées lointaines du plus grand pays du monde (en surface).
Aujourd'hui le scénario nous parait poussif et caricaturale, pour ne pas dire ridicule et même mensonger dans certaines faits mis à l'image dans el film. "Tempête sur l'Asie" se regarde de nos jours comme une expérience analytique d'un cinéma en pleine mutation. Le fond rébarbatif politisé à l'extrême n'a ici plus aucun intérêt et est devenu presque révoltant dans sa tentative de manipulation des masses. Ne reste aujourd'hui au film que sa forme pour sauver ce brûlot anti capitaliste de la honte. Car au-delà du discours propagandiste, il revêt tout de même un aspect documentaire unique sur la vie monastique au Tibet dans les années 20. Un regard bien plus réaliste que la vision fantasmé du pays par Frank Capra encore 10 ans après dans "Horizons perdus".
Mais "Tempête sur l'Asie" c'est aussi une expérience visuelle encore expérimentale dans ses scènes les plus épiques et notamment son finale dans un montage quasi épileptique qui n'a rien à envier au "Cuirassé Potemkine".