Tetsuo: The Bullet Man a toujours eu mauvaise presse chez les fans de Tsukamoto mais pour lui rendre un peu justice il conviendrait peut-être de s’interroger sur les raisons et les moyens de long-métrage.


The Bullet Man est avant tout un projet né sur les cendres de celui de Flying Tetsuo, une collaboration avec Tarantino qui tournait autour de la réinvention du mythe dans un contexte contemporain et américain. Loin des remakes américano-centristes pensés comme des cash-machines, ce ressort anglo-saxon devait plutôt nous offrir des clefs supplémentaires pour appréhender le reste de la série (en la dégageant notamment du poids de Tokyo, la ville-personnage omniprésente).
Cette collaboration fut avortée et l’on rangea nos mouchoirs tandis que Tsukamoto reprenait le concept depuis le début.


Et nous voici désormais devant ce troisième opus qui multiplie les similitudes et les différences avec les deux autres en d’incessants voyages.
Si l’on peut toujours reconnaitre la capitale nippone, peut-être faut-il plutôt voir dans cette grande ville où l’on parle désormais anglais (tant bien que mal) un avatar de la metropolis cyberpunk.
Là où le premier métrage nous présentait à l’image son incroyable noir & blanc charbonneux, où le second impressionnait par d’audacieux filtres de couleurs horizontaux sur pellicule, on est désormais face à du DV glacial. Pourtant il y a toujours ce rapport d’agression avec le spectateur via les tressautements incessants de la caméra, ses passages épileptiques et ses plans virant quelque fois à l’abstraction.
Enfin la musique assène toujours les rythmiques industrielles de Ishikawa mais celles-ci viennent à se mêler aux nappes digitales de son pendant américain Trent Reznor. Un choix d’autant plus marquant qu’il convient de souligner que les VHS du 1er Tetsuo furent longtemps trouvables au Japon que dans les magasins de disques.


Alors certes, si l’on est loin de la claque visuelle des deux premiers opus, on ne peut que reconnaitre que Tsukamoto a sût prendre des risques pour nous permettre d’explorer avec lui les forces et les faiblesses de cette nouvelle variation du contexte.

KaosKult
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le 24 janv. 2017

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