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Terror Firmer fête cette année ses vingt deux ans et le film demeure rétrospectivement l'une des toutes dernière "grosse" production Troma. Un film en forme d'immense festin d'adieu gargantuesque qui...
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le 4 janv. 2022
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Terror Firmer fête cette année ses vingt deux ans et le film demeure rétrospectivement l'une des toutes dernière "grosse" production Troma. Un film en forme d'immense festin d'adieu gargantuesque qui relate le tournage chaotique et bordélique d'une production indépendante horrifique à petit budget dans une évidente mise en abîmes du travail du célèbre studio fondé par Lloyd Kaufman et Michael Hertz. Terror Firmer et un bon gros portnawak ultra trash et irrévérencieux qui se regarde avec le recul comme un ultime baroud d'honneur du cinéma authentiquement artisanal et très mal poli entre Ed Wood et John Waters, un cinéma qui dans cette forme de folie et de provocation me semble avoir presque disparu de TOUS les écrans.
Terror Firmer c'est donc l'histoire d'un tournage foutraque par un réalisateur aveugle associé à une improbable faune de techniciens d'une série Z horrifique. Nous sommes donc plongé dans les coulisses d'un nouveau Toxic Avenger tandis qu'une mystérieuse tueuse ravage les alentours et les membres de l'équipe technique.
Terror Firmer est un film excessif, hystérique, trash, vulgaire, épuisant, mal élevé, provocateur, débile, gore, vomitif et hilarant. Toute la faune Troma se retrouve réunie autour du projet et à l'écran et l'équipe technique du film est composée d'une hallucinante galerie d'allumés, de freaks et de marginaux comprenant travestis, nains, pétomane, obèses, bimbos à fortes poitrine, débiles profonds, homme vache, homme à tête de poisson, script avec des oreilles d'elfe, abruti recouvert de pinces à linge, punk crétinoïde, ventriloque obsédé, handicapés, folle tordue, lesbiennes et j'en oublie sûrement. C'est Lloyd Kaufman lui même qui incarne ce réalisateur aveugle toujours associé à sa fille fille muette au regard de débile et ayant une foi indéfectible dans le cinéma indépendant libre avec son cri de ralliement "Let's make some art". Le tournage est forcément un monstrueux bordel et le père spirituel de Troma s'amuse énormément des problèmes techniques, des faux raccords, des ambiances cataclysmique de tournage, des effets spéciaux bricolés avec des melons à perruque mais il célèbre également une sorte d'énergie anarchisante de faire des films avec la plus incroyable des libertés , celle de faire n'importe quoi. Le film qui mine de rien est tout de même co-écrit par James Gunn (Les Gardiens de la Galaxie - The Suicide Squad) et Douglas Buck (Family Portraits) est avant toute chose un énorme foutoir comme un immense bouquet d'artifices en hommage au studio dont les fusées auraient étés minutieusement placées dans une bassine pleine de tripes ou une cuvette de chiotte. Même si en sous texte le film se moque des sitcoms, du cinéma grand public, qu'il tacle gentiment Penny Marshall, Titanic, le vidéos clubs Blockbusters ou la pseudo cinéphilie des américains, Terror Firmer ne porte peut être pas d'autres message en lui qu'un vibrant plaidoyer à la folie d'un cinéma givré et libre.
Le film tout entier est traversé d'une folie furieuse, d'une hystérie parfois épuisante et d'une énergie destroy complétement punk. Fatalement Terror Firmer reste un film à ne pas mettre devant tout les yeux sous peine de devoir ramasser quelques globes oculaires échappés de leur orbites face à l'affront permanent au bon goût. Pour apprécier Terror Firmer Il faudra donc supporter l'idée de se retrouver dans un tambour de machine à laver sur position essorage avec une lessive qui pique les yeux, des slips sales et une faune grimaçante qui ne cesse de vous hurler des conneries dans les oreilles. Terror Firmer est film qui est aussi extrêmement trash, vulgaire et politiquement incorrect se moquant absolument de tout le monde et se vautrant avec délectation dans les pires gags possibles. Attention, ça trash vraiment et Terror Firmer se moque des vieux, des handicapés, des bimbos idiotes, des français, des obèses, des flics, des transsexuelles, des noirs, des homosexuelles ou de la famille traditionnelle le tout relevé de quelques épices douces avec des gags tournant autour du viol, de l'inceste ou de la pédophilie. Si Terror Firmer et par extension Troma se moque de tout le monde c'est peut être que la firme considère que nous sommes tous des monstres et que la meilleure des choses à faire c'est d'en rire ensemble. Les estomacs fragiles peuvent aussi passer leur chemin car le film de Kaufman y va à fond les ballons dans les gags à base de pets, de pipi, de gerbe, de bave, de caca, de tripes, de sang et de gros gore artisanal qui tâche la pellicule et imprime autant la rétine et les narines. Et que ça fait du bien de revoir de bons gros effets gores à base de latex, de faux sang, de tripes et d'ingéniosité avec toute cette consistance viscérale bien cradingue qui fait tellement défaut aux effets numériques actuels. Le film ne fait pas dans la dentelle niveau humour et il est par exemple truffé de bruitage de cartoons et de sons suggestifs et dégueulasses qui accompagne sans discernements des scènes de comédie, des scènes de cul ou des scènes de meurtres. Le film est d'une liberté hallucinante et ce n'est pas certain que vous reverrez de si tôt sur un écran un film combinant avec autant de candeur décadente sexe, gore, provocation, scatologie et trash attitude. Mais le plus important c'est qu'entre deux nausée et deux What The Fuck prononcés à voix haute le film occasionne des sacrées barres de rire comme lorsque la police interroge un à un les débiles de l'équipe technique du film.
Presque film testament sans le savoir Terror Firmer réunit également un sacré casting dans lequel on retrouve quelques personnages emblématiques de l'univers Troma comme le Toxic Avenger, le Sgt Kabukiman, l'homme Vache et l'homme Dauphin mais aussi de nombreux invités habitués du studio comme l'ex star du X Ron Jérémy, le rocker Lemmy Kilmister, la scream queen Debbie Ronchon ou Elie Roth. On retrouve aussi trois frenchies avec Ariel Wizman qui se fait arracher une jambe pour drague lourde, mais aussi Edouard Baer et le moins connu Joseph Malerba (Braquo - 13 Tzameti) qui se feront copieusement gerber dessus par la tueuse du film. On pourrait encore ajouter Trey Parker et Matt Stone qui nous alerte sur le drame des hermaphrodites dans une séquence post générique qui est lui même truffé de gags et annotations.
Revoir Terror Firmer en 2022 c'est aussi mesurer tout ce que le cinéma horrifique indépendant et la série Z aura perdu de folie et de liberté depuis que Troma a quasiment disparu. Et dire que aujourd'hui certains croient que célébrer la série Z c'est se palucher sur des films de requins numériques débiles tournés au kilomètre avec un abject cynisme mercantile encore plus puant qu'un énième Marvel. Quand on aura terminé de se marrer , essuyé ses yeux qui saignent et fait disparaître cette arrière goût de vomi au fond de la gorge il restera une profonde amertume mélancolique d'un cinéma quasiment disparu et dont Terror Firmer est peut être la dernière éjaculation faciale de plaisir incontrôlé.
Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes 2022 : Films vus et/ou revus et Les meilleurs films d'horreur des années 1990
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le 4 janv. 2022
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