Gulîstan est un film de guerre, mais ne vous attendez pas à voir du sang ou de la violence. Après s’être rendue sur le terrain, Zaynê Akyol a découvert une autre facette de la guerre, celle qu’on ne voit pas au cinéma, celle où l’attente est plus importante que l’attaque. En souhaitant sortir de ce schéma et évoquer plutôt que montrer, la cinéaste a humanisé la guérilla. En effet, cette histoire est toute personnelle. D’origine kurde et aujourd’hui canadienne, la cinéaste a toujours été avertie sur le sujet kurde. Bouleversée par l’histoire d’une proche, elle a souhaité se rendre au cœur des montages du Kurdistan pour faire le portrait de ces femmes qui luttent contre Daesh. Suite à son premier repérage en 2014 où la guerre a éclaté, il lui a été impossible de retrouver ces femmes mortes au combat. Elle est alors affectée dans un camp d’entraînement, où des soldats ont accepté de jouer cette histoire. Le film se concentre sur un groupe de femmes qui forment le YPJ, une organisation féminine au sein du PKK. Le PKK est considéré en Europe et aux Etats-Unis comme une organisation terroriste. Pourtant leur objectif est bien de protéger la population kurde des attaques qui viennent de partout. Gulîstan, terre de roses met en scène ces femmes qui présentent, comparent, chérissent et donnent un prénom à leur arme. Au sein du PKK, les femmes sont au même degré d’égalité que les hommes vis-à-vis de la guerre. Organisation féministe, les soldats expriment en effet le besoin de se politiser afin d’être éduqués et de s’affirmer plutôt que de se condamner à l’esclavagisme en se mariant. Daesh est une organisation qu’on ne présente désastreusement plus. Outre ce que l’on entend déjà, les femmes sont violées, battues et considérées comme des butins de guerre. Si bien que 40 femmes ont préféré se jeter d’une falaise plutôt que d’être prises par Daesh. On pourrait longtemps parler de ce film, car le sujet est unique et on remercie vivement Zaynê Akyol de nous avoir présenté cette œuvre.